Les partenaires du projet ITER ont mis fin mardi à des mois de négociations en décidant que le réacteur expérimental de fusion nucléaire sera construit à Cadarache dans le sud de la France.

La déclaration commune stipulant la localisation du réacteur à Cadarache a été signé mardi à Moscou par les six partenaires du projet (Union européenne, Russie, Chine, Japon, Etats-Unis, Corée du Sud).

ITER (International thermonuclear experimental reactor), ambitieux programme de recherche scientifique et stratégique de dix milliards d'euros «est un projet scientifique et technique remarquable, réalisé par l'ensemble de la communauté internationale. Il est temps de lancer sa réalisation pratique», a souligné Alexandre Roumiantsev, chef de l'Agence fédérale russe pour l'Energie atomique, peu avant l'annonce de l'accord.

La réunion a mis fin à des mois de compétition acharnée entre le Japon d'un côté, soutenu par Washington et Séoul, et l'Union européenne de l'autre, soutenue par Moscou et Pékin. Le président français Jacques Chirac s'est immédiatement «félicité» du choix de Cadarache, et a annoncé qu'il se rendrait sur le site jeudi. Tokyo s'était battu bec et ongles jusqu'au dernier moment pour défendre le site de Rokkasho-mura, dans le nord de l'archipel, mais le gouvernement japonais avait finalement laissé entendre la semaine dernière qu'il allait retirer sa candidature. Le porte-parole adjoint du gouvernement nippon, Seiken Sugiura, avait admis que le Japon ne se battait plus pour remporter «100% du projet» et qu'il se contenterait des compensations accordées au «pays non hôte».
Un document entérinant l'accord entre l'UE et le Japon, précisant notamment la répartition des financements et les obligations de chacun, a été signé mardi. Les détails devaient être annoncés plus tard dans la journée. Selon des sources proches du dossier, Tokyo a obtenu un réajustement des financements du projet, par lequel le «pays hôte» devrait assurer 50% du coût de la construction du réacteur (estimé à 4,2 milliards d'euros) contre 10% pour le pays «non hôte». Le Japon disposerait toutefois de 20% du personnel total et d'une part importante des contrats industriels liés à la construction. Enfin, l'UE aurait accepté de financer un programme de recherches qui s'ajoutera à ITER et sera installé sur l'archipel nippon.

Le bras de fer Europe-Japon avait été précédé d'une vive compétition intra-européenne, qui avait opposé l'Espagne et la France avant que Madrid ne retire définitivement sa candidature fin 2003. Depuis, c'était officiellement la Commission européenne qui menait les négociations. Pour la France, et pour Cadarache, l'installation d'ITER devrait être une importante source d'emplois et de débouchés pour les trente prochaines années. Promesse d'obtenir un jour une énergie propre et illimitée pour ses partisans, délire technologique qui va engouffrer des milliards d'euros pour ses adversaires, ITER abritera pendant plusieurs décennies un programme international de recherche sur la fusion nucléaire contrôlée. Les experts n'attendent pas d'application industrielle avant 2080.

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