ENERGIE. Au lendemain des arbitrages décisifs rendus sur la réglementation environnementale 2020, les réactions affluent. Tour d'horizon, alors que les simulations devant mener à la fixation des seuils en énergie et en carbone ont été lancées.

C'est le 14 janvier que les pouvoirs publics ont révélé les deux arbitrages décisifs qu'ils ont effectué au sujet de la future réglementation environnementale 2020 (RE2020) : faire baisser le coefficient d'énergie primaire de l'électricité (Cep) de 2,58 à 2,3, et fixer le contenu carbone du chauffage électrique à 79g/kWh. Des annonces qui ont fait l'objet de réactions, publiées sur Batiactu, de Thierry Rieser, gérant du bureau d'études Enertech, de l'association Équilibre des énergies, mais aussi de l'Association française du gaz et l'Union française de l'électricité (UFE).

 

Ce 15 janvier, d'autres organismes ont tenu à prendre position sur ces nouvelles règles du jeu étatiques.

 

Du côté de l'Association française des pompes à chaleur (Afpac), on approuve cette décision, en demandant à ce que "la baisse des consommations et l'encouragement à la consommation d'énergie décarbonée dans les bâtiments neufs, soient accompagnés d'une obligation de consommer de la chaleur renouvelable", d'après un communiqué de presse. L'organisation en appelle au déploiement des solutions thermodynamiques "dans le logement collectif neuf". L'Afpac s'engage à répondre aux attentes étatiques dans un respect des contraintes économiques des maîtres d'ouvrage.

 

Coefficient de conversion : la méthode de la Commission européenne "conduit à une valeur de 2,8"

 

Le son de cloche est forcément différent du côté de Coénove, qui réunit les acteurs de la filière gaz. Ils s'entendent avec les objectifs fixés par l'État : diminuer l'impact carbone, poursuivre l'amélioration de la performance énergétique, introduire un objectif de confort en été. Mais regrettent une méthode qui va "favoriser davantage le recours à l'électricité au sein du bâtiment", d'après un communiqué de presse diffusé le 15 janvier. Pour le président de l'organisation, Bernard Aulagne, les arbitrages évoqués ci-dessus tordent le cou à la réalité physique des choses. En ce qui concerne le coefficient d'énergie primaire de l'électricité, la fixation à 2,3 oublie "que le facteur de conversion n'est pas le fruit d'une discussion de marchand de tapis". "C'est [aussi] oublier également que la Commission européenne a retenu récemment une méthode de calcul qui fait référence (utilisée dans la directive Efficacité énergétique) et qui, appliquée au mix électrique français 2020, conduit à une valeur de 2,8 !", assurent les auteurs du communiqué de presse. Quant au contenu carbone, Coénove évoque un "tour de passe-passe", avec l'utilisation d'une méthode "que contestent tous les experts indépendants" ayant la particularité de "minimiser le contenu carbone de l'électricité utilisée pour le chauffage alors même que la réponse aux besoins en hiver passe par des moyens de production carbonée mais également des importations au contenu carbone très supérieur à l'arbitrage retenu".

 

 

L'organisation en appelle ainsi à revoir ces éléments de manière à arriver à un mix énergétique, qui pourrait notamment s'appuyer sur son étude présentée il y a quelques mois, en vue de la stratégie nationale bas carbone 2050. Sur un plan plus politique, l'association, au même titre que l'ingénieur Thierry Rieser, fait le lien entre le fait de favoriser l'électricité nucléaire (et non pas renouvelable) pour justifier la construction éventuelle de plusieurs EPR.

 

Le convecteur électrique, système "le moins performant du marché"

 

Enfin, l'association Energie et avenir ne mâche pas non plus ses mots : les arbitrages évoqués déboucheront sur une "électrification massive du parc de logements", selon un communiqué de presse, notamment par le recours à l'effet Joule. "Séduisant du fait de son faible coût d'investissement, le convecteur électrique est pourtant le système de chauffage le moins performant du marché malgré certains efforts en matière de confort", assure l'organisation. Dans le neuf, de tels équipements constitueraient "un passe-droit à la surconsommation", et dans l'existant dans bâtiments classés F et G, qualifiés de passoires thermiques et chauffés à l'électrique, "se verront attribuer une meilleure étiquette énergie sans pour autant avoir fait le moindre effort, ni sur les performances de leurs systèmes de chauffage, ni sur la qualité de leurs bâtis".

 

En matière de contenu carbone de l'électricité, l'association s'étonne de voir effectuée cette modification "alors que rien sur le fond n'a été modifié concernant la production d'électricité".

 

Une nouvelle phase de concertation sera ouverte par les pouvoirs publics, avec les professionnels, d'ici quelques mois lorsque les simulations auront été effectuées.

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