Le président américain George W Bush a annoncé sa décision d'imposer des droits de douane allant jusqu'à 30% sur la plupart des importations d'acier. Cette décision, qui intervient dans un contexte de crise mondiale de la sidérurgie, suscite une vive opposition de la part de l'Union Européenne.

C'est une situation de surproduction persistante favorisant l'importation sur le marché américain de produits à bas prix venant d'Asie et d'Europe orientale qui a motivé la décision de George W Bush.

L'International Iron and Steel Institute (IISI), qui centralise les statistiques mondiales de la sidérurgie, estimait fin 2001 que les acieries tournaient à 77% de leurs capacités, produisant 827 millions de tonnes/an, pour une consommation mondiale de 722 MT en 2001.

Des analystes américains chiffrent pour leur part à 200 millions de tonnes les surcapacités actuelles de production d'acier dans le monde. Ils plaident en faveur de mesures strictes de contrôle des subventions publiques à l'industrie, qu'ils accusent d'être à l'origine de ces surproductions.

Une trentaine de groupes sidérurgiques américains se sont placés ces derniers mois sous le parapluie du chapitre 11 de la loi sur les faillites pour échapper à une liquidation pure et simple. Ils accusent les aciéristes d'Asie et d'Europe orientale d'inonder le marché américain de produits bon marché qui faussent, selon eux, la concurrence.

Les 38 pays producteurs d'acier, réunis à Paris à trois reprises depuis septembre 2001, sous l'égide de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), sont convenus de réduire leurs capacités de production d'environ 100 millions de tonnes/an à l'horizon 2010 pour soulager le marché mondial.

L'Union européenne a annoncé qu'elle allait lancer une procédure de mise en place de "mesures de sauvegarde", afin de protéger son marché contre des flux d'importation d'acier supplémentaires. Cette réplique aux mesures américaines se fera dans le respect des règles internationales "auxquelles nous n'entendons pas déroger", a indiqué le commissaire européen au Commerce Pascal Lamy qui a également déclaré que "le marché de l'acier n'est pas le Far West".

La Commission européenne a toutefois proposé de porter à 24 millions de tonnes les réductions de capacités européenne entre 2003 et 2005, contre 16 millions de tonnes auparavant pour la même période.

Cette réduction supplémentaire de 8 millions T/an avait été concédée le 7 février à l'issue de la troisième réunion du groupe. Une quatrième réunion est prévue les 18 et 19 avril.

La Commission européenne propose encore d'instituer un prélèvement de 1% ou 2% sur chaque tonne d'acier vendue aux Etats-Unis (produite localement ou importée) pour faire face aux lourdes charges de restructuration de la sidérurgie américaine.

Ce prélèvement couvrirait notamment les indemnités des travailleurs licenciés, les dépenses de mise à la retraite et les frais de réinsertion des salariés.

Les sidérurgistes européens, dont les patrons d'Arcelor, le nouveau géant mondial de l'acier né de la fusion du français Usinor, de l'espagnol Aceralia et du luxembourgeois Arbed, estiment qu'une des clés du marasme de la sidérurgie réside dans la crise actuelle des fonds de pension, les groupes ayant de plus en plus de difficultés à assurer la retraite de leurs salariés.

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