Considérer l'habitation dans son rapport avec la nature, voilà à peu près l'adage de Maurice Sauzet. Cet architecte s'inspire de la philosophie japonaise pour créer des maisons originales et ouvertes sur l'extérieur, à l'image de son propre habitat. Découverte.

Après une formation à l'école spéciale d'architecture de Paris, dont il ressort avec le prix de l'académie en 1957, Maurice Sauzet s'envole pour le Japon. Là-bas, il découvre l'architecture zen bouddhiste aux côtés de Junzo Sakakura Nishisawa, un disciple de Le Corbusier. A son retour en France, au début des années 70, Maurice Sauzet décide de construire sa propre maison en s'inspirant du modernisme occidental et de la tradition japonaise. Un nouveau type d'architecture qui donnera le ton à l'ensemble de ses réalisations.

La maison comme parcours

Depuis la construction de sa maison, il y a plus de 40 ans, Maurice Sauzet a élaboré près de 150 habitations. Mais déjà, à l'époque, les grandes lignes de son architecture étaient visibles : « Aidé par le géographe Augustin Berque, auteur de 'Vivre l'espace au Japon', j'ai élaboré le concept d'une 'contre-architecture' ou 'architecture naturelle'. Cette appellation un peu provocante vise en fait à recentrer mes priorités concernant l'habitation. Mettant au second plan la façade et les proportions, je fais la part belle à la relation entre l'homme et l'espace, notamment avec la notion de parcours ».

 

Dès sa sortie de voiture, le propriétaire est comme « pris en charge » et invité à la flânerie : « Chacune de mes habitations regroupe une série de sentiers qui mènent de l'extérieur vers l'intérieur, à l'image d'un parcours. Celui-ci débute dans l'abri qui sert de garage et se poursuit dans les différentes pièces et le long des patios installés. Tous ces chemins aboutissent à un point d'orgue qui se manifeste par la découverte du jardin central ».

Le rapport dehors-dedans

L'architecte cherche par tous les moyens à atténuer la séparation entre le dedans et le dehors : « Les fenêtres ne sont plus calibrées en fonction de la façade de l'habitat. Elles sont supplantées par de grandes baies vitrées qui invitent le jardin à l'intérieur de la maison et créent ainsi un espace pénétré de nature. A l'inverse, certaines parties de la toiture s'avancent pour couvrir à demi les espaces verts situés à l'extérieur ».

 

La régularité des ouvertures extérieures n'étant plus de mise, d'autres artifices doivent être utilisés pour recouvrer une certaine harmonie dans la façade. Dans le jardin de Maurice Sauzet, les arbres ont par exemple été retaillés à la façon des bonsaïs pour créer une seule et même ligne de fuite vers l'horizon. Cette « recherche de la maîtrise des vues » peut aller jusqu'à la création de « murs écrans extérieurs » composés de pierre, de bois, de claustra ou de ciment… une dernière technique qui est en fait un pas de plus vers cette architecture émotionnelle et naturelle que souhaite Maurice Sauzet.

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Les arbres

Les arbres
Les arbres © sauzet-gouzy
Maison de Maurice Sauzet
L'implantation des arbres sur ce terrain situé dans le Var a été gardé telle quelle. Tous ont pourtant été taillés à la façon des bonsaïs pour maintenir la vue lointaine sur la mer et donner à ces formes une continuité semblable à un vallonnement.

Parcours d'entrée

Parcours d'entrée
Parcours d'entrée © Sauzet-gouzy
Maison de Maurice Sauzet
Ce couloir de verdure est morcelé. Il se resserre peu à peu tandis que l'ombre se renforce sous le toit jusqu'à aboutir à l'intérieur de la maison. Et là : surprise ! Le visiteur découvre un espace très grand grâce aux baies vitrées et à la vue de la falaise.

La cuisine

La cuisine
La cuisine © Sauzet-Gouzy
Maison de Maurice Sauzet
La cuisine américaine est orientée vers le jardin qui glisse jusqu'à la mer. La pièce domine la vue panoramique.

Les patios

Les patios
Les patios © Sauzet-Gouzy
Maison de Maurice Sauzet
Outre le grand jardin, des patios intérieurs sont dispersés un peu partout dans la maison. Ils ne servent pas à être traversés, mais creusent des puits de lumière qui éclairent l'intérieur. Un éclairage naturel qui varie au fil des saisons.

La nature

La nature
La nature © Sauzet-Gouzy
La priorité est donnée à la nature qui a sa place dans et autour de la maison comme pour ne créer qu'un seul et même ensemble. Même la pièce où se gare la voiture n'est pas un garage fermé, mais un abri ouvert.

La chambre

La chambre
La chambre © Sauzet-Gouzy
Pour améliorer la qualité de cette relation intérieur-extérieur, Maurice Sauzet part de l'élément principal de chaque pièce : « Pour confectionner la chambre, je travaille à partir de l'emplacement du lit. Cet objet étant fixe, il est, selon moi, la base pour réaliser la percée dans le mur et établir le meilleur point de vue sur le jardin ».

Philosophie

Philosophie
Philosophie © Sauzet-Gouzy
La contre-architecture ou architecture naturelle vise en fait à recentrer les priorités concernant l'habitation. Mettant au second plan la façade et les proportions, elle fait la part belle à la relation entre l'homme et l'espace, notamment avec la notion de parcours.

 

Le dehors dedans

Le dehors dedans
Le dehors dedans © Sauzet-Gouzy
Les fenêtres ne sont plus calibrées en fonction de la façade de l'habitat. Elles sont supplantées par de grandes baies vitrées qui invitent le jardin à l'intérieur de la maison et créent ainsi un espace pénétré de nature.

Une relation

Une relation
Une relation
Selon Maurice Sauzet, l'essentiel ne se situe pas dans les proportions ou dans la quête de l'objet parfait, mais bien plus dans la relation créée avec l'objet. Au Japon, certaines portes sont délibérément trop petites ou trop étroites pour obliger le passant à se pencher et créent ainsi un rapport entre la construction et l'homme.

Maison

Maison
Maison © Sauzet-Gouzy
La maison de Maurice Sauzet n'a pas été conceptualisée, mais davantage faite au coup par coup, au travers de l'intuition et du ressenti qu'il cherchait à recréer comme au Japon.