PRÉSIDENTIELLE 2022. Jean-Luc Mélenchon détaille, dans une interview à Batiactu, un programme présidentiel déjà très étoffé, y compris pour les secteurs de la construction et du cadre de vie.


En vue de l'élection présidentielle de 2022, la rédaction de Batiactu a sollicité l'ensemble des candidats pour connaître leurs propositions à destination des secteurs de la construction, du cadre de vie et de l'énergie. Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France Insoumise, a accepté de nous répondre. Il nous détaille les mesures de son programme concernant la relance de la construction, l'accélération de la rénovation énergétique, sa vision de la cohésion des territoires et de l'implication des collectivités locales. Il évoque également son plan pour les infrastructures de mobilité et leur modernisation, leur financement, et revient sur ses propositions en matière de mix énergétique.

 

Rénovation énergétique, infrastructures, énergie, pénibilité : retrouvez ci-dessous et dans les pages suivantes, par thématique, l'entretien avec Jean-Luc Mélenchon.

 

 

"Libérer la construction de l'emprise des banques"

 


Batiactu : Comment relancer la production de logement, notamment social ? Comment inciter les maires à se joindre à l'effort, après la suppression de la taxe d'habitation ?

 

J-L. M. : Face à l'ampleur de la crise du logement, l'État doit organiser la mobilisation collective. Cela suppose d'abord de sa part un effort budgétaire massif. Nous fixons l'objectif de produire 200.000 nouveaux logements réellement sociaux (PLUS et PLAI) par an aux normes écologiques les plus ambitieuses, en augmentant les aides à la pierre. Cela représente un investissement de 15 milliards de l'État sur le mandat. Nous construirons également 15.000 logements étudiants par an, avec 3 milliards d'euros sur le quinquennat, ainsi que 20.000 logements en pension de famille par an. Cet effort financier important, ainsi que le rétablissement des moyens supprimés au bailleur, permettront aux bailleurs et communes de s'inscrire dans ce grand chantier d'intérêt national. Les préfets travailleront avec les communes et les bailleurs à la déclinaison par territoire de ce plan. Parallèlement, nous veillerons à l'application stricte de l'article 50 de la loi SRU et porteront l'objectif de 25 à 30% de logements sociaux en zone tendue.

 

Envisagez-vous de simplifier les règles et normes qui régissent le secteur de la construction, et si oui de quelle manière ? Êtes-vous favorable à un moratoire sur les nouvelles règles dans le BTP ?

 

J-L. M. : La première des responsabilités de tous les intervenants d'un chantier de construction est de le mener à bien sans désordre. Simplifier les règles ou normes ne réduira pas la complexité de la réalité des chantiers. De même, un moratoire sur de nouvelles règles serait dramatique et ne ferait qu'empêcher l'innovation. Il est important que des règles utiles et reconnues efficaces soient maintenues et que le secteur travaille à leur amélioration. Puisque les projets de construction sont tous financés par des crédits octroyés par des banques, celles-ci imposent que les constructions soient assurées en conséquence. Les assureurs imposent donc que seules des techniques jugées courantes soient mises en œuvre pour limiter leur risque. Libérer la construction de cette emprise des banques et des assurances permettra de développer et démocratiser les techniques d'écoconstruction : bois massif, terre crue, paille et fibres végétales. De même, il faut mener les normes vers une obligation de résultats et non de moyens car cela responsabilise les artisans et favorise leur engagement et la passation des techniques et savoir-faire. Il faut également libérer les processus de normalisation des lobbys qui empêchent la normalisation des biosourcés.

 

La loi Climat et résilience a fixé le Zéro artificialisation nette comme principe à l'horizon 2050. Etes-vous pour ou contre ce principe et celui de la réduction par deux du rythme d'artificialisation dans les dix prochaines années ?

 

J-L. M. : La "règle verte" est un principe central de notre programme, l'Avenir en commun. Elle impose de ne pas prélever ou produire davantage que ce que notre planète peut elle-même régénérer ou absorber. Elle commande de retrouver raison dans nos gestes urbains. Pour cela, notre politique sera celle de la zéro artificialisation nette, de la revalorisation des centres-villes et de la rénovation des villes en utilisant au mieux l'existant.

 

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