Les responsables du tourisme et du commerce britanniques ont laissé éclater leur joie mercredi à l'annonce de l'attribution à Londres de l'organisation de Jeux olympiques de 2012, mais des experts se montrent plus sceptiques sur l'impact économique de l'événement.

Pour Digby Jones, le directeur général de la CBI, la principale confédération patronale du pays, les Jeux vont «rehausser l'image de la Grande-Bretagne à l'étranger, attirer l'investissement à l'intérieur du pays et développer le profit et l'emploi pour tout le monde».

Le président de la Chambre de commerce de Londres, Michael Cassidy, a fait part de «l'extase» des entreprises du pays, dont les deux tiers se disaient favorables à l'organisation des Jeux par la capitale, la moitié (47%) pensant en tirer profit. Mary Reilly, présidente de l'Agence de développement de Londres, a estimé de son côté que les Jeux sont «une occasion incroyable pour Londres et la communauté d'affaires britannique dans son ensemble». La victoire de Londres arrive il est vrai à point nommé, alors que la croissance britannique a sérieusement ralenti depuis l'automne et que le pessimisme commençait à prendre racine.

Des dizaines de milliers d'emplois nouveaux sont ainsi espérés, le chiffre de 300.000 étant avancé, dont une grande partie pour créer le site olympique, à l'est de la ville. La société de prévisions économiques Experian attend 8,6 milliards de livres (13 mds EUR) d'investissements d'ici à 2012, avec un pic en 2009-2010, dont 6,3 mds de livres pour les seuls transports, le reste pour le village olympique et les autres lieux sportifs.

L'entreprise de tourisme Expotel parie quant à elle sur un million de visiteurs supplémentaires en Grande-Bretagne pour les Jeux et sur «une bataille pour les 200.000 lits disponibles à Londres en 2O12». Selon l'organisation touristique VisitBritain, les Jeux pourraient rapporter plus de deux milliards de livres (près de trois milliards d'euros) à l'ensemble du pays, à condition toutefois que s'établisse «un partenariat dynamique entre le gouvernement et les milieux sportifs et touristiques».

Les experts sont toutefois généralement moins enthousiastes. «Les bénéfices économiques ne mériteraient pas la médaille d'or», estime ainsi Paul Dales, du cabinet de recherches Capital Economics, tout en remarquant que les emplois créés «ne seront pas tous des postes permanents à plein temps», certains ne durant «que les trois semaines de compétition». Il s'interroge aussi sur l'étendue des dépenses des touristes, tablant sur 337 millions de livres, soit 0,03% seulement du PIB 2004 du Royaume-Uni. Certains considèrent que Londres a déjà tiré le meilleur parti de sa candidature, l'horizon 2012 ayant servi de catalyseur à un certain nombre de projets, en particulier dans les transports.

D'autres s'inquiètent d'un possible dépassement des coûts. Ainsi, Michael Liebreich, qui avait pris part à l'épreuve olympique du ski de bosses à Albertville en 1992 sous les couleurs britanniques, aujourd'hui reconverti dans la finance, estime que la facture des Jeux atteindra entre 10 et 12 milliards de livres, contre 5 milliards généralement annoncés. Il déplore l'absence de débat sur la répartition de la facture entre Londres et le reste du pays.

A Londres, le budget prévisionnel du comité d'organisation prévoit une hausse de 20 livres (29 euros) par an de la Council Tax, taxe d'habitation qui pèse déjà lourd sur le budget des ménages.

Halifax, le spécialiste du crédit immobilier, pense enfin que les prix de l'immobilier pourraient décoller de 66% à Londres dans les cinq années précédant les Jeux.

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