CONJONCTURE. En cette rentrée, la Fédération des promoteurs immobiliers fait la grimace. Après avoir "tiré la sonnette d'alarme à plusieurs reprises", les chiffres de la construction neuve continuent de plonger, avec 10.000 logements en moins cette année.

"Les chiffres sont mauvais, et ce n'est pas une surprise, nous avons tiré la sonnette d'alarme à plusieurs reprises", s'est exaspéré Alexandra François-Cuxac, présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), au cours d'une présentation des chiffres du deuxième trimestre.

 

Les raisons de son courroux : un marché du logement neuf en berne, autant pour l'individuel que pour le collectif, une difficulté grandissante à trouver des créneaux dans les carnets de commande des entreprises, et un secteur du logement intermédiaire qui ne décolle toujours pas.

 

Alors que les mises en vente de logements neufs ont reculé de 10.000 logements neufs en un an, et les prix ont connu une augmentation moyenne de 5%. Une équation qui impacte l'offre de logement, notamment dans les secteurs social et intermédiaire. Les ventes en bloc ont chuté de -31,6%, notamment du fait de la restructuration des bailleurs sociaux. Même constat du côté du logement intermédiaire, qui ne parvient toujours pas à soulager la crise du logement, alors que ses acteurs planchent sur la construction de 80.000 unités d'ici 2025.

 

Le contexte macro-économique est pourtant au beau fixe, comme le suggère Alexis Rouque, délégué général de la fédération. "Les indicateurs sont plutôt bien orientés, l'investissement des ménages est reparti à la hausse, avec un accès aux crédits de plus en plus facile", explique-t-il, tout en prédisant des records historiques pour le marché de l'ancien, qui pourrait franchir cette année la barre du million de transactions. Mais alors, qu'est-ce qui coince dans l'immobilier neuf ?

 

"La crainte des recours et de l'impopularité"

 

Pour trouver une première justification, il faut aller chercher dans un comportement qui se répète environ tous les 6 ans. A l'aune des élections municipales, "la crainte des recours et de l'impopularité", poussent les édiles candidats à leur réélection à reporter, sinon suspendre, la signature des permis de construire, explique Alexandra François-Cuxac.

 

A chaque période d'élections municipales, la FPI a recensé une baisse des autorisations de construire de -25%. Mais la timidité des élus à bâtir ne fait pas tout. Pour la FPI, les promoteurs souffrent également de coûts de construction parfois inatteignables, et d'une difficulté de plus en plus fréquente à obtenir des réponses satisfaisantes aux appels d'offre.

 

"On arrive parfois à des appels d'offre totalement infructueux sur des lots, avec des délais véritablement allongés, et des projets qui ne trouvent tout simplement pas leur équilibre économique", déplore Alexandra François-Cuxac. Alors que les zones tendues seraient les principales tributaires de cette contraction de l'offre de logements, l'Ile-de-France pourrait bien en souffrir davantage, alors qu'on annonce une surchauffe de l'activité BTP en lien avec le Grand Paris Express et les JO 2024.

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