Alors que l'acquisition en cours du fabricant de matériaux de construction Imerys Structure par la briqueterie coopérative Bouyer Leroux devait être finalisée au plus tard en mai 2013, l'Autorité de la concurrence exige d'approfondir l'examen de la cession en raison de "risques d'atteinte à la concurrence". Explications et réactions.

"L'opération envisagée pose des problèmes de concurrence et nécessite l'ouverture d'une phase d'examen approfondi*", a indiqué l'Autorité de la concurrence dans un communiqué daté du mardi 23 avril, à propos du projet de cession par Imerys Structure de son activité spécialisée dans les matériaux de construction en terre cuite,(Ndlr : briques de murs et de cloisons, accessoires).

 

D'après l'Autorité de la concurrence, Bouyer Leroux, fabricant de briques, implanté à La Séguinière (Maine-et-Loire), "disposerait à l'issue de l'opération d'un quasi-monopole sur la fabrication de briques de cloison dans le grand ouest de la France et d'une position très importante sur la fabrication de briques de mur en Aquitaine".

 

"Atteinte à la concurrence"
Ainsi, les engagements pris par la société coopérative "ne suffisent pas à lever les risques d'atteinte à la concurrence identifiés à ce stade de la procédure", a-t-elle avertit. Au cours de cette nouvelle phase d'examen, l'Autorité procédera à une consultation élargie des acteurs du marché, précise-t-elle dans le communiqué. "L'Autorité s'attachera notamment à déterminer si les fortes positions de Bouyer Leroux et d'Imerys Structure portent atteinte à la concurrence compte tenu du fonctionnement actuel des marchés concernés, ajoute-telle. L'Autorité procédera également, si cela s'avère nécessaire, à la consultation des acteurs du marché sur les remèdes qu'il conviendrait d'apporter à d'éventuelles atteintes à la concurrence."

 

Pour rappel : le 13 décembre dernier, Imerys avait confirmé l'existence d'une offre ferme de Bouyer Leroux pour reprendre Imerys Structure. La vente devait se faire d'ici à cet été. Toutefois, le groupe n'avait pas précisé à cette période le montant de cette offre, mais avait indiqué qu'elle représentait une valeur d'entreprise proche d'une année de chiffre d'affaires des activités acquises. Au final, cette offre de rachat atteint, aujourd'hui, 90 millions d'euros -dont deux tiers en autofinancement-, soit l'équivalent de son chiffre d'affaire.

 

Un avis "capital" attendu désormais dans 65 jours
Pour la société coopérative participative (Scop) Bouyer Leroux, dirigée par Roland Besnard, cet "avis de l'Autorité de la concurrence est capital pour l'avenir du rachat. Si Bouyer-Leroux, 370 salariés devient propriétaire d'Imerys Structure, 400 salariés, la Scop jusqu'alors présent d'Arcachon à Thionville, s'offrira sept sites industriels : à La Boissière-du-Doré (Loire-Atlantique), Vihiers (Maine-et-Loire), et surtout à Bordeaux, Toulouse et dans la vallée du Rhône", nous précise également Christine Guittonneau, directrice Développements Clients de Bouyer Leroux.

 

Et de nous confier : "Avec ce rachat, Imerys Structure deviendrait Bouyer Leroux Structure, tandis que Bouyer Leroux prendrait le leadership de la brique en terre cuite en France, avec près de 50 % de parts de marché."

 

*Les textes de l'Autorité de la concurrence prévoient que cet examen s'effectue en principe dans un délai de 65 jours ouvrés à compter de l'ouverture de la phase 2, ce délai pouvant être allongé si nécessaire, par exemple pour mener à bien la finalisation d'engagements ou pour tenir compte de la survenance d'un fait nouveau.

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