Lorsque les conditions de mer seront favorables, production et consommation se trouveront à l'équilibre. Les batteries serviront pour d'éventuels appels de puissance et pour la gestion des intermittences liées aux sources d'énergies renouvelables (passages nuageux, absence de vent). Un kite intelligent (une voile commandée à distance) assurera une assistance pour les longues traversées. Dans ce cas, l'hélice se comportera comme une dynamo, entraînée par le courant relatif : les moteurs réversibles se transformeront donc en générateurs, fournissant eux aussi du courant (de la même façon qu'un véhicule électrique se recharge partiellement si on le laisse rouler en roue libre). Enfin, dans le cas où les conditions seraient mauvaises et la production solaire et éolienne insuffisante pour couvrir les consommations, la pile à combustible prendra le relai grâce aux réserves d'hydrogène qui prolongeront l'autonomie du bateau. Dans toutes les configurations, le navire n'émettra jamais autre chose que de la vapeur d'eau. Le tour du monde se fera donc sans émission de CO2.

 

 

"Energy Observer est plus qu'un bateau c'est un démonstrateur et un capteur de solutions. Il dessine un futur déjà présent. Un projet évolutif au long cours qui se veut créer une vague d'énergie positive. Energy Observer est un condensé d'énergies renouvelables qui donne envie de précipiter la transition énergétique", Nicolas Hulot

 

Energy Observer est donc un bijou de technologies et de systèmes embarqués. Selon le CEA, dont une trentaine d'ingénieurs ont participé à la création de cette chaîne énergétique, l'installation ne pèse que 1,3 tonne contre 30 pour des solutions classiques. Le catamaran ne sera toutefois pas une embarcation rapide : sa vitesse de pointe n'excèdera pas les 10 nœuds (18,5 km/h). De nombreux partenaires participent à l'aventure, qui s'étalera sur six ans et une centaine d'escales dans 50 pays différents. Au premier rang desquels Delta Dore et Air Liquide, qui sont tous les deux "supporters officiels". Il s'agit donc, à la fois d'un soutien financier mais également technique. Le spécialiste du pilotage énergétique breton, par exemple, fait savoir que ses équipements assureront le contrôle de l'éclairage, du chauffage, de la sécurité (alarmes) et du suivi des consommations. Des points cruciaux dans un bâtiment qui doit économiser ses ressources. Pierre Delaunay, le directeur New Business de Delta Dore, précise : "L'intégration de nos solutions dans un univers marin est un témoignage de plus de notre capacité à adapter nos solutions en fonction des besoins spécifiques. De plus, nos équipes de R&D se sont rapprochées du CEA pour travailler ensemble sur le monitoring des énergies produites sur le bateau".

 

 

Plus évasif, Air Liquide annonce "maîtriser l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement en hydrogène, de la production au stockage, à la distribution et au développement d'applications pour les utilisateurs finaux" et donc soutenir "ce projet scientifique et technologique qui témoigne du rôle de l'hydrogène dans la transition énergétique". Autres partenaires techniques et opérationnels, l'Icam, une école d'ingénieurs, qui a développé les deux mini-éoliennes, ou TechniToit, une entreprise spécialisée dans l'isolation des toitures et façades dans des projets d'autoconsommation grâce au photovoltaïque. Enfin, plus anecdotique, l'entreprise Serge Ferrari, bien connue pour ses textiles techniques capables de résister à de fortes contraintes du milieu, précise participer en tant que "fournisseur/prestataire agréé" en équipant une zone essentielle de l'Energy Observer : la banquette du poste de pilotage.

 

L'ensemble des partenaires de l'aventure entendent, en tout cas, améliorer leurs connaissances sur les économies d'énergie, sur le fonctionnement de leurs solutions en milieux extrêmes et sur la maîtrise de la chaîne hydrogène comme alternative aux sources carbonées. Une nécessité pour préparer les transports de demain, et plus généralement, pour réduire l'impact environnemental de l'Humanité.

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