COLÈRE. Plusieurs professionnels du secteur du BTP ont décidé de faire connaître leur mécontentement à la suite du projet gouvernemental de supprimer le taux réduit de TICPE. Des pistes de compromis sont à l'étude à Bercy.

"La fin de cette exonération représente 500 millions d'euros de charges en plus pour les entreprises de BTP, et cela dès l'année prochaine." C'est Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), qui l'a assuré sur Europe 1, le 28 octobre. "Nous ajouter des charges supplémentaires à quelques semaines de la mise en œuvre, c'est une catastrophe : cela va représenter 1 à 2% de charges en plus, or la marge moyenne dans notre secteur oscille entre 1,5% et 2,5%." Pour Jacques Chanut, si l'article du projet de loi de finances 2019 est voté en l'état, "beaucoup d'entreprises risquent de passer dans le rouge". Pour rappel, ce texte envisage de supprimer le taux réduit de TICPE à compter de l'an prochain.

 

Des pistes à l'étude à Bercy

 

La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) échange avec le Gouvernement pour trouver une issue, comme elle nous l'a récemment expliqué. Et sa mobilisation "se poursuit", nous informe-t-elle ce 29 octobre. "Notre détermination reste entière", nous explique un porte-parole de l'organisation. "Lors d'un entretien qui s'est tenu à la demande de Bruno Cavagné début octobre, le ministre de l'Économie et des Finances s'est en effet déclaré opposé au retrait de la mesure de suppression du gazole non routier (GNR). Pour autant, sensible aux arguments développés par la Fédération, nos propositions pour répercuter les coûts sur les donneurs d'ordre dans les marchés en cours sont actuellement à l'étude au sein des services de Bercy."

 

 

"A minima, notre président Bruno Cavagné a fait valoir qu'une révision des index Insee au 1er janvier 2019 s'imposait, même si cette révision ne concernerait que les contrats disposant d'une clause de révision", détaille la FNTP. "Pour les autres contrats, l'instauration d'une mesure d'ordre public a été demandée, ce qui obligerait la conclusion d'un avenant dans tous les marchés en cours, afin que la hausse des coûts soit systématiquement répercutée."

 

La grogne monte en région

 

Et ce mécontentement est en train de se faire entendre en régions. Un appel au blocage national a été lancé pour le 17 novembre 2018, et une pétition demandant une diminution des prix de l'essence à la pompe a récolté plus de 500.000 signatures. Il y a quelques jours, à Besançon, une opération escargot a été menée par des entreprises de travaux publics. "Nous sortons à peine d'une crise, de 2008 à 2016, sans précédent", observe la Fédération régionale des travaux publics locale. "A l'heure où nous envisageons d'embaucher et d'investir pour faire face à un regain d'activité, nous refusons de rester muets face à ce que nous considérons être une attaque en règle contre nos entreprises. Il y va de notre survie, mais aussi de notre avenir et de celui de tous les jeunes qui espèrent obtenir un emploi dans notre filière."

 

Dans le Gard, la colère est identique, comme nous l'apprend Objectif Gard. "Sérieusement, on n'augmente pas de 50% les choses à des gens qui ne manifestent jamais pour boucler un budget ! C'est n'est pas sérieux, cette réforme est possible mais une concertation doit être ouverte", estime Christophe Ruas, président gardois de la délégation des travaux publics d'Occitanie.

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