DÉCISION. Le président de la République devrait annoncer dans la journée, d'après Le Monde, l'abandon du méga-projet Europacity. Une solution alternative va être cherchée sous la direction de Francis Rol-Tanguy, ancien directeur de l'Atelier parisien d'urbanisme.

D'après une information diffusée par Le Monde, qui cite directement l'Élysée, puis confirmée par l'AFP, le projet Europacity va être abandonné. Cette annonce devrait être officialisée ce 7 novembre à l'occasion du troisième Conseil de défense écologique, entité créée à l'issue de la crise sociale de la fin de 2018.

 

Un projet "daté et dépassé"

 

Le président de la République juge visiblement "daté et dépassé" cette initiative, et réfléchit "à un projet alternatif plus vaste que le triangle de Gonesse". C'est ainsi l'aboutissement d'une longue polémique sur ce projet qui est accusé depuis plusieurs années d'être une hérésie sur le plan environnemental. Et l'occasion pour l'État, mis à mal par la prise de conscience générale de l'urgence écologique et la crise des gilets jaunes, de prouver son engagement en matière de défense de l'environnement.

 

 

Récemment, dans le journal Les Echos, Vianney Mulliez, président de la branche immobilière du groupe Auchan, Ceetrus, investisseur principal de ce projet immobilier en partenariat avec le conglomérat chinois Wanda, diagnostiquait que le soutien de l'État avait tiédi. Et pour cause, pour le Président, cité par l'AFP, ce projet "ne correspond plus aux aspirations de nos concitoyens". Il souhaite définir un projet alternatif, "plus mixte, plus moderne, sans créer un pôle démesuré de consommation, de loisirs et d'objets". Francis Rol-Tanguy, ancien directeur de l'Atelier parisien d'urbanisme, a été missionné pour travailler avec les élus à l'élaboration de ce nouveau projet.

 

Une décision cohérente

 

Cette décision paraît en cohérence avec certains des axes stratégiques de la politique de logement et d'aménagement du territoire du Gouvernement : lutter contre l'artificialisation des sols et faire revivre les cœurs de ville. "Nous souhaitons éviter autant que possible ce genre d'équipements, qui concentrent l'activité à l'écart des villes, dévitalisent les centres historiques et créent d'importants besoins de transports", a expliqué l'Élysée au Monde. Après l'aéroport Notre-Dame-des-Landes, voici donc un deuxième projet de construction emblématique qui est envoyé au tapis.

Un "tsunami économique" évité ?

 

Les opposants au projet ont fait savoir leur satisfaction par communiqué de presse. "Après des mois de mobilisation, le collectif Europasdutout se félicite de cette décision qui préserve les commerçants du territoire d'un véritable tsunami économique", peut-on y lire. "En retirant son soutien, le gouvernement reconnaît ainsi le danger que représente un tel projet pour la vitalité des centres-villes et pour l'avenir du commerce de proximité sur le territoire."


"On se fait une virginité écolo sur le dos de la banlieue"

 

A l'inverse, la décision des pouvoirs publics est prise comme un mépris des banlieues par d'autres, alors que le projet promettait d'offrir 10.000 emplois. "Depuis que j'ai appris la nouvelle, j'ai la boule au ventre. C'est la fin d'un espoir", dit ainsi à l'AFP Kamel Slimani, membre du Collectif des vrais gens, qui défendait le projet. Pour Ali Soumaré, conseiller régional PS de Villiers-le-Bel, "on se fait une virginité écolo sur le dos de la banlieue". "Tout le monde sait que c'est pas Europacity qui va siphonner la planète, on parle de terres archi-polluées, entre des autoroutes et des aéroports. Cette décision, c'est une belle hypocrisie", dit-il.

 

Jean-Pierre Blazy, lui, déplore une "décision incompréhensible et inacceptable" qui sacrifie un territoire "au nom d'une vision uniquement symbolique de l'écologie". "Manifestement, Emmanuel Macron n'a pas compris l'avertissement de son peuple par la voix des 'gilets jaunes'. C'est une exécution en règle sans autre forme de procès, au détriment d'une population que le président abandonne", écrit-il.

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