DELIBERATION. Ce 2 juillet 2018, le conseil municipal de Paris a approuvé à une très courte majorité le projet de Zone d'aménagement concerté (ZAC) de Bercy-Charenton, dans le 12e arrondissement de la capitale. Malgré l'intérêt économique du futur quartier, les critiques sont toujours aussi nombreuses à son encontre.

Le conseil municipal de Paris a donc voté en faveur du projet de Bercy-Charenton ce lundi 2 juillet. A cinq voix près, les élus de la capitale ont approuvé la ZAC de 80 hectares censée prendre ses quartiers dans le 12e arrondissement, entre le périphérique et l'échangeur de l'A4, au milieu des faisceaux ferroviaires des gares de Lyon et Bercy, qui est en fait l'une des dernières grandes emprises foncières de la ville. Le projet ambitionne d'accueillir 9.000 nouveaux habitants et devrait faire sortir de terre des équipements publics, des bureaux, des commerces, des hôtels, des logements (dont 57% de sociaux), un jardin de deux hectares et surtout, mesure la plus emblématique mais aussi la plus controversée, six tours "écologiques" dont la plus haute atteindra les 180 mètres de haut. Avec à la clé, selon la mairie de Paris, la création de 12.600 emplois. L'édile (PS) de la capitale, Anne Hidalgo, s'est félicitée, à l'issue du scrutin, de la validation d'un projet "d'urbanisme délicat qui prend soin des habitants et prend en compte la mixité des fonctions de la ville". Batiactu s'était déjà intéressé à ce projet de ZAC et à ses six tours de plain-pied, qui doivent recourir à des solutions innovantes en termes d'économies d'énergie.

 

Beaucoup d'oppositions, y compris dans la majorité municipale

 

Conçue par l'agence de l'architecte britannique Richard Rogers, la ZAC de Bercy-Charenton se fixe pour objectif de prolonger le caractère métropolitain de la capitale vers la petite couronne (ici Charenton-le-Pont), en désenclavant et en aménageant un quartier qui n'assimilerait plus le périphérique comme une césure. Il n'empêche que le projet divise grandement les responsables politiques franciliens, et jusqu'au sein-même de la majorité municipale. Nombre d'édiles ont commenté cette décision à l'AFP, à commencer par Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris chargé de l'urbanisme : "Nous devons transformer les portes de Paris en places du Grand Paris".

 

Du côté de l'opposition, on dénonce une "surdensification et une bétonisation", un constat partagé par la droite et le centre ainsi que par les écologistes, pourtant membres de l'alliance de gauche soutenant Anne Hidalgo. "Qui oserait prétendre qu'il rêve d'un avenir radieux dans une des six tours, coincé entre les voies ferrées, le périphérique et un nœud autoroutier saturé", a taclé Florence Berthout, présidente du groupe LR au conseil municipal. Pierre-Yves Bournazel, membre du groupe Agir (favorable à Macron), a demandé pour sa part une "votation citoyenne", en vain. Chez l'UDI-Modem, Eric Anzière a dénoncé "un projet sans vision, sans respiration", un quartier "enclavé géographiquement et socialement". Les écologistes ont, quant à eux, lancé une pétition demandant l'organisation d'un référendum, arguant que la ZAC s'inscrivait dans une "vision d'un autre temps" et que les six tours ne "respectaient pas le plan climat de la ville". A La France Insoumise, Danielle Simonnet a qualifié le projet de Bercy-Charenton de "mini-Défense". Quant aux macronistes, ils ont voté en faveur du chantier tout en proposant quelques aménagements, tandis que le groupe communiste a fait de même, en saluant la création de logements sociaux.

 

En revanche, il y a un point sur lequel tous les élus s'accordent : l'absence d'offre de transports dans la future ZAC. C'est pourquoi la mairie de Paris demande à Valérie Pécresse, présidente (LR) de la région Ile-de-France et de l'autorité organisatrice Ile-de-France Mobilités, d'y faire construire une gare du RER D et d'aménager des itinéraires de bus et tramways.

 

Une procédure longue… et loin d'être terminée

 

 

La conception du nouveau quartier Bercy-Charenton date de 2008. Depuis 2009, le projet fait l'objet d'une vaste concertation avec toutes les parties prenantes. En 2016, l'étude d'impact et l'enquête publique ont été formulées, puis le projet a été validé par une commission d'enquête, laquelle a émis des requêtes et des recommandations, suivies des faits. Et maintenant ? Au-delà de la délibération officielle, le conseil municipal a adopté ce 2 juillet le protocole foncier avec la SNCF, la déclaration de projet emportant mise en compatibilité du PLU, la création et la réalisation de la ZAC ainsi que le contrat de concession confiant la réalisation de l'aménagement à la Semapa (Société d'économie mixte d'aménagement de Paris). Autrement dit, l'ensemble des procédures et documents nécessaires au démarrage des travaux ont été ratifiés, permettant désormais le passage à la phase opérationnelle. Sauf si des recours sont déposés contre cette décision municipale ou contre les futurs permis de construire.

 

Ce dossier met malgré tout en lumière les divergences quant à l'utilité et l'esthétique des tours, sans parler de leur coût financier et de leur impact environnemental. En outre, c'est aussi la question de la densité de population qui est posée à travers la problématique des gratte-ciel : avec des objectifs annuels de créations de logements à respecter et un prix du foncier très élevé, la ville de Paris a tout intérêt à rentabiliser la moindre acquisition, quitte à choisir des solutions en hauteur.

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