TRANSPORTS. Depuis plus d'une trentaine d'années, le projet de contournement de Beynac est au coeur des débats en Dordogne. Ce mercredi 10 décembre, la cour administrative de Bordeaux a donné raison aux défenseurs du patrimoine en annulant la construction de la rocade, pourtant déjà entamée.

Ce mercredi 10 décembre 2019, le cour administrative de Bordeaux a annulé un arrêté de 2018 autorisant les travaux de construction de la rocade contournant l'un des plus beaux villages de France, Beynac (Dordogne). Vieux de plus 30 ans, ce projet "ne répond pas à une raison impérative d'intérêt public majeur", selon la Cour, qui a demandé "d'engager le processus de démolition des éléments déjà construits dans un délai d'un mois et de procéder à l'ensemble des opérations de démolition et à la remise en état des lieux dans un délai global de 12 mois", rapporte l'AFP.

 

Au cœur du débat, deux argumentaires s'opposent : d'un côté, fluidifier et sécuriser le trafic des 10.000 véhicules quotidiens, en haute saison, sur l'axe départemental Bergerac-Sarlat, et ainsi réduire les nuisances sonores et la pollution. De l'autre, préserver un site classé "réserve de biosphère", habitat de plus de 120 espèces dont certaines sont protégées. De plus, ce projet de 32 millions d'euros s'est attiré les foudres des amoureux du patrimoine, dont Stéphane Bern, estimant que cette rocade de 3,2 kilomètres porterait une atteinte visuelle à la vallée jonchée de châteaux.

 

Un pourvoi en cassation sera formé

 

Au final, les juges ont retenu "la réalité des atteintes portées par le projet à un grand nombre d'espèces animales protégées et à leurs habitats et l'amélioration des conditions de circulation apportées en 2017 par les travaux de voirie à Beynac, rendant le contournement moins utile". Interrogé par l'AFP, le président PS du département, Guillaume Peiro a dénoncé la situation totalement ubuesque qu'entraîne cette décision. Selon lui, le démolition du projet, achevé à 60%, ajoute un surcoût de 15 millions d'euros au chantier et porte une nouvelle atteinte à l'environnement. Cependant, la Cour n'ayant pas assorti l'injonction de démolir avec une astreinte financière, le premier coup de pioche n'aura pas lieu tout de suite, de plus l'avocat du département, Me Xavier Heymans, a assuré qu'un pourvoi en cassation devant le Conseil d'État et un sursis pour la démolition sera formé.

 

De leur côté, les opposants saluent "une victoire après 30 ans de combat", a déclaré le président de l'Association de sauvegarde de la vallée de la Dordogne, Philippe d'Eaubonne, qui s'est également indigné que le département n'ait pas attendu la justice pour engager les travaux.

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