CERTIFICATION. Pour concilier biens patrimoniaux et efficacité énergétique, le collectif Effinergie teste un label dédié au patrimoine réhabilité qu'il s'agisse d'édifices protégés, inscrits ou classés, mais également d'immeubles présentant un certain caractère architectural historique. Zoom.
C'est sur le salon BePositive 2019 à Lyon qu'Effinergie a choisi de lancer l'expérimentation de son tout dernier label : Effinergie Patrimoine. Cette nouvelle marque de qualité volontaire s'attachera à réconcilier préservation des constructions et recherche de performance énergétique. Un groupe de travail dédié, monté en collaboration avec Sites et Cités remarquables de France, avait été lancé en 2017. Outre le seuil de 80 kWh/m².an dans les logements et de 120 kWh/m².an dans les espaces tertiaires alignés sur les niveaux BBC, sera ajouté un autre critère de qualité de l'intervention. Le collectif explique : "Valoriser l'existant est une alternative à l'extension urbaine, à la consommation d'espaces, à l'artificialisation des sols et permet à la collectivité de faire des économies d'équipements, de voiries, de réseaux…" Le label met également en exergue la maîtrise des coûts, à la fois de réhabilitation et d'exploitation ultérieure, qui confèrera de la valeur verte au bâtiment. Le label s'adresse aux édifices protégés Monuments historiques (inscrits ou classés) mais aussi à n'importe quelle construction présentant "un caractère patrimonial".
Un outil de la politique publique des territoires
Les projets entrant dans la démarche de labellisation devront d'abord justifier de ce caractère devant une commission qui donnera un avis sommaire, orientant si besoin vers une autre certification comme BBC Effinergie Rénovation pour le volet énergie par exemple. Une fois la valeur patrimoniale établie, une étude thermique sera entreprise, afin de s'assurer de la qualité des travaux. Dans le cas où ce seuil fatidique ne serait pas atteint, une expertise sur l'énergie sera demandée. Puis, dans un deuxième temps, viendra le moment de l'expertise architecturale par une commission spécialisée, composée d'architectes des Bâtiments de France et d'architectes du patrimoine, de membres des CAUE et des parcs naturels régionaux. Une fois cette dernière étape franchie, moyennant peut-être des éléments additionnels, la labellisation Effinergie Patrimoine sera attribuée ou non.
D'ores et déjà, plusieurs réalisations exemplaires existent, notamment des bureaux rénovés installés dans un immeuble Haussmannien rue d'Amsterdam à Paris, un immeuble de logements collectif rue Lacordaire, également dans la capitale, ou une maison individuelle typique à Coglès (Ille-et-Vilaine). Le collectif ajoute que plusieurs régions soutiennent son initiative, tout comme l'Ademe, la Caisse des Dépôts et le Centre de ressources pour la réhabilitation responsable du bâti ancien (Creba). Des aides et subventions pourront être octroyées dans le cadre de l'expérimentation du label. Car, dans un premier temps, il s'agira en effet de tester le référentiel qui a été défini. Effinergie argumente : "L'expérimentation permet d'apporter la souplesse dans le traitement des dossiers, de faire évoluer le dispositif au fil des retours d'expériences et de prendre en compte les difficultés à venir dans le traitement simultané de la valorisation du patrimoine et de la rénovation énergétique performante."
L'innovation devrait se trouver stimulée par cette nouvelle tendance de rénovation respectueuse de l'architecture, puisque la base de données des projets permettra de capitaliser sur l'expérience collective. Effinergie espère également que le label agira comme une motivation de l'économie locale avec le maintien d'entreprises artisanales détentrices de savoir-faire traditionnels. In fine, l'outil servira également à la politique publique pour espérer atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050, puisque le taux de renouvellement des bâtiments reste fixé à 1% par an. C'est-à-dire que 75% des bâtiments qui seront là à cette date ont d'ores et déjà été construits. Comme il sera impossible de tout barder d'ITE, la réhabilitation énergétique architecturalement responsable constituera une partie de la réponse.
"Le DPE est devenu un vrai critère de négociation pour les acquéreurs" (SeLoger)
