Batiactu : Comment souhaitez-vous instaurer une nouvelle organisation urbaine ?
Emmanuelle Cosse :
Nous renforcerons les exigences et les sanctions de la loi SRU, passant à 25 % de logements sociaux dans les communes, et même à 30 % en Île-de-France. Le préfet se substituera aux maires dans l'illégalité et réquisitionnera les terrains, bâtiments et logements laissés à l'abandon dans les villes, pour en faire des logements. Par ailleurs, la taxe sur les logements vacants sera augmentée et appliquée aux bureaux. Adopter une loi foncière pour enrayer l'étalement urbain et garantir la mixité sociale et fonctionnelle est nécessaire. Objectif : valoriser les espaces naturels, agricoles et boisés, en lien avec des territoires urbains équilibrés entre logements, activités et loisirs. Pour ce faire, les politiques du logement et de l'urbanisme ne seront plus menées au niveau de chaque commune mais à l'échelle des agglomérations. Par ailleurs, notre candidate souhaite favoriser les coopératives d'habitants, ainsi que tous les projets qui dessinent un logement non-spéculatif ou une réappropriation de la ville par les habitants.

 

Batiactu : Quel est votre sentiment face à la majoration de 30% des droits à construire ?
Emmanuelle Cosse:
Cette proposition de loi qui autorise les promoteurs à construire 30 % de plus sur un même terrain, définitivement adoptée par le Parlement est aujourd'hui dépassée. Pourquoi ? Elle n'a pas pris en compte la révision des plans locaux d'urbanisme (PLU). Et en plus, cela va renchérir les prix. Par ailleurs, les villes travaillent davantage sur la modification des PLU, sur les hauteurs, les finitions des infrastructures. Je peux vous garantir que je n'ai pas encore rencontré un élu de gauche ou de droite en Ile-de-France satisfait de cette majoration de 30 % ! Et heureusement qu'ils ne sont pas contraints de l'appliquer. Et n'oublions pas un élément important : si la majorité change à l'Assemblée nationale, cette disposition législative a peu d'avenir.

 

Batiactu : Pour vous, l'immobilier et le logement ont-il un rôle important ?
Emmanuelle Cosse :
Oui, évidemment. L'habitat est devenu un facteur majeur de précarisation du fait de la hausse incontrôlée des prix et du renchérissement du coût de l'énergie. La logique du « tous propriétaires » est un leurre qui endette les ménages, creuse les inégalités et aggrave l'étalement urbain. Notre candidate Eva Joly oriente donc la partie logement de sa campagne vers un « habitat choisi ». Elle ne veut pas d'une France de propriétaire, et lui préfère une France où chacun pourrait choisir son logement, locataires comme propriétaires.

 

Nous tirons la sonnette d'alarme concernant la crise du logement et rappelons qu'il s'agit pour EELV d'un droit. Notre programme prévoit ainsi que les structures d'hébergement accueillent les mal-logés toute l'année, inconditionnellement. Autre point fort, l'interdiction des expulsions sans relogement, avec la mise en place de l'intermédiation locative à grande échelle. Ce dispositif serait complété par l'application systématique de la loi de réquisition et par l'augmentation de la taxe sur les logements vacants.

 

Batiactu : Concernant les locataires, êtes-vous pour ou contre le gel des loyers ?
Emmanuelle Cosse :
Un encadrement des loyers est indispensable. Nous souhaitons poser un moratoire de 3 ans sur les augmentations de loyers, le temps de mettre en place un « miroir des loyers », à l'image de l'Allemagne. Notre proposition : lors d'une première location, le loyer devra s'aligner sur les prix en vigueur dans le voisinage. Lors d'un changement de locataire,
l'évolution du loyer ne pourra excéder celle du voisinage. Ce système conduira à baisser les loyers jusqu'à 20 % dans les zones où le marché s'est emballé, comme à Paris. Le prochain quinquennat doit alors commencer par un décret simple : l'interdiction des expulsions locatives sans solution de relogement. Les propriétaires auront une garantie contre les impayés de loyers.

 

De plus, nous souhaitons à la place du dispositif Scellier, créer un investissement locatif solidaire, aidé fiscalement, en échange des contreparties (loyers modérés, construction écologique).

 

Batiactu : Quelles sont vos solutions pour les banlieues ?
Emmanuelle Cosse :
Pour l'eurodéputée EELV au cours de sa visite récente en Seine-Saint-Denis, les banlieues sont non seulement les oubliées de cette présidence, elles ont aussi été 'stigmatisées et méprisées' et 'la classe politique française doit arrêter de croire que les solutions viendront d'en haut': c'est avec les habitants qu'elle veut construire les solutions. Notre candidate propose notamment l'octroi aux habitants de banlieue d'un droit de veto sur les opérations de rénovation urbaine, ou le soutien à la création d'entreprises et d'associations par les habitants.

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