RÉCOMPENSE. Le Congrès des architectes de l'Unsfa, qui s'est tenu à Rennes, fin octobre, a été l'occasion, pour l'Ecca, qui promeut le métal prélaqué, de décerner son deuxième prix annuel, à un architecte qui a revêtu une maison individuelle de ce matériau.

Pour Christophe Périn, président d'Ecca France, c'est une "formidable occasion d'être visibles". Son association, branche hexagonale de l'European Coil-Coating Association, rassemble les douze acteurs principaux de ce matériau, le métal prélaqué (acier ou aluminium) et promeut son utilisation dans la conception des bâtiments. Elle propose des sessions de formation dans les écoles d'architecture, et s'est lancée en 2019, dans un Prix, après avoir pris un stand, l'année précédente, au Congrès de l'Unsfa.

 

Fort du succès de ce concours, qui a provoqué une dizaine de candidatures la première année, et satisfaite de la visibilité offerte par ce canal, l'association a réitéré au Congrès des architectes suivant, celui d'octobre dernier.

 

 

Qu'est-ce que le métal prélaqué ?

 

Cette technologie est basée sur l'idée qu'il est plus facile de prélaquer une surface plane que de post-laquer (par trempage ou pulvérisation) une forme irrégulière, explique l'Ecca. Le produit final est d'un niveau de qualité élevé et constant. Il est vanté notamment pour ses propriétés de "formabilité, de durabilité et de résistance aux agents chimiques, à la corrosion et au vieillissement".

 

Un produit prélaqué se compose d'une tôle support, d'un traitement de surface, d'une couche de peinture dite primaire et d'une couche de finition. Dans certains cas, des films PET ou PVC peuvent être appliqués par colaminage. Selon les caractéristiques recherchées, le revêtement pourra être monocouche ou multicouche. La peinture est généralement déposée sur les deux faces de la tôle.

 

Le métal prélaqué, acier ou aluminium, "offre un large territoire d'expressions en permettant de jouer avec des couleurs dans une palette quasi illimitée, de sélectionner des aspects contemporains, de réaliser des perforations qui autorisent toute forme d'expression, de combiner lames et cassettes aux dimensions variées pour apporter diversité et rythme".

 

Une maison individuelle récompensée

 

Après Dominique Cico de l'Atelier Cité Architecture, lauréat du prix 2019 pour la reconversion de la friche BSL à Billy-Sur-Aisne (02), c'est l'Atelier d'architecture David Huet, basé à Rennes, qui a remporté le prix 2021. Le jury, composé d'experts représentants les partenaires institutionnels, de professionnels du secteur de la construction, de journalistes et de membres de l'Ecca, a été unanime, précise Christophe Périn, pour récompenser "la réflexion approfondie" de l'architecte sur le projet. Il salue "un projet moderne, une maison très cubique, qui a eu des détracteurs et des admirateurs. Les bardages couleur aluminium, le calepinage de formes différentes, les jeux de volumes, mais aussi une réflexion autour de l'occupation des lieux, sur les jeux de lumière… Il nous a donné envie d'aller la voir".

 

D'une manière générale, les candidatures de cette édition sont jugées "très qualitatives et diverses", avec notamment une rénovation de tours d'habitation par l'extérieur, une réhabilitation de friche, "et, cette année trois projets de maisons individuelles, ce qui n'est pas courant dans notre filière", et qui a visiblement marqué le jury. Un prix spécial a par ailleurs été attribué au Cabinet Marc Nicolas Architecture pour la conception d'un groupe scolaire à Guignen, en Bretagne.

 

Adopter les contraintes pour en faire un projet original

 

Située à Rennes en zone inondable à proximité du quai Saint- Cast, la maison s'inscrit dans un ensemble de constructions hétérogène où deux échelles cohabitent, explique l'architecte. Un front de maisons individuelles qui n'excèdent pas deux étages fait face à des immeubles dont les attiques culminent quatre étages plus haut. Une rehausse nécessaire du niveau d'habitation à 1.30 mètre au-dessus du niveau de la chaussée imposée par le PPRI (plan de prévention des risques d'inondation) ; une surface d'implantation autorisée limitée à 40% de la superficie foncière des 215m² ; une géométrie de parcelle lamellaire et anguleuse qui s'étire depuis la rue d'est en ouest ; un alignement sur rue imposé et un gabarit autorisé permettant une hauteur de construction de 14 mètres : toutes ces contraintes et caractéristiques "n'ont pas découragé les maîtres d'ouvrage à engager la réalisation de leur projet de maison familiale".

 

Au contraire, ces difficultés ont nourri un projet qui tire sa particularité d'une acceptation assumée des contraintes du site. La maison se répartit sur cinq niveaux. Le premier niveau légèrement encaissé est dédié au stationnement. Le deuxième, niveau de l'entrée, surélevé à 1.30 mètre est occupé par l'espace commun. Les étages 2 et 3 sont respectivement attribués aux enfants et aux parents. Un dernier niveau aménageable sert de grenier.

 

La vêture alterne lisse et cannelé, pour capter les variations du reflet

 

La volumétrie verticale sur rue se nuance suivant deux alignements. Au premier plan, un volume saillant prolonge le pignon nord de la maison et se raccorde à l'alignement et à l'altimétrie de sa voisine mitoyenne tout en abritant le perron surélevé de l'entrée. Au second plan, la façade s'élève jusqu'à atteindre la hauteur maximale fixée par le PLU et se prolonge par un versant de toiture qui épouse les limites du gabarit autorisé. A l'est côté jardin, la déclinaison de volumes cubiques étire le pignon nord et permet, grâce au retrait d'alignement latéral, une double orientation sud et est des façades. L'aménagement du jardin prolonge cette déclinaison graduelle de plans successifs en s'appuyant sur la géométrie de ses limites.

 

La maison est édifiée suivant un mode constructif mixte. L'escalier et le perron de l'entrée, les soubassements et le premier niveau sont maçonnés et servent d'assise à une structure à ossature en bois. La vêture en métal thermolaqué gris métallisé, lisse et à cannelure, alterne afin de capter les variations de reflet, d'ombre et de lumière, et "tendre ainsi vers le plus d'immatérialité", explique David Huet.

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