RENOUVELABLES. Avec le développement des énergies électriques intermittentes comme l'éolien ou le solaire, l'hydroélectricité jouera un important rôle dans le futur mix français. Le Syndicat des énergies renouvelables, qui organisait un colloque sur le sujet ce 11 octobre 2018, fait le point sur ce potentiel.

La Programmation pluriannuelle de l'énergie révisée, pour les périodes 2018-2023 et 2024-2028, devrait être publiée d'ici à la fin du mois d'octobre. Toutes les filières du mix énergétique français s'activent donc pour faire valoir leur intérêt. Mais la situation de l'hydroélectricité est particulière : elle est la plus ancienne et la plus puissante des énergies vertes dans l'Hexagone, avec un parc installé de 25,5 GW. Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), expose : "En France, nous sommes déjà à la quasi-totalité du potentiel. Mais l'hydroélectricité aura un rôle tout particulier à jouer, aux côtés du photovoltaïque et de l'éolien : elle permettra leur intégration au système électrique de ces énergies variables, et apportera des services essentiels".

 

Jean-Charles Galland, le président de la commission Hydroélectricité du SER, renchérit : "Sur le plan de la production électrique, même si le potentiel est déjà développé, il reste à gagner des MW, que ce soit sur des sites vierges ou des sites existants. Mais, en dehors de cette dimension énergétique, l'hydroélectricité jouera le rôle d'intégrateur des EnR variables dans le réseau. En 2030, lorsque l'éolien et le photovoltaïque seront plus présents, se produiront des à-coups lors de périodes sans vent ou de ciel couvert. La capacité de prévision ira en s'améliorant mais une petite erreur sur cette prévision entraînera un gros hiatus". Et c'est là que le potentiel des retenues d'eau - barrages et stations de pompage-turbinage - sera exploité, pour couvrir l'écart existant entre demande et production électriques. A condition que les installations soient modernisées et que les exploitants bénéficient d'une meilleure visibilité sur les mécanismes d'investissement et de rémunération. Jean-Louis Bal s'interroge : "Quelle sera la trajectoire pour le stockage dans les STEP ? Et les moyens mis-en-place ?". Le président du SER espère que seront levées les incertitudes sur ce marché, ainsi que les obstacles réglementaires.

 

Production, stockage, régulation, tourisme… les retenues d'eau savent tout faire

 

 

"Ce qu'on attend le plus, ce sont des dispositions réaffirmant des arbitrages sereins. Ainsi que la nécessité de se projeter dans le mix futur avec beaucoup de renouvelables et un mécanisme de rémunération des services d'équilibrage", reprend Jean-Charles Galland. Qu'en sera-t-il des nouvelles concessions qui étaient déjà évoquées dans la PPE 2016 ? Un appel d'offres pour les STEP aurait dû être lancé : "Rien n'a été fait. Ce n'est pas une priorité", déplore le président de la commission Hydroélectricité. "Pourtant les temps de développement sont très longs, de l'ordre de 12 ans", rappelle Jean-Louis Bal, "c'est donc maintenant qu'il faut se décider pour que les capacités nouvelles soient prêtes en 2030". Quels sont donc les souhaits de la filière française pour cette PPE révisée ? Tout d'abord que les objectifs de puissance installée soient conservés à +1,7 GW de nouvelles capacités, portant le parc français à 27,2 GW. Ensuite, qu'un mécanisme de capacité spécifique à l'hydroélectricité soit mis en place pour assurer la flexibilité du réseau avec un temps de réaction court. Et que les autres services rendus à la société française soient mieux rétribués : car les retenues d'eau servent également à l'irrigation des terres agricoles, à l'approvisionnement en eau potable ou à la prévention des crues.

 

Jean-Charles Galland fait valoir : "Ces équipements ont une importance dans les territoires, via le multi-usage. Ce sont des leviers de développement économique pour les zones rurales ou de montagne où peu d'autres activités sont installées". Selon le spécialiste, l'acceptation de nouveaux projets et la gestion des impacts environnementaux seraient mieux pris en compte aujourd'hui et bénéficieraient de davantage de fonds. D'autres s'interrogent sur la possible baisse de la ressource en eau à l'avenir, avec des été toujours plus chauds, à l'image de celui de 2018. Le président de la commission Hydroélectricité du SER répond : "Les effets du changement climatique sont différents selon les zones du territoire français. Si le volume a légèrement baissé, ce qui a changé est la répartition des précipitations au cours de l'année, avec d'avantage de phénomènes extrêmes". Les acteurs de la filière restent donc confiants dans l'avenir des barrages et des stations de pompage-turbinage.

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