Dans une interview au quotidien Les Echos, le secrétaire d'Etat aux programmes immobiliers de la justice, Pierre Bédier, précise son action et annonce un large recours au secteur privé pour la construction de 7.000 places de prison supplémentaires.

" J'ai pour mission de définir et de piloter la politique immobilière du ministère de la Justice et mon rôle est d'être un accélérateur de la mise en oeuvre " explique Pierre Bédier répondant ainsi aux interrogations liées à la nature de ce nouveau secrétariat d'Etat.

Pour cela, l'ancien maire de Mantes-la-Jolie préconise un large recours au secteur privé dont les principaux acteurs français - Vinci, Bouygues Construction, Eiffage - bénéficient déjà une certaine expérience en la matière. L'objectif est d'aller vite. " Il faut aller plus vite que les cinq à six ans normalement nécessaires pour la construction d'un établissement pénitentiaire " explique Pierre Bédier. " Pour cela, nous ferons appel au secteur privé pour la conception, la construction, la maintenance et une partie du fonctionnement (nourriture, blanchisserie), comme l'avaient fait d'ailleurs le programme 13.000 initié en 1986 par Albin Chalandon, ou, plus récemment, celui de Pierre Méhaignerie portant sur la construction de 4.000 places de prison supplémentaires" précise-t-il.

Ce recours au privé sera loin d'être symbolique. Il devait porter " sur la majorité des places de prisons " et la compétition sera ouverte aux prestataires européens.

Cette volonté de développer le partenariat public-privé (PPP) s'inscrit dans une tendance générale portée en Europe par Tony Blair. Prisons, écoles, chemins de fer, santé, services postaux, crèches... au Royaume-Uni, le recours au secteur et aux capitaux privés est fréquent.

En mars dernier, Bouygues Construction , via ses filiales Bouygues UK et Ecovert FM, a même remporté un contrat global de 700 millions d'euros pour la construction, la maintenance immobilière et la gestion de tous les services généraux du "Home Office", le nouveau ministère de l'Intérieur à Londres.

Au Etats-Unis, le gouvernement va beaucoup plus loin et a confié plus de 5% de sa population carcérale à des entreprises privées. Certaines - comme Correction Corporation of America, Correctional Services Corporation ou Securicor - sont de véritables multinationales de l'emprisonnement et peuvent être cotées en Bourse.

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