COP24. Un consensus a finalement été trouvé au terme de longues négociations à Katowice (Pologne). Les représentants des 196 nations ont validé les moyens pour mettre en place l'Accord de Paris, signé voilà 3 ans, mais ils n'ont pas rehaussé l'ambition ni le rythme de la lutte contre le réchauffement climatique.

Samedi 15 décembre, tard dans la soirée et avec 24 heures de retard sur le calendrier, les parties des Nations unies ont finalement adopté un ensemble de "lignes directrices" pour parvenir à mettre en œuvre l'Accord de Paris. Michal Kurtyka, président polonais de cette COP24 de Katowice, a déclaré : "Toutes les nations ont travaillé sans relâche. Toutes les nations ont montré leur engagement. Toutes les nations peuvent quitter Katowice avec fierté sachant que leurs efforts ont porté leurs fruits. Les lignes directrices contenues dans le paquet climat de Katowice constituent la base de mise en œuvre de l'accord à partir de 2020". Un moindre mal, selon différents commentateurs, comme l'Ethiopien Gebru Jember Endalew, président du groupe des 47 pays les moins développés : "Bien que certaines parties du paquet auraient pu et dû être plus fortes, les directives adoptées aujourd'hui fournissent une base solide pour commencer à mettre en œuvre l'accord. La prochaine étape, bien sûr, consistera pour les pays à prendre des mesures urgentes et ambitieuses afin de respecter les engagements pris". Les pays auront jusqu'en 2020 pour renforcer leurs ambitions et leurs moyens pour réduire davantage leur impact environnemental.

 

 

Greta Thurnberg (15 ans), presque aussi éloquente que Winston Churchill

 

Aucun progrès n'a donc été fait en Pologne sur l'objectif de limitation du réchauffement global à +1,5 °C d'ici à la fin du siècle, même s'il apparaît que les mesures prises ne suffiront pas à rester sous ce chiffre. Un groupe de quatre pays (Etats-Unis, Russie, Arabie saoudite et Koweït) ont refusé tout accroissement des ambitions, même sans contrainte, tandis que d'autres pays comme le Brésil ou la Turquie ont bloqué des points techniques sur les mécanismes de marché pour les émissions de CO2, réclamant une partie des aides attribuées aux pays les moins riches. "Pour éviter les pertes et dommages dévastateurs du réchauffement, tous les pays, et en particulier les plus responsables de cette crise, qui ont la plus grande capacité d'action, doivent réduire d'urgence les émissions et fournir le financement climatique nécessaire aux pays pauvres qui sont en voie de développement. C'est une question de justice et de survie", a plaidé Gebru Jember Endalew. D'où l'idée de poursuivre le dialogue de Talanoa, débuté entre pays développés - à l'origine du phénomène de l'effet de serre - et les pays pauvres - les premiers à en souffrir - initié lors de la COP23 à Berlin. Et c'est une écolière suédoise de 15 ans, Greta Thurnberg, qui a fait la leçon à tous les décideurs de la planète en énonçant la cruelle réalité lors de l'appel des enfants : "Les souffrances du plus grand nombre paient pour le luxe de quelques-uns".

 

 

Une France très discrète

 

Côté français, la présence a été minimale malgré le rôle d'ange gardien de l'Accord de Paris que la nation aurait pu jouer. Emmanuel Macron ne s'est pas rendu sur place, Edouard Philippe devait être présent mais à décommandé en raison de la situation en France et François de Rugy, ministre d'Etat à la Transition écologique et solidaire n'était présent qu'à la séance inaugurale. C'est sa secrétaire d'Etat, Brune Poirson, qui est restée sur place pendant deux jours et a prononcé un discours au "segment de haut niveau", c'est-à-dire les pays les plus avancés. Dans son allocution, elle a rappelé que "l'Accord de Paris n'était pas qu'un traité international" mais qu'il s'agissait d'un "contrat social", qui obligeait vis-à-vis des populations, où qu'elles soient. Elle a rappelé que la politique française s'appuyait sur une "Stratégie française pour l'énergie et le climat" récemment énoncée (regroupant Programmation pluriannuelle de l'énergie et Stratégie nationale bas carbone), cohérente, permettant de placer le pays sur une trajectoire de limitation à 2 °C du réchauffement global. Brune Poirson a également insisté sur la mobilisation des fonds divers, dont 5 Mrds € par an en 2020 de financements publics pour les mesures d'adaptation. Sur les promesses d'aides de 100 Mrds par an pour les pays du Sud par ceux du Nord, il faudra encore patienter, puisque la secrétaire d'Etat précise que c'est le président de la République française et le Premier ministre jamaïcain, Andrew Holness, qui présenteront des recommandations collectives lors d'un sommet de l'ONU à New York en septembre 2019… Le temps va donc continuer de s'écouler avant que les bonnes intentions ne se transforment en actes.

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