Seulement 4 % des jeunes sont attirés par le secteur du BTP, pointe une étude dévoilée ce mercredi 11 mars par Prism'emploi. En outre, 80 % d'entre eux se déclarent pessimistes vis-à-vis de la "situation de l'emploi en France", 17 % affichent toutefois leur optimisme. Explications.

D'après l'enquête d'opinion* publiée, mercredi 11 mars, par OpinionWay pour le compte de Prism'emploi, seuls 4 % des jeunes interrogés sont attirés par le secteur du BTP contre 58 % par les services et 17 % par le commerce. "Outre, la difficulté au BTP d'attirer les jeunes, l'intérim peine fortement dans le domaine de la construction, nous explique François Roux, délégué général de Prism'emploi. L'emploi intérimaire dans ce secteur a baissé, en effet, de 17 % au mois de janvier 2015, alors que la situation globale se redresse (+1,2%), après le décrochage de -4,1 % en décembre 2014. Sans le BTP, on n'aurait pas une telle baisse de l'intérim en France."

 

 

Avant de rappeler les principales raisons : "On l'explique notamment dans les TP par un désengagement de l'Etat, par la baisse des dotations et par le dernier cycle des élections municipales alors que dans le bâtiment, les entreprises se détournent globalement de l'emploi intérimaire au profit des travailleurs détachés."

Les jeunes massivement pessimistes

A retenir également de cette étude : 80% des jeunes Français sont pessimistes vis-à-vis de la "situation de l'emploi en France" alors que 17 % seulement affichent leur optimisme. "C'est un paradoxe car les jeunes restent, en revanche, relativement optimistes pour leur propre avenir, commente François Roux. En effet, 62% des étudiants jugent positivement la situation du secteur auquel ils se destinent." "Et sans surprise, les jeunes demandeurs d'emploi sont nettement moins confiants, avec 9 % d'optimistes", commente l'étude, sans compter que six jeunes sur dix n'excluent, par ailleurs, pas de "quitter la France pour un emploi".

 

Et si "réussir sa vie professionnelle" est un "objectif essentiel" pour 86% des jeunes, le travail reste avant tout "un moyen de gagner de l'argent" pour 72% d'entre eux et un moyen pour s'épanouir (28%).

"Le CDI, une forme de graal"

"Ces éléments démontrent que les jeunes ne rejettent par la valeur travail, commente Olivier Galland, sociologue au CNRS, spécialiste des questions de jeunesse. Cela montre également que ce n'est ni une aliénation ni une contrainte. D'ailleurs, les jeunes sont prêts à accepter une précarité pendant une certaine période en attendant un statut protecteur et l'obtention du CDI, une forme de graal."

 

L'occupation professionnelle se révèle pourtant à leurs yeux moins importante que leur vie de famille, priorité numéro un pour 41% d'entre eux. Autre donnée, pour 38% des jeunes en emploi, l'ambiance est la clef du bonheur au travail, loin devant la rémunération, essentielle pour 20% des interrogés seulement. Pour 23% des jeunes chômeurs, au contraire, le salaire est le critère le plus important, devant la sécurité de l'emploi, 18%.

 

De plus, une courte majorité de jeunes aspire à la stabilité: 55% pensent exercer le même métier jusqu'à la retraite et 51% aimeraient travailler dans la même entreprise toute leur vie.

 

Le CDI intérimaire peine à décoller chez les jeunes

Enfin, 64 % des jeunes interrogés estiment que "l'intérim est un moyen bénéfique pour construire son parcours professionnel", alors que 66 % d'entre eux n'ont jamais entendu parler du CDI intérimaire, dernier dispositif qui fête son année d'existence. "Ce contrat peine à décoller, on est juste au-dessus du millier de contrats signés alors qu'on s'est fixé comme objectif d'embaucher 20.000 CDI en trois ans, confie le délégué général de Prism'emploi. En plus d'être mal perçu par les jeunes, ce statut a une obligation de répéter le délai de carence (Ndlr: respect de la période entre deux contrats)."

 

Méthodologie
*Une étude réalisée en ligne du 5 au 13 février auprès d'un échantillon de 1.025 personnes, représentatif de la population des jeunes français âgés de moins de 25 ans.

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