ÉCONOMIE. Dans son portrait des auto-entrepreneurs pour l'année 2018, l'Insee constate que 420.000 créateurs d'entreprises ont choisi ce régime tous secteurs d'activité confondus, soit 61% du total des créations. Avec 72%, le secteur de la construction dispose pour sa part d'un des taux de démarrage économique les plus élevés, bénéficiant d'un bond de 13 points par rapport à 2014.

La construction est l'un des secteurs d'activité les plus porteurs sur le plan économique pour les micro-entrepreneurs. C'est ce qui ressort de l'étude annuelle de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) sur l'auto-entrepreneuriat pour le premier semestre de l'année 2018 (collecte et analyse des données oblige) : il y a deux ans, 420.000 créateurs d'entreprises ont donc choisi le régime du micro-entrepreneuriat, ce qui représente 61% du total des créations réalisées cette année-là. Et parmi ces nouveaux chefs d'entreprises, 60% d'entre eux ont déclaré un chiffre d'affaires au cours de leur premier exercice comptable, ce qui veut concrètement dire qu'ils ont pu démarrer une activité économique. Une proportion identique à celle déjà observée en 2014, mais avec des "taux de démarrage économique" qui varient toutefois selon les secteurs. Avec l'industrie (76%), la santé et l'action sociale (75%), le bâtiment et les travaux publics affichent un taux de 72%, leur permettant de figurer sur le podium. A l'inverse, les activités immobilières ne disposent que d'un taux de 47%.

 

 

Par rapport au bilan réalisé par l'Insee en 2014, le taux de démarrage économique constaté dans le BTP a tout de même bondi de 13 points en 2018. Une belle progression qui atteste d'un certain dynamisme du secteur, permettant à ses entreprises d'engranger rapidement un chiffre d'affaires. La construction se distingue en outre par le fait que 74% de ses micro-entrepreneurs ayant démarré leur activité en 2018 en ont fait leur activité principale (57% tous secteurs confondus, en hausse de 3 points en comparaison à 2014). Au moment de leur immatriculation au premier semestre 2018, 38% des micro-entrepreneurs étaient en fait des salariés du secteur privé, et 26% des chômeurs. Les créateurs sans activité professionnelle, bien qu'en baisse par rapport à 2014, représentaient encore 12% en 2018 (contre 15% auparavant). Quant aux fonctionnaires, leur part était de 7% en 2014 puis de 5% en 2018. L'Insee a également noté que la part d'étudiants et de scolaires a doublé sur ce laps de temps, passant de 6% à 13%.

 

Plus de jeunes, plus diplômés... mais toujours très peu de femmes dans le BTP

 

Un constat qui a fort logiquement entraîné un rajeunissement des micro-entrepreneurs : 36% d'entre eux avaient moins de 30 ans en 2018, contre 30% en 2014. Le taux de démarrage économique lors de l'année de l'immatriculation est cependant plus faible pour les moins de 30 ans (51%) que pour les plus de 50 ans (69%). De même, les nouveaux chefs d'entreprises sont davantage diplômés : 45% d'entre eux ont décroché un diplôme de l'enseignement supérieur en 2018, contre 41% en 2014. Si bien que les diplômés dits du troisième cycle du supérieur (niveau doctorat) pèsent désormais pour 16% des nouveaux dirigeants de sociétés. Dans le même temps, la proportion des micro-entrepreneurs ayant un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat diminue, passant de 38% en 2014 à 31% en 2018.

 

Les femmes ont néanmoins toujours du mal à s'imposer dans un secteur du BTP encore très masculin : elles sont quasiment absentes des immatriculations dans la construction (2%), alors que leur part dans les immatriculations globales tous secteurs confondus s'élevait à 37% en 2018, un chiffre stable par rapport à 2014. S'agissant des raisons ayant poussé les micro-entrepreneurs à se lancer dans l'aventure, l'Insee relève que la volonté de créer leur propre emploi a motivé 46% d'entre eux en 2018, soit une hausse de 8 points depuis 2014. Parmi eux, 76% font d'ailleurs de leur entreprise leur activité principale. Les statistiques de l'étude indiquent par ailleurs que 4 micro-entrepreneurs sur 10 souhaitent créer leur propre structure, moins de 2 sur 10 désirent tester un projet d'entreprise et moins de 1 sur 10 cherche à "régulariser une activité non-déclarée".

 

Un investissement initial toujours très faible

 

En pratique, environ un tiers des créateurs conservent une activité rémunérée s'ajoutant à leur propre entreprise, que ce soit à temps complet (21%) ou à temps partiel (12%) - le total était de 37% en 2014 et de 40% en 2010. De plus, 51% de ceux ayant une activité rémunérée à temps plein débutent effectivement leur activité de micro-entrepreneur, contre 63% pour ceux qui n'en ont pas. On observe aussi que les nouveaux chefs d'entreprises dont l'activité de micro-entrepreneur n'est pas celle de leur profession principale sont maintenant majoritaires : en 2018, 57% avaient en effet un métier différent de leur activité d'auto-entrepreneur au moment de leur immatriculation, contre 51% en 2014 et 49% en 2010.

 

En revanche, sur le plan financier, les choses restent plus compliquées : il y a deux ans, 48% des micro-entrepreneurs n'avaient pas mobilisé de moyens financiers pour lancer leur activité, et seulement 22% avaient investi moins de 1.000 €. "Le faible recours aux moyens financiers est une constante de ce régime depuis sa création : en 2014, 50% n'avaient rien investi", analyse l'Insee. En réalité, les nouveaux entrepreneurs en activité principale engagent de plus grosses sommes que ceux en activité complémentaire : parmi les premiers, 18% ont investi au minimum 4.000 €, contre seulement 7% parmi les seconds.

 

Important recours à l'Accre

 

Dans ces conditions, les entrepreneurs souhaitant se lancer dans l'aventure se tournent de plus en plus vers les aides mises à leur disposition. Ainsi, en 2018, 47% d'entre eux ont profité d'au moins un dispositif d'aide, un chiffre en hausse par rapport à 2014 (36%). Parmi ces dispositifs, l'Aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d'entreprises (Accre) est celui qui est le plus souvent perçu (45%), affichant un grand écart avec l'Aide à la reprise ou à la création d'entreprise (Arce, 7%). Sur le terrain, il s'avère que 67% des auto-entrepreneurs bénéficiant d'une aide démarrent bel et bien une activité économique avant la fin de l'année en cours, contre 53% pour ceux n'en touchant aucune. Autre fait notable : 43% des dirigeants percevaient des minima sociaux ou des allocations au moment de créer leur société. Dans le détail, 5% d'entre eux touchaient la prime d'activité, 10% au moins percevaient un minimum social (le Revenu de solidarité active dans la plupart des cas) et 31% une allocation chômage.

 

En 2018, 35% des nouveaux micro-entrepreneurs ont également monté leurs projets seuls, pendant que 43% recevaient le soutien de leur entourage personnel "en matière de conseil, d'information ou de soutien logistique", et que 24% étaient appuyés par une structure dédiée à la création d'entreprise. "Un quart des nouveaux micro-entrepreneurs (24%) ont reçu une formation particulière pour la création de leur entreprise, soit deux fois plus que les créateurs de 2014 et de 2010", souligne l'étude. "Cette hausse est portée par les artisans, dont certains avaient l'obligation de suivre un stage de préparation à l'installation en 2018."

 

 

Les particuliers constituent la clientèle la plus importante en termes de chiffre d'affaires

 

Niveau clients, les particuliers constituent la clientèle la plus importante en termes de chiffre d'affaires pour 59% des auto-entrepreneurs. Pour le reste, 32% s'adressent plutôt aux entreprises, 6% aux administrations, organisations publiques ou parapubliques, et 3% à leurs anciens employeurs. Pour 18% des chefs d'entreprises, leur chiffre d'affaires dépend même pour l'essentiel d'un seul et unique client. On retiendra pour terminer que 16% des nouveaux dirigeants ayant lancé une activité travaillent par le biais d'une plate-forme numérique de mise en relation, ce qui, dans les trois quarts des cas, représente leur principale source de chiffre d'affaires. Une situation qui est malgré tout très peu imputable au secteur de la construction, où seulement 5% des micro-entrepreneurs passent par ce genre de structure intermédiaire, qui, dans la moitié des cas (2,5%), ne représente même pas leur source principale de chiffre d'affaires.

 

Plus largement, 86% des entrepreneurs ayant débuté leur activité en 2018 sont tout de même passés par Internet, contre 70% en 2014. "L'usage des courriels (71% des micro-entrepreneurs), la recherche et l'échange d'informations (69%) et le règlement des formalités administratives (64%) sont les activités les plus réalisées en ligne", explique l'Insee. "Le passage de commandes et l'envoi de devis sont moins répandus (48%), comme la recherche de marchés (30%)", ajoute l'étude, qui note au passage que l'ensemble des pratiques est quand même en progression en comparaison à 2014. Toujours en 2018, 43% des dirigeants ont également utilisé les réseaux sociaux pour leur activité, contre 31% en 2014. "Les trois quarts d'entre eux ont un blog et/ou un compte sur un ou plusieurs réseaux sociaux", peut-on encore lire dans l'étude. "28% des nouveaux micro-entrepreneurs ont un site Internet dédié à leur activité, contre 26% en 2014."

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