FINANCEMENT. Les collectivités franciliennes ont décidé ce vendredi de voter contre le budget initial 2018 de la Société du Grand Paris (SGP) à l'issue du conseil de surveillance. En attendant les arbitrages qui tardent à venir, la SGP a seulement présenté un "budget provisoire." Précisions.

La première "crise" autour du financement du Grand Paris Express, l'un des plus importants chantiers de génie civil d'Europe. A l'exception de Christian Favier (PC), conseiller départemental du Val-de-Marne, les élus des collectivités franciliennes ont exprimé, le 1er décembre 2017, leur mécontentement face aux "tergiversations" de l'Etat sur le Grand Paris Express, en ne votant pas le budget initial 2018 du maître d'ouvrage.

 

Le conseil de surveillance de la SGP a, en effet, approuvé, le même jour, "de premières autorisations budgétaires" pour l'an prochain, à hauteur de 2,249 milliards d'euros. Une montée en charge de l'activité est donc tout de même bien prévue, après un budget 2017 à hauteur d'1,8 milliard d'euros, a-t-on encore appris de la part de la Société du Grand Paris (SGP) ce lundi.

 

Un budget qui sera "révisé début 2018"

 

"Ces prévisions correspondent aux dépenses prévisionnelles rattachées à des engagements déjà pris au cours de l'exercice 2017, ainsi qu'aux dépenses nécessaires à la poursuite de la maîtrise foncière et au fonctionnement de la Société du Grand Paris, rapporte la SGP dans un communiqué, publié le 1er décembre 2017. Il sera révisé début 2018, à l'issue des décisions du Gouvernement relatives à la feuille de route du Grand Paris express." La Société du Grand Paris rappelle aussi dans le même communiqué que 2018 devrait être l'année de sa "première émission obligataire et la première présentation de sa signature sur les marchés financiers internationaux."

 

"Nous avons voulu tirer la sonnette d'alarme sur d'éventuels renoncements du Gouvernement", Stéphane Troussel, président du 93

 

"C'est une grande première", a affirmé à l'AFP, Stéphane Troussel, président PS du conseil département de Seine-Saint-Denis. "Nous avons voulu tirer la sonnette d'alarme sur d'éventuels renoncements du Gouvernement", a-t-il ajouté en fustigeant les "tergiversations et les hésitations" de la Société du Grand Paris.

 

Avant de préciser que huit collectivités sur neuf avaient voté contre ce budget, la neuvième s'abstenant. Pour rappel, les élus de la Région Ile-de-France et sa présidente Valérie Pécresse (Les Républicains), la Ville de Paris et sa maire Anne Hidalgo (PS), et sept départements franciliens siègent au titre des élus.

 

"Ce refus est symbolique, nous a expliqué une source proche du dossier. L'Etat bénéficie de 11 voix, et donc de la majorité, au Conseil de surveillance de la SGP qui a voté ce vendredi son budget initial 2018."

 

Aucune garantie pour les lignes 17 et 18 du métro

 

Soulignons que cinq présidents (LR) -François Durovray (Essonne), Jean-Jacques Barbaux (Seine-et-Marne), Pierre Bédier (Yvelines), Marie-Christine Cavecchi (Val-d'Oise) et Patrick Devedjian (Hauts-de-Seine)- ont réagi dans un communiqué commun en dénonçant "un budget provisoire qui n'assure aucune garantie pour la réalisation des lignes 17 et 18". Ils ajoutent aussi que "cela serait un non-sens de donner leur accord à ce budget".

 

De plus, les élus rappellent qu'en Ile-de-France, "depuis 2011, les contribuables paient la taxe spéciale Grand Paris en complément de leur taxe foncière." Et précisent que "des projets d'envergure internationale comme les Jeux olympiques de 2024 et l'Exposition universelle de 2025 restent tributaires du respect des engagements de l'Etat sur les transports."

 

 

Ils "souhaitent que l'Etat rende ses arbitrages définitifs pour confirmer la réalisation de toutes les lignes dans un calendrier précis", ont ajouté François Durovray (Essonne), Jean-Jacques Barbaux (Seine-et-Marne), Pierre Bédier (Yvelines), Marie-Christine Cavecchi (Val-d'Oise) et Patrick Devedjian (Hauts-de-Seine).

 

La Fédération régionale des travaux publics également très inquiète

 

Rappelons, enfin, que José Ramos, président de la Fédération régionale des travaux publics d'Ile-de-France, (FRTP) a également tiré la sonnette d'alarme, ce vendredi sur Batiactu concernant les risques de report qui pèsent sur le Grand Paris Express.

 

"Depuis l'été dernier, nous entendons d'insistantes rumeurs de ralentissement du calendrier de réalisation du futur Grand Paris Express (GPE) ou encore de la remise en cause d'une partie de la ligne 16 (au sud de Clichy-Montfermeil), d'un autre tronçon de la ligne 17 et enfin du prolongement de la 14 jusqu'à l'aéroport d'Orly. Le Gouvernement n'a effectué aucun arbitrage, ce que nous regrettons sincèrement à la Fédération régionale des travaux publics, a-t-il insisté. Car les prochains appels d'offres pour lancer les chantiers de l'est (ligne 16), attendent un feu vert qui ne vient toujours pas !"

 

Avant de conclure : "Nous espérons que la décision ne sera pas prise au-delà de la mi-décembre 2017. Un arbitrage pris par l'Etat au-lendemain des fêtes serait dramatique pour le planning du projet." En principe, le Grand Paris Express doit entrer en service en 2023.

 

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