Au Forum des Images, réalisateurs, architectes et critiques ont insisté sur " l'état désespérant du débat " publique sur l'architecture et l'urbanisme.

" Aux Etats-Unis, la population locale à la possibilité d'intervenir sur un projet d'urbanisme. Des maquettes leur permettent de visualiser et de corriger des plans. C'est la 'vocacy planing' ", explique Thierry Paquot, l'animateur de la journée Filmer l'architecture du 13 février, au Forum des Images à Paris.

Avec la participation d'architectes, comme Christian Hauvette et Pierre Riboulet, de réalisateurs de documentaires audiovisuels, comme Stan Neumann et Jean-François Roudot, et de critiques, tels que Dominique Jamet ou Jean-Louis Comolli, le débat s'est orienté sur la difficulté à communiquer l'architecture et la puissance évocatrice de l'image.

Invoquant Paul Klee (" L'art ne rend pas le visible, il rend visible "), Thierry Paquot a insisté sur l'intégration de l'architecture dans le cinéma. Selon lui, le cinéma moderne est indissociable de la ville, " comme un élément constitutif de l'intrigue et du jeu des acteurs ".

" De la même manière qu'on parle de la 'présence' de tel ou tel comédien, l'on insistera sur la 'présence' de Marseille dans La Ville est tranquille, de Cergy dans L'Ami de mon amie ou de Nogent dans A mort l'arbitre " écrivait Thierry Paquot dans la dernière livraison de la Revue Urbanisme.

Aujourd'hui, le cinéma prend une place laissée vacante par la télévision, la radio ou la presse. Encore ne la peut-il prendre intégralement. " L'urbanisme n'est présent dans la presse que pour les affaires ", déplore Thierry Paquot.

Lieu commun

" Il faut bien constater l'état désespérant du débat. Mais le film peut être un élément déclencheur ", et permettre de retrouver une certaine pédagogie, alors que les Français se soucient de plus en plus de leur cadre de vie.

" Il faut sortir du lieu commun que l'on subit l'architecture ", lance finalement l'animateur du débat. Cette idée fait suite aux commentaires sur la fonction de l'architecture et de l'urbanisme dans les films, tels que Mains Basse sur la ville, ou encore Playtime (photo du film) et Trafic, de Jacques Tati.

Alors le débat s'est tourné vers la question du rapprochement des techniques : l'architecture d'un film, le film sur l'architecture. Ou encore, et plus certainement, la place de l'image dans la création d'un bâtiment.

" Aujourd'hui, ce que l'on demande à un architecte, c'est une image d'architecture. C'est ce que regardent les promoteurs ". L'image du bâtiment prend le dessus sur le bâtiment lui même, et rares étaient les architectes présents dans la salle à soutenir la démarche d'un Franck Gehry donnant à ses réalisation des petits noms, comme 'Ginger'.

Selon les intervenants, dans les films où la ville tient un rôle, et ils sont de plus en plus nombreux, le personnage est d'abord filmé comme entrant dans la ville. Puis c'est la ville qui le pénètre jusqu'à se confondre avec lui.

Cette évocation rend, selon eux, au moins visible que l'on n'est que le fruit de son milieu, comme le milieu de son époque, et finalement, que le travail de l'architecte et de l'urbaniste sont aujourd'hui d'une puissante actualité.

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