Même si elles ont été jugées suffisamment sûres et qu'aucun arrêt n'a été demandé, les installations nucléaires civiles françaises vont devoir « augmenter leur robustesse face à des situations extrêmes », au-delà des marges de sécurité déjà en place, et ce, « dans les meilleurs délais », estime l'ASN. La facture pourrait atteindre 10 milliards d'euros pour EDF.

L'Agence de Sûreté du Nucléaire a rendu son rapport sur les évaluations complémentaires de sûreté menées suite à l'accident de Fukushima (Japon). Il considère que les installations examinées « présentent un niveau de sûreté suffisant » pour ne demander l'arrêt immédiat d'aucune d'elles, pas même de la plus vieille centrale nucléaire française, celle de Fessenheim (Haut-Rhin) en activité depuis plus de trente ans. Cependant, le rapport précise également que la poursuite de l'exploitation de ces installations « nécessite d'augmenter, dans les meilleurs délais, au-delà des marges de sécurité dont elles disposent déjà, leur robustesse face à des situations extrêmes ».

 

L'ASN va donc imposer aux exploitants un ensemble de dispositions et renforcer ses exigences dans la prévention des risques naturels (séismes, inondations), dans la prévention des risques liés aux activités industrielles, dans la surveillance des sous-traitants et dans le traitement des non-conformités. L'agence impose par exemple la mise en place d'un noyau dur de dispositions (matérielles et organisationnelles) afin de maîtriser les fonctions fondamentales de sûreté pour toutes les installations. Le contenu et les spécifications propres à chaque installation seront à présenter à l'ASN avant le 30 juin 2012.

 

Des mesures qui ont un coût : 10 Mrds €
De même, l'ASN demande la mise en place progressive à partir de 2012 d'une « Force d'Action Rapide Nucléaire », déjà proposée par EDF. Il s'agit d'un dispositif national d'urgence, regroupant quelques centaines de spécialistes capables d'intervenir sur tout le territoire en moins de 24 heures grâce à des matériels adaptés. Leur but sera de prévenir un accident grave ou d'en freiner la progression, voire de limiter les rejets massifs. La haute autorité déclare qu'elle restera attentive « au renouvellement des effectifs et des compétences des exploitants ».

 

L'agence impose également la mise en place de dispositions renforcées afin de réduire les risques de « dénoyage » (exposition à l'air) du combustible dans les piscines d'entreposage. Parallèlement, il sera demandé de réaliser des études de faisabilité de dispositifs de protection des eaux souterraines et superficielles en cas d'accident grave dans les centrales ou dans le centre de retraitement du combustible de La Hague (Manche). En France, 150 installations ont été concernées par les examens approfondis de sûreté, y compris les installations de recherche. Près de 80 de ces structures ont été jugées prioritaires dont les 58 réacteurs exploités par EDF et le réacteur EPR en cours de construction à Flamanville (Manche).

 

Toutes les mesures exigées par l'ASN auront un coût : interrogé par l'AFP, Jean-Marc Miraucourt, directeur de l'ingénierie du parc nucléaire d'EDF, estime que l'entreprise « devrait rester dans une fourchette de 40 à 50 Mrds € » pour continuer à exploiter les 58 réacteurs jusqu'à 60 ans, soit 10 Mrds € de plus que les 40 Mrds € initialement prévus.

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