FINANCES PUBLIQUES. La Banque Postale et l'Association des maires ruraux de France se sont associées pour réaliser une étude inédite sur la santé financière des communes rurales. Celles-ci représentent tout de même 91% du total des communes françaises, regroupent 21,4 millions d'habitants (soit 33% de la population) et ont géré en 2017 un budget de 22 milliards d'euros.

L'assureur La Banque Postale (via sa branche collectivités locales) et l'Association des maires ruraux de France (AMRF) ont noué un partenariat pour réaliser une étude inédite sur la santé financière des communes rurales, baptisée "Regard financier sur les communes de métropole jusqu'à 3.500 habitants". Il en ressort une analyse riche d'enseignements sur cette catégorie de collectivités territoriales souvent négligée, car devant se frayer un chemin entre les communes plus importantes et les autres échelons - intercommunalités, départements, régions - sur la scène publique.

 

 

6,5 milliards d'euros consacrés à l'investissement local

 

Alors concrètement, que nous apprend cette étude ? Au 1er janvier 2017, la DGCL (Direction générale des collectivités locales) et la Banque Postale comptabilisaient 32.227 communes métropolitaines allant jusqu'à 3.500 habitants (ici considérées comme communes "rurales"), soit 91% du total des communes. Ces collectivités regroupaient alors environ 21,4 millions d'habitants, soit 33% de la population hexagonale. Toujours en 2017, les communes rurales ont géré une enveloppe de 22 milliards d'euros, ce qui représentait 24,8% du montant total des dépenses des communes de métropole. Sur ces 22 milliards, une part de 6,5 milliards a été affectée à l'investissement local (les remboursements de dettes étant exclus du calcul).

 

Un habitant de commune rurale a une dette de 634 €

 

L'épargne brute des communes rurales s'est chiffrée en 2017 à 3,5 milliards d'euros, soit 31,5% du montant total de l'épargne des communes métropolitaines. Une somme qui a permis de financer les investissements locaux tout en limitant les recours à des emprunts. A la fin de l'année dernière, l'encours de la dette était de 13,6 milliards d'euros (21,4% de l'encours total), soit une dette de 634 € par habitant, un niveau deux fois moins élevé que celui de la dette des autres communes, qui atteignait les 1.133 € par habitant.

 

Evidemment, la Banque Postale souligne dans son étude que ces données sont à recontextualiser, sachant que des différences existent naturellement dans plusieurs domaines. Dans un communiqué, l'AMRF apporte des précisions à ce sujet : "Ces ratios présentent également des disparités importantes tant au niveau géographique (particularité des communes de montagnes), qu'au niveau des strates démographiques ; les communes de 2.000 à 3.500 habitants, qui sont souvent des centres-bourgs dans les zones rurales, ont des ressources et des dépenses par habitant plus élevées que les communes de moins de 500 habitants, et s'approchent davantage de ce qu'on peut constater pour les communes de plus grande taille".

 

 

Une capacité de désendettement inférieure à 4 ans

 

Dans le détail catégoriel des recettes et des dépenses, on notera que les dépenses de gestion et de personnels des communes rurales pèsent respectivement pour 13,3 et 6,1 milliards d'euros (contre respectivement 50,5 et 29,8 milliards pour les autres communes). Les recettes fiscales nettes des communes jusqu'à 3.500 habitants s'élèvent à 9,8 milliards (40,9 pour le reste des communes), ce qui leur garantit une capacité de désendettement d'une durée moyenne de 3,9 ans (6,5 ans pour les autres). Ce qui fait dire à l'AMRF : "Les communes rurales sont de bonnes gestionnaires : elles dépensent moins mais investissent plus".

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