VIDEO. Prendre le vent marin de façon optimale et le transformer en énergie est un défi que tente de relever l'éolienne flottante Nénuphar. Véritable bijou d'ingénierie présenté à François Hollande, elle a reçu un prix de l'innovation lors du concours French Tech à la COP21. Zoom.

La technologie de l'éolien flottant est en plein essor. Aux côtés de Winflo et Ideol Oceagen, deux initiatives industrielles françaises, une autre société est en train d'éclore : Nénuphar. Créée en 2006, la start up a développé une machine à axe vertical dont un premier prototype, d'une puissance de 35 kW a été installé à terre, en 2011, à Ferques (Pas-de-Calais). Cette première éolienne de 6 mètres de haut permet de valider le concept.

 

Trois ans plus tard, grâce au soutien financier de plusieurs investisseurs dont Areva, la BPI ou IDInvest Partners, la société parvient à monter un second prototype, de 600 kW, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Cette fois, les dimensions sont tout autres : 40 mètres de haut pour 50 mètres de diamètre. Il s'agit tout simplement de la plus grande éolienne à axe vertical du monde. Installée à terre, elle est instrumentée afin de générer un important retour d'expérience. Au mois de juin 2015, le profil des pales, initialement inclinées et en vrille, est remplacée par des pales droites et verticales. La société explique : "Ces pales sont plus légères et plus simples à fabriquer, ce qui permet de réduire considérablement les coûts de l'éolienne et donc le prix de l'énergie".

 

Une petite merveille de technologie

 

Mais les développements ne s'arrêtent pas là : en mars 2016, une nouvelle architecture sera testée sur la machine. Les trois pales droites ne seront plus que deux. "Cette architecture s'est révélée plus avantageuse pour une application offshore puisqu'elle permet, entre autres, de mettre les pales en position drapeau, position qui limite l'effort exercé par le vent sur l'éolienne et protège ainsi la machine en cas de vent extrême, sans avoir à sur-dimensionner le flotteur", annonce Nénuphar. L'évolution permettra également de faire varier le "pitch", le calage variable des pales. De quoi optimiser la production énergétique et réduire encore la prise au vent lors des tempêtes.

 

Car le but ultime est de déployer ce type de machine en mer, sur des flotteurs ancrés au large, là où les fonds sont trop importants pour installer des éoliennes offshore à axe horizontal. L'entreprise estime que la technologie reposant sur l'axe vertical surpasse les performances des machines classiques. Non seulement la prise au vent dans toutes les directions est plus simple, contrairement à une turbine horizontale qui doit s'orienter face à lui, mais en plus l'éolienne Nénuphar est moins sensible à la gîte, donc moins susceptible de se renverser.

 

Un avenir plein de promesses

 

Poussant le concept encore plus loin, les ingénieurs de la start up française - qui emploie désormais près de 50 personnes - imaginent un concept où deux éoliennes contrarotatives (qui tournent en sens inverse) sont couplées sur un seul flotteur. Nommé "Twinfloat", il développera plus de 5 MW de puissance. Le doublement de la surface d'air balayée et la création d'un flux forcé entre les deux axes, permettraient d'augmenter largement le rendement de conversion (ou coefficient de puissance). Ce dernier, qui s'élève à 43-35 % pour les machines classiques, dépasse les 50 % sur les éoliennes à axe vertical et pourrait atteindre les 65 % sur "Twinfloat". De plus, ces machines flottantes permettent de densifier les fermes, en installant plus de turbines sur une même superficie, car leur sillage dans l'atmosphère est moins perturbant que celui des éoliennes classiques.

 

La prochaine étape consistera à déployer une machine en mer, pour pouvoir proposer commercialement les Twinfloat à l'horizon de 2021. Rappelons que la France a déjà identifié quatre zones propices au développement de l'éolien flottant, trois en Méditerranée et une en Bretagne. Un appel à projet a été lancé au mois d'août 2015 ; il sera clos le 4 avril prochain. Selon les professionnels de la filière, la France pourrait disposer de 6 GW d'éolien flottant à la fin de la prochaine décennie. Un long chemin reste à parcourir.

 

 

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