Alors que la méthode d'extraction par fracturation hydraulique est interdite en France et qu'elle soulève des questions environnementales, des parlementaires se prononcent en faveur de la recherche de solutions alternatives permettant de fouiller le sous-sol français de façon acceptable.

Le gaz de schiste n'est pas enterré. Des députés et sénateurs, membres de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst, un conseil chargé d'informer et d'éclairer le Parlement) ont approuvé le lancement d'une étude visant publier un rapport d'évaluation des techniques d'extraction alternatives pour le gaz de schiste. Car la fracturation hydraulique est interdite en France depuis juillet 2011, une décision réaffirmée par François Hollande et par le Gouvernement actuel. Mais les parlementaires PS et UMP qui composent l'Opecst ont choisi de soutenir l'examen de nouvelles pistes. L'Académie des sciences avait préconisé récemment de rouvrir la porte aux gaz de schiste.

 

La fracturation au propane, qui est déjà opérationnelle, "mériterait un plus ample examen", souligne le pré-rapport. "D'autres technologies sont envisagées en recherche et susceptibles d'aboutir à des applications d'ici à une dizaine d'années", précise le document. Jean-Claude Lenoir, sénateur membre de l'Opecst, explique : "Nous voulons voir si nous pouvons utiliser des ressources de gaz ou de pétrole de schiste en France, si elles existent, mais pour cela il faut que la recherche se poursuive et que nous ayons des techniques qui permettent de fouiller le sous-sol de façon acceptable". La fracturation hydraulique, très décriée, est une technique relativement ancienne qui fait peser des risques sur les nappes phréatiques et donc sur la santé. France Nature Environnement exprime des réserves : "Quelle que soit la technique, il s'agit de rendre poreux un milieu, la roche mère, qui ne l'est pas, ce qui présente des risques avérés de pollution des milieux, des nappes phréatiques et de l'atmosphère".

 

Une forte opposition
Les parlementaires mèneront des auditions, notamment des opérateurs et des ONG, et se rendront à l'étranger afin d'étudier des exploitations. Un rapport d'étape sera remis au printemps, avant le rapport définitif attendu pour l'automne. D'ores et déjà, Delphine Batho a manifesté son hostilité à l'exploitation des gaz de schiste en France en déclarant : "L'enjeu de la transition énergétique (…) ce n'est pas d'aller chercher de nouveaux hydrocarbures". Elle rejoint en cela l'ONG Greenpeace France, qui juge "aberrant de se lancer aujourd'hui dans l'exploitation d'une nouvelle ressource fossile. La réduction des gaz à effet de serre est le défi principal que le monde doit relever". L'organisation écologiste plaide pour la recherche du "vrai trésor" inexploité de la France : l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Jean-Claude Lenoir souligne, quant à lui, que le gaz continuera d'être une composante majeure du mix français, même dans le cadre de la transition énergétique et que "si on en a chez nous, il vaut mieux l'exploiter plutôt que de l'acheter à l'étranger". François Hollande avait déclaré, en décembre dernier que, si une nouvelle technique plus respectueuse de l'environnement apparaissait, il "prendr(ait) ses responsabilités".

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