D'après une étude réalisée par l'assureur-crédit Euler Hermes passant au crible les secteurs industriels dans le monde, le marché de la construction en Europe est en berne, faute d'investisseurs. Au final, les chutes de logements persistent en Espagne, Italie et aussi en France alors qu'une "reprise encore fragile" se précise aux Etats-Unis. De leur côté, le Brésil, la Chine ou l'Inde où les besoins d'infrastructures restent immenses observent des éclaircies.

En préambule de son étude "Europe-États-Unis : le grand écart des dynamiques sectorielles", dévoilée le 6 mars 2013, l'assureur-crédit Euler Hermes rappelle que la construction, "clef de voute des infrastructures et du logement", occupe une place importante dans l'économie. "L'internationalisation du secteur est également accentuée par la compétition que se livrent les majors en dehors de leurs frontières d'origine", souligne-t-il. Et d'ajouter : "Pour l'année 2012, on peut estimer que l'ensemble du marché mondial de la construction s'est élevé en valeur nominale à 9.100 milliards de dollars soit une croissance de +2,5%, signe du dégonflement des diverses bulles immobilières." Les perspectives 2013 laissent augurer de performances similaires avec des évolutions divergentes selon les pays et la concomitance de sorties de crise et l'émergence de nouvelles difficultés, entrevoit l'assureur-crédit.

 

Europe-Etats-Unis : l'écart se creuse
Premier constat de l'étude : "l'écart se creuse notamment entre l'Europe et les États-Unis, avec une production manufacturière toujours en net rebond pour ce dernier, à +4,2% en 2012, mais en franche rechute à -2,2% pour l'Union Européenne, et en particulier pour la zone euro à -2,5%", commente Ludovic Subran, chef économiste Euler Hermes. Les quatre principaux pays membres de la zone enregistrent un recul de l'activité : -0,8% en Allemagne, -2,7% en France, -6,7% en Italie et -6,4% en Espagne. Cet écart s'explique en partie par des différences structurelles de compétitivité, à court terme. "Et le marché de la construction en est le plus criant exemple", explique Nicolas Delzant, président du directoire Euler Hermes France dans un communiqué. Alors que les États-Unis affichent une belle croissance de +13% des ventes en 2012, l'Europe subit une très forte dégradation de -8% allant jusqu'à -14% en France.''

 

La vieille Europe en déclin
Constat global : le marché de la construction en Europe est toujours en difficulté faute d'investisseurs et malgré des taux d'intérêt au plus bas, affichant une contraction de -5,3% par rapport à 2011. L'Espagne enregistre une chute de sa production de nouveaux logements tombant fin 2012 à 50.000 unités soit près de 6,5% de son pic d'avant-crise à 800.000 unités alors que les perspectives se détériorent également en Italie et en France, avec quelque 300.000 nouveaux logements français annoncés en 2013, contre un besoin annuel de 500.000 unités. Le constat est identique au Royaume-Uni qui a bénéficié d'un rebond par l'investissement public, précise Euler Hermès. De plus, on assiste à un ralentissement d'activité dans des pays de l'Est. C'est le cas de la Pologne où les mises en chantier étaient en baisse de -7% à fin octobre 2012 et les projets de construction de routes de plus en plus discutés avec des financements européens de plus en plus contraints et réglementés.

 

Une reprise fragile de la construction américaine
Concernant la conjoncture américaine, l'assureur-crédit constate dans son étude une "reprise encore fragile de la construction" malgré une production manufacturière toujours en hausse en 2012 (+4,2%). "Le redressement du secteur de la construction est encore tenu avec des volumes restant à des niveaux très faibles", poursuit l'analyse. Toutefois, d'après elle, "le nombre de maisons disponibles à la vente est revenu à un niveau acceptable à 1,6 million d'unités contre 3,2 millions en pleine crise". Les prix immobiliers sont modérément repartis à la hausse et les mises en chantier sont également en augmentation.

 

Les pays émergents sur la bonne lancée de 2012
Par ailleurs, l'investissement immobilier en Chine est désormais sous contrôle avec un accès à la propriété resserré assure Euler Hermes. Ainsi, les prix des logements sont donc contenus au risque de pénaliser les finances locales. À Pékin, leurs prix ont baissé de -7,6% en 2012, souligne, l'assureur-crédit. L'Inde dispose également d'un réservoir d'activité pour la construction compte tenu de ses besoins cruciaux de logements, d'une population croissante, et d'une politique offensive de construction de barrages sur le Gange. Et au Brésil, les besoins en infrastructures (70 Mds d'euros par an), et en investissement immobilier (100 Mds d'euros par an) restent également considérables. L'organisation de la coupe du Monde de football en 2014 (7,5Mds euros) représente, en effet, une belle aubaine pour le secteur, conclut l'assureur-crédit.

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