Une expérimentation pilote de vingt mois sur un chantier francilien souhaite démontrer que la technologie RFID peut être une des solutions contre les vols de chantier. En effet, malgré des tentatives, aucun vol n'a été à déplorer sur cette opération. Explications avec Didier Brosse, président de l'Union de maçonnerie-gros oeuvre de la FFB.

La Fédération française du bâtiment a mené une opération pilote sur un chantier de 47 logements sociaux à Bondy (Seine-saint-Denis), dans le cadre du dispositif "Ras le vol" mis en place en 2008. Le chantier était équipé d'un système utilisant la technologie RFID (Radio Frequency Identification). Après 20 mois d'expérimentation, le résultat se révèle probant : aucun vol n'a été à déplorer, même si plusieurs tentatives d'intrusion ont eu lieu. L'expérience a été réitérée depuis sur d'autres chantiers, la RFID semble avoir fait ses preuves.

 

"Il s'agit d'une centrale reliée à des capteurs appelés 'tags', fixés à des endroits de passage stratégiques et qui permettent de détecter les mouvements. Elle était associée à une caméra, qui se déclenchait lorsque les capteurs étaient en alerte, et surtout permettait de donner l'alerte aux services de police", nous explique Didier Brosse, président de l'Union maçonnerie-gros œuvre (UMGO) de la FFB. Et de préciser que ce système nécessite une formation et de la pédagogie du personnel sur le chantier. Outre la performance du système, c'est l'implication des acteurs - entreprises, maître d'ouvrage, services de police - qui aura permis la réussite de l'opération, souligne Didier Brosse. "Tous ont joué le jeu, une condition indispensable pour que ça marche", ajoute-t-il.

Un coût de 1 milliard d'euros

Les vols sur chantier restent un véritable fléau, la FFB estimant, en 2008, à un milliard d'euros le coût direct. Malheureusement, il semble que le phénomène n'ait pas perdu de son ampleur. Si le responsable de l'UMGO-FFB n'a pas de statistiques récentes, il est persuadé que des vols sont perpétrés chaque jour sur les chantiers, la très large majorité d'entre eux n'étant même pas déclarés. Au-delà du coût engendré, les vols ralentissent les chantiers, voire les arrêtent, entraînant des dépassements de délais, des pertes d'exploitation et même des mises en danger des salariés.

 

Quant au type d'éléments volés sur les chantiers, il n'y a pas de règle. "Cela peut être des équipements, des matériaux et matériels, comme des huisseries, des chaudières, des câbles, des tableaux électriques", souligne Didier Brosse. Rien ne les arrête, donc ! Et n'allez pas croire que certaines zones géographiques sont plus touchées que d'autres. Là encore, toutes les régions peuvent être touchées, et celles qu'on pourrait croire sensibles ne le sont pas forcément, insiste-t-il. "L'expérience menée à Bondy reflète ce qui peut se passer dans toutes les grandes agglomérations, en zone rurale, les problématiques sont différentes", estime-t-il. En effet, l'intervention des services de police sont beaucoup plus rapides en ville qu'à la campagne.

Moins cher que du gardiennage

Enfin, concernant les avantages d'un tel système, Didier Brosse loue sa grande fiabilité. "Il n'y a pas eu d'alerte intempestive", reconnaît-il. Si le dispositif a un certain coût - on peut le louer ou l'acheter - il reste moins élevé qu'une surveillance humaine. "Un gardien, cela revient à environ 8.000 € par mois. A Bondy, le système installé a coûté 6.000 € HT", déclare le président de l'UMGO-FFB. Une pratique que la Fédération aimerait voir se généraliser dès lors qu'un chantier est identifié comme "sensible".

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