Après la polémique en France sur le logement social ranimée par les trois incendies meurtriers de Paris, on constate que plusieurs pays en Europe sont également confrontés aux difficultés à loger correctement leurs immigrés.

«Un accident meurtrier comme ceux qui se sont produits à Paris pourrait très bien arriver à Lisbonne étant donné le nombre d'immeubles insalubres», relève José Falcao, fondateur de SOS Racisme au Portugal. Dans ce pays, de nombreux immigrés vivent dans des bidonvilles comme à Carcavelos, dans les environs de Lisbonne. Un incendie s'était déclaré il y a cinq ans dans un bâtiment occupé par des immigrés à Lisbonne, sans faire de victimes.

En Allemagne, le feu a en revanche tué à Berlin neuf personnes, dont quatre enfants, originaires notamment de Pologne et du Kosovo, dans un incendie d'origine accidentelle survenu le 9 août. Selon les pompiers, le sinistre n'aurait sans doute pas fait de victimes si les occupants avaient compris l'allemand et obéi aux consignes de sécurité. Contrairement à ce qui s'est passé à Paris, l'état de l'immeuble n'a pas été mis en cause. «Il n'y a pas d'occupation illégale d'immeubles à Berlin», a affirmé Günter Piening, chargé de l'intégration et de l'immigration au gouvernement régional de la ville-Etat de Berlin. Selon lui, "les contrôles en matière de droit à la construction sont plus stricts en Allemagne qu'en France".

La Belgique a pris une série de mesures après la mort de 7 personnes dans l'incendie criminel, en février 2003, d'un immeuble de logements sociaux à Mons où vivaient des étrangers. La région bruxelloise a récemment financé l'achat et l'installation de plus de 80.000 détecteurs de fumée dans l'ensemble des logements sociaux de la capitale. Des programmes de construction ou de réhabilitation de logements sociaux ont par ailleurs été lancés, notamment à Bruxelles. Mais 19% des logements sociaux de la capitale belge restent toutefois non conformes en matière de salubrité et de sécurité, indiquait mercredi le journal La Libre Belgique. Le problème du logement des immigrés est aussi récurent en Italie. Entre 6.000 et 8.000 personnes vivent ainsi dans des conditions d'extrême pauvreté dans les baraquements disséminés près de Milan (nord), selon une association.

En Angleterre. Londres et d'autres villes britanniques abritent des squats, généralement dans les quartiers populaires, où se réfugient notamment des clandestins. Mais les autorités locales ont l'obligation d'offrir des logements sociaux aux sans domicile fixe, et donc aux squatters. La législation est favorable aux squatters, permettant notamment de prendre possession d'un bien squatté depuis 12 ans. Une femme a ainsi pu obtenir en 1999 le titre de propriété d'une maison de 200.000 livres à Brixton (sud de Londres) qu'elle squattait depuis 12 ans.

Aux Pays-Bas, la ministre de l'immigration Rita Verdonk a ordonné de mettre à la porte des logements municipaux tous les demandeurs d'asile déboutés. Mais plusieurs municipalités ont refusé d'appliquer cette directive. En République tchèque, un incendie d'origine accidentelle a fait quatre morts en mars 2004 dans un foyer d'hébergement de la deuxième ville du pays, Brno, habité principalement par des travailleurs étrangers, surtout slovaques et ukrainiens.

En Espagne, les plans de logements sociaux sont quasi-inexistants. Il n'y a pas non plus de phénomène de squats occupés par des immigrés. «Certaines ONG gèrent des appartements d'accueil pour des personnes en situation d'extrême vulnérabilité et pour des séjours provisoires, mais aucun n'est insalubre et il n'y a pas d'antécédents d'incendies», relève Estrella Perez, coordinatrice de l'ONG Cear (Commission espagnole d'aide aux réfugiés).

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