FOCUS. À l'occasion de la Journée mondiale des droits des femmes, pouvoirs publics et acteurs privés se mobilisent pour sensibiliser une nouvelle fois les professionnels à l'égalité entre les sexes. Il reste encore du chemin à parcourir dans le BTP, mais des initiatives fleurissent ça et là.

La Journée mondiale des droits des femmes, qui se tient ce 8 mars 2024, est l'occasion pour les pouvoirs publics et les acteurs privés de sensibiliser une nouvelle fois les secteurs économiques et la société dans son ensemble à l'égalité entre les sexes. Car si les choses avancent, l'évolution reste encore timide.

 

 

Pour mieux quantifier le phénomène, le ministère de l'Économie vient de publier le premier baromètre sur l'entrepreneuriat des femmes en France. Cet indicateur est le fruit d'une enquête menée par BPI France (la banque publique d'investissement) et l'institut de sondage Ifop auprès de 5.000 personnes, à laquelle ont été agrégées des données de l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) et de la Mission France Tech.

 

40% des entreprises individuelles sont dirigées par une femme

 

Le baromètre se décompose en trois axes. Le premier concerne "l'indice entrepreneurial", autrement dit la proportion de femmes parmi les porteurs de projets et les chefs d'entreprises.

 

On y apprend que la représentation des femmes a certes progressé de deux points entre 2018 et 2022 et que l'écart avec les hommes continue de se réduire. Cependant, les femmes demeurent sous-représentées par rapport aux hommes : 27% des femmes interrogées déclarent être porteuses d'un projet, dirigeantes (ou ex-dirigeantes) d'entreprises, ou ayant l'intention d'en créer ou d'en reprendre une, contre 38% chez les hommes.

 

Le profil des entreprises constitue le deuxième axe. Entre 2018 et 2022, la part des créations d'entreprises portées par des femmes augmente de deux points, atteignant 39%. De plus, 40% des entreprises individuelles sont dirigées par une femme, et la pérennité des entreprises classiques à 3 ans est la même entre les hommes et les femmes, à savoir 82%.

 

Les femmes moins enclines à créer ou reprendre une entreprise

 

Le troisième axe du baromètre se penche sur le profil des entrepreneurs. D'après Bercy, "les enquêtes menées ont cherché à mesurer la sensibilisation à la création d'entreprise, et de fait la proximité des individus au monde entrepreneurial (par exemple par une expérience de chef d'entreprise ou la présence d'un porteur de projet dans son entourage) : 27% des hommes interrogés estiment y être exposés, tandis que seulement 19% des femmes déclarent une éventuelle proximité. Par conséquent, elles sont moins enclines à créer et devenir cheffes d'entreprises que les hommes."

 

"Les femmes ont toute leur place dans l'entrepreneuriat. Elles n'ont pas moins d'idées, pas moins de talents mais peuvent connaître plusieurs freins pour se lancer", complète Olivia Grégoire. La ministre des Entreprises assure que "l'État agit pour accompagner les femmes qui le souhaitent dans la création de leur entreprise, jusqu'à la gestion quotidienne de leur activité en passant par des conseils en matière fiscale".

 

Les femmes n'occupent que 30% des postes de l'industrie

 

Le sujet concerne aussi le secteur de l'industrie. Créé en 2019 et piloté par la Direction générale des entreprises (DGE), le collectif IndustriElles a pour mission de féminiser davantage une filière qui pèse tout de même 12,6% des emplois de l'Hexagone.

 

 

Or aujourd'hui, les femmes n'occupent que 30% des postes de l'industrie, en étant relativement absentes des fonctions de direction, de conception et de production, et au contraire très présentes dans les fonctions support. Pour y remédier, le collectif est donc à l'origine de diverses animations et initiatives, tels que du mentorat ou des interventions en milieu scolaire, en partenariat avec une douzaine associations.

 

Alors que la réindustrialisation "verte" se profile, l'enjeu est également économique. "Avec plus de 62.000 emplois vacants en 2023 et 58,4% des entreprises déplorant le manque de candidats, l'industrie est confrontée à des difficultés de recrutement alors qu'il s'agit d'un secteur à impact - au cœur des transformations de l'économie - faisant écho aux attentes des nouvelles générations", souligne-t-on à Bercy.

 

"Pour donner envie d'industrie aux femmes et surtout aux jeunes filles, nous avons besoin de 'roles models' (une personnalité inspirante, NDLR), et nous avons désormais 34 ambassadrices IndustriElles qui s'engagent et donnent envie d'industrie", abonde le ministre de l'Industrie et de l'Énergie, Roland Lescure.

 

Assurer la mixité dans les métiers et les instances du BTP

 

La place des femmes interroge également les professionnels du bâtiment et des travaux publics. À l'occasion du 8 mars, la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) lance une campagne de communication baptisée "Bâtir la mixité". Le but : assurer la parité au sein de ses instances de gouvernance. Comment ? En repérant "de nouvelles administratrices parmi les adhérentes", explique l'organisation dans un communiqué.

 

Dans ce cadre, 12 administratrices actuellement en poste apportent leurs témoignages personnels sur de nombreux aspects : "sentiment d'un manque de légitimité ; doute sur leur capacité à concilier vie familiale, vie professionnelle, et vie syndicale ; interrogation sur le contour des postes proposés au sein de ces instances et sur les formations délivrées pour acquérir les compétences nécessaires ; méconnaissance du mandat d'élue et de ce que peut leur apporter cet engagement..."

 

"Nous nous devons de réussir ce défi"

 

La campagne se traduira notamment par des actions de sensibilisation, des affiches et un clip vidéo. "Nous nous devons de réussir ce défi. Le réseau Capeb a besoin de toutes les compétences et doit se nourrir d'une diversité de points de vue", lance Jean-Christophe Repon, à la tête de la confédération.

 

Via une publication LinkedIn, la FFB (Fédération française du bâtiment) rappelle elle aussi qu'elle "travaille activement en faveur de l'intégration des femmes dans ses structures, dans ses instances syndicales et dans l'ensemble des métiers du bâtiment", et ce, "depuis plus de 20 ans". "Nous soutenons les femmes dirigeantes et codirigeantes qui s'engagent dans l'entrepreneuriat au féminin", insiste l'organisation.

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