Otis collabore avec le Cresitt Industrie et un laboratoire du CNRS pour élaborer un ascenseur écologique reposant sur l'utilisation d'une pile à combustible alimentée en hydrogène. Le système revendique une grande autonomie énergétique grâce à l'hybridation avec une installation photovoltaïque. L'avenir de l'élévation ?

Depuis 2016, scientifiques des laboratoires du Gremi (Groupe de recherche sur l'énergétique des milieux ionisés - CNRS/Université d'Orléans) et du Cresitt (Centre régional en électronique et systèmes pour l'innovation par les transferts de technologie dans l'industrie) travaillent avec la société Otis pour élaborer l'ascenseur du futur. Le fabricant américain avait déjà fait un premier pas vers les cabines autonomes avec l'inauguration, à Rézé (Loire-Atlantique), d'un ascenseur alimenté en partie par des panneaux solaires implantés en toiture de l'immeuble d'habitat social qu'il équipait.

 

 

Mais cette solution ne couvrait en moyenne que 80 % des besoins en électricité du système, suivant les conditions d'ensoleillement. La réponse à cette problématique d'intermittence de la ressource est peut-être à portée de main grâce à l'utilisation de stockage électrique. Cependant, pas question d'utiliser de classiques batteries au plomb, lourdes, encombrantes et polluantes. Les techniciens ont opté pour une pile à combustible dite Sapac ("Système autonome à pile à combustible et photovoltaïque") qui donnera à la cabine une autonomie d'une journée entière de fonctionnement sans apport du réseau, soit environ 140 voyages.

 

Efficace mais encore trop cher

 

 

L'énergie produite par les capteurs solaires est stockée sous forme d'hydrogène issu d'électrolyse de l'eau. Cet hydrogène alimentera la pile à combustible lorsque la source d'énergie primaire devient insuffisante (la nuit par exemple). Otis annonce que la solution est modulaire et qu'elle s'adapte à différents besoins de puissance maximale ou d'autonomie recherchée. "L'augmentation de l'autonomie n'a aucun impact sur la partie électronique", annonce l'industriel qui précise que la réponse réside dans le simple ajout d'une bouteille d'hydrogène. Le prototype échelle 1 présenté à Gien (Loiret), permet par exemple un stockage de 5 kWh électrique pour 100 kg de masse. L'équivalent en batteries classiques aurait été trois fois plus lourd, et deux fois plus volumineux.

 

Résultat : l'ascenseur à hydrogène ne consomme que quelques litres d'eau par an (environ une trentaine en exploitation) et du courant provenant de panneaux solaires. Il n'émet que de la vapeur d'eau et ne nécessite pas de métaux polluants comme le plomb ou le cadmium qui compliquent son recyclage. Reste un problème à régler, celui du coût. Les piles à combustible restent onéreuses, et le prix de l'ordre de 20.000 € pour le système reste beaucoup trop élevé pour qu'une offre commerciale pertinente soit proposée. Mais, comme pour toutes les technologies, ce prix devrait rapidement diminuer dans les années qui viennent, permettant à tous les immeubles à énergie positive de réduire encore leur empreinte carbone.

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