ANNONCE. L'État mettra en place dès l'an prochain un dispositif d'aide pour permettre aux jeunes de trouver une formation ou un emploi, avec, à la clé, une allocation de 500 euros par mois. Dans un long discours, le Premier ministre a dessiné les contours de ce plan. L'opposition crie à la "farce".

Le nouveau plan gouvernemental sera-t-il suffisant pour sortir les jeunes de la précarité et du chômage ? Lors d'un déplacement à la Mission locale pour l'emploi des jeunes de Vitry, dans le Val-de-Marne ce mardi 2 novembre, le Premier ministre Jean Castex, a présenté ce nouveau dispositif qui devrait aider les jeunes à trouver un emploi ou une formation. Ce "contrat d'engagement jeune" sera mis en place en 2022 et s'adresse à "tous les jeunes de 26 ans qui sont durablement sans emploi ni formation, souvent car ils sont sans ressources financières ou familiales, et qui souhaitent s'engager activement dans un parcours vers l'emploi".

 

 

Pour Jean Castex, ce contrat ne s'ajoute pas aux dispositifs déjà existants mais les "remplace", tels que la garantie jeune ou les accompagnements proposés par Pôle Emploi. L'accompagnement proposé dans le cadre de ce contrat sera "intensif et personnalisé", a-t-il souligné. Un référent unique se devra de voir le jeune au moins une fois par quinzaine, et si possible une fois par semaine, afin de lui permettre de trouver un emploi ou une formation dans un délai maximum de 12 mois. Chaque jeune qui signera ce contrat devra s'engager 15 à 20 heures minimum par semaine, "correspondant à des formations qualifiantes, des préparations à l'apprentissage, des mises en préparation professionnelles en entreprise, en collectivité territoriale, au sein d'association ou service civique". "Ils seront coachés sans jamais être laissés seuls face à leurs difficultés, afin d'aboutir à un projet professionnel", a précisé le Premier ministre. Le but est de pousser les jeunes à s'insérer le plus rapidement possible sur le marché de l'emploi. En contrepartie, le jeune bénéficiera, sous conditions de ressources, d'une allocation de 500 euros par mois pendant la durée du parcours, et pour une durée maximale de 12 mois. Le contrat est renouvelable 6 mois mais "dans des cadres très particuliers" que le Premier ministre n'a pas spécifié.

 

Allocation coupée en cas de non-respect

 

En cas de non-respects des engagements prévus par le contrat ou du refus injustifié de prendre un emploi ou de suivre une formation qualifiante, le contrat sera rompu, tout comme le versement de l'allocation. À travers une application qui sera bientôt mise à disposition, les jeunes auront un espace personnalisé, pourront dialoguer avec leurs conseillers référents et auront accès à des offres d'alternance, de stage, de formation ou d'emplois pour mieux construire leur projet. Cela donnera également la possibilité au référent de suivre les avancées de ceux qui cherchent à reprendre une activité.

 

Le contrat entrera rentrera en vigueur progressivement à compter de janvier prochain et se déploiera complètement à partir de mars 2022, s'étalant sur l'ensemble de l'année au fur et à mesure des recrutements des jeunes dans le dispositif. Le gouvernement s'est fixé pour objectif d'accompagner au moins 400.000 jeunes en 2022. Il sera proposé par les 1.400 sites et antennes des Missions locales mais aussi par les 900 agences de Pôle emploi et "par d'autres opérateurs qui connaissent bien ces publics dans les mêmes conditions et avec des moyens que nous allons accroître", a justifié le Premier ministre.

 

2 milliards d'euros réservés au lancement de ce contrat


Le gouvernement investira à hauteur de 5,4 milliards d'euros dans le plan "1 jeune, 1 solution" en 2022. Quant à la prime à l'alternance, celle-ci sera prolongée au premier semestre de cette même année. Le contrat d'engagement jeune s'appuiera sur les crédits du plan gouvernemental "1 jeune, 1 solution", en bénéficiant d'une enveloppe de 2 milliards d'euros. De plus, le gouvernement compte introduire le mercredi 3 novembre un amendement au projet de loi finance pour 2022, ce afin "d'inscrire un supplément de crédit de 550 millions d'euros destiné à renforcer l'intensité des parcours, de densifier l'accompagnement et mettre en place des actions spécifiques pour les jeunes en grande précarité". Alors que la course à la présidentielle a déjà commencé pour certains, le Premier ministre, sans citer certains partis politiques favorables à l'allocation universelle pour tous les jeunes, a écarté la mise en place d'une telle mesure. "Nous ne croyons ni à l'allocation universelle ni au RSA jeunes", a-t-il affirmé, expliquant que cela permettrait d'éviter le "risque d'installer une prime à l'inactivité".

 

Le représentant de l'État a rappelé que la jeunesse a été l'une des principales victimes de la crise du Covid-19. "J'avais été marqué par l'explosion du chômage des jeunes qui avait caractérisé la crise de 2008-2009 dans notre pays où le taux de chômage des jeunes est structurellement plus élevé que chez nos voisins", a-t-il confié. À la demande du président de la République en 2020 de faire de l'emploi des jeunes une priorité du plan de relance, le gouvernement a chiffré les objectifs, considérés comme "atteints" des solutions mises en place pour les jeunes afin de stimuler les embauches. "Contrairement à 2008, nous avons su, cette fois-ci, éviter le pire et effacer les effets de la crise puisque, fin septembre 2021, le chômage des jeunes a retrouvé son niveau d'avant crise, de décembre 2019."

 

525.000 contrats d'apprentissage signés l'an dernier

 

2,4 millions de jeunes ont été embauchés en CDI ou en CDD de plus de trois mois en 2021, selon l'État. Plus d'un million d'entre eux sont entrés dans un parcours d'insertion entre août 2020 et août 2021. 525.000 contrats d'apprentissage ont été signés l'an dernier, "un record" pour le Premier ministre, et 480.000 depuis le début de l'année 2021. "On nous disait que la croissance mettrait du temps à repartir et qu'il nous faudrait plusieurs années pour retrouver les niveaux d'avant crise. La reprise est là, bien plus vigoureuse que ce que les experts attendaient", s'est réjoui Jean Castex, qui s'est également félicité du taux de chômage de l'ensemble des actifs, "revenu à son niveau le plus bas depuis 12 ans". Il a toutefois concédé que le chômage restait encore à un niveau trop élevé, concernant ainsi 8% de la population active. Il a signalé qu'il se fait interpeller à chaque déplacement par de nombreuses entreprises et associations, tout secteur confondu, qui connaissent "des difficultés croissantes à recruter des salariés". Au moins 300.000 emplois sont à pourvoir à l'heure actuelle, selon des chiffres de la Banque de France.

 

Malgré le lancement l'an dernier du plan gouvernemental "1 jeune, 1 solution", 20% des jeunes actifs sont encore au chômage. Un million sont sans emploi, ni formation, dont 500.000 qui le sont durablement. Certains, comme l'a pointé le Premier ministre, "ne disposent souvent pas de réseau familial ou amical à même de les soutenir et de les accompagner dans leur démarche". Selon lui, la prochaine réforme de l'assurance chômage, prévue pour entrer en vigueur le 1er décembre prochain, "permettra de lutter contre les contrats courts et donc contre la précarité, en incitant à la reprise d'activité".

 

 

L'annonce du contrat d'engagement jeune a fait grincer certains politiques. Jean-Luc Mélenchon, président de la France Insoumise et candidat à l'élection présidentielle de 2022, a qualifié ce plan de "farce cruelle" et démontré qu'un engagement de 20 heures par semaine reviendrait à être payé cinq euros de l'heure. Le secrétaire général d'Europe Écologie - Les Verts, Julien Bayou, pense, lui, que "la jeunesse mérite mieux que ce gouvernement" et que ce revenu d'engagement "est un énième coup politique avant la présidentielle de 2022".

 

Les autres partis politiques n'ont, à l'heure où nous publions, pas encore réagi à cette annonce. De son côté, la présidente du syndicat d'étudiants l'Union nationale des étudiants de France (Unef), Mélanie Luce, a déclaré dans une interview à BFMTV que ce dispositif était "largement insuffisant".

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