DÉCHETS. Des déblais d'une carrière de LafargeHolcim en Ile-de-France pourraient se révéler dangereux et polluer potentiellement les nappes phréatiques de la zone dans laquelle ils sont stockés. Pour ne pas prendre de risque, ils vont être déplacés.

Environ 240.000 tonnes : c'est le poids de déblais potentiellement polluants du chantier de prolongement de la ligne E du RER qui doivent être déplacés. Actuellement stockés dans un village de banlieue parisienne, dans les Yvelines, ils seront évacués d'ici le début de l'année 2022, a appris l'AFP d'une source officielle. Chargé de gérer les 240.000 tonnes de déblais, le géant LafargeHolcim a remarqué la présence de pyrite au-delà des normes autorisées. Ce minéral peut être très polluant lorsqu'il est au contact de l'air. Le journal Le Parisien a pu confirmer cette information auprès de la Direction régionale et interdépartementale de l'environnement, de l'aménagement et des transports (Drieat).

 

 

Depuis 2019, une zone de stockage située à Saint-Martin-la-Garenne, près de Mantes-la-Jolie, accueille ces terres de chantier, censées être inertes. Le groupe LafargeHolcim exploite la carrière où des travaux sont menés pour creuser sous terre le prolongement de ligne E à l'ouest de la capitale. L'entreprise achemine ensuite les déchets des travaux du tunnelier du projet Eole jusqu'à Nanterre, puis Mantes-la-Jolie. "Nos services ont été contactés par Lafarge en début d'année 2021 après le constat d'une coloration rouge, caractéristique de la présence d'oxydation, sur les déchets", a raconté la Drieat à l'AFP. Ces déblais contiennent de la pyrite, une pierre "qui peut s'oxyder en présence d'eau et d'oxygène, ce qui créé notamment des sulfates, des oxydes de fer de couleur rouge, et de l'acide sulfurique". La pyrite n'est pas un déchet inerte, c'est-à-dire qui ne produit aucune réaction chimique. Au sein de la carrière, sa présence peut polluer les nappes phréatiques et représenter un danger pour l'alimentation en eau potable du secteur.

 

Débats autour de ces projets franciliens

 

 

"Les résultats des analyses et études commandées aussitôt auprès d'organismes indépendants confirment clairement l'absence de risques à court terme pour l'environnement", a assuré Lafarge, contacté par l'AFP. De son côté, un arrêt a été pris en avril par la préfecture des Yvelines, qui a finalement imposé le 3 août dernier le retrait sous six mois de ces déblais. Les déchets ont déjà commencé à être évacués depuis octobre vers un site spécialisé de Seine-Maritime pour y être rendus inertes, selon le cimentier. "Cette évacuation sera achevée avant la fin de l'année", a indiqué Lafarge. "SNCF Réseau s'interroge maintenant sur la chaîne de responsabilité alors que ces mêmes terres sont actuellement déposées sur plusieurs autres sites exploités par des concurrents de Lafarge-Holcim, sites sur lesquels cette situation n'a pas été constatée", a-t-elle fait savoir dans un communiqué.

 

Ce n'est pas la première fois que l'excavation et le traitement des déchets des différents projets liés au Grand Paris fait des émules dans la région. De nombreuses associations environnementales et d'habitants dénoncent depuis des mois les risques de pollution, bien que le tri des déblais soit encadré.

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