Sur fond d'envolée du prix du pétrole, la conférence diplomatique sur les énergies renouvelables, qui s'est déroulée la semaine dernière à Bonn, a débouché sur quelques avancées concrètes.

L’Allemagne, qui organisait cette conférence, s’estime satisfaite des engagements pris même si dans une déclaration symbolique, les 150 Etats présents n’ont pas été en mesure de fixer des objectifs chiffrés. Elle prend seulement "note" des objectifs chiffrés que certains pays ont adoptés ou vont adopter pour augmenter la part de ces filières dans leur consommation d'énergie à l'horizon 2010 ou 2015.
La résistance des Etats-Unis a donc été la plus forte et les défenseurs des énergies renouvelables n'ont pas réussi à arracher aux Américains que la communauté internationale reconnaisse la nécessité d'agir de concert sur ce dossier, à la grande satisfaction de la France d’ailleurs.

La conférence a néanmoins débouché sur l'adoption de deux autres documents moins controversés. Il s'agit de "Recommandations (sur les) politiques" à suivre et d'un volumineux Plan d'action recensant 165 politiques ou programmes en faveur de l'éolien, du solaire et des autres filières d'avenir.
Toutefois, ces "actions" des Etats, des bailleurs de fonds, du secteur privé et des ONG, ne sont pas toutes nouvelles. Beaucoup sont en fait déjà lancées ou relèvent de bonnes intentions.

Le chancelier Gerhard Schroeder, qui a inauguré jeudi la partie ministérielle de l'événement de quatre jours, en a profité pour dénoncer la dépendance du pétrole de la communauté internationale, fustiger le terrorisme et faire la promotion des énergies renouvelables. Il a vanté sa politique nationale, qui a permis à son industrie d'occuper une place dominante sur les marchés de l'éolien et du solaire.
Il en a profité pour annoncer à la dernière minute une rallonge de crédits de 500 millions d'euros sur cinq ans pour des prêts bonifiés au Sud en faveur des énergies propres. Ce chiffre s'ajoutera au milliard d'euros sur cinq ans qu'il avait déjà annoncé en 2002 à Johannesburg pour des opérations identiques.

Ces crédits prêtés aux pays du Sud sont particulièrement bienvenus car plusieurs d’entre eux ont compris l’intérêt que pouvait représenter une politique audacieuse dans ce domaine. Le plus en pointe est certainement les Philippines qui ont décidé de doubler la part des énergies renouvelables, pour atteindre 40 % en 2013. Le pays souhaite devenir le numéro un mondial de l'électricité géothermique, avec 4 700 MW installés.

Plus symbolique, la Chine, qui s’est lancé à corps perdu dans le nucléaire et dont la croissance exponentielle est un des facteurs de la hausse vertigineuse des prix du pétrole, a annoncé qu'elle chercherait à porter à quelque 10% la part des énergies renouvelables dans sa production d'électricité.

Enfin, plusieurs institutions internationales, Banque mondiale et Banque européenne d'investissements notamment, ont également annoncé de nouveaux financements.
La première a fait savoir qu'elle accroîtrait de 20% en moyenne par an dans les cinq prochaines années ses prêts bonifiés en faveur des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique.
La Banque mondiale consacre actuellement quelque 200 millions de dollars par an aux énergies renouvelables (solaire photovoltaïque principalement pour la production d'électricité) et à l'efficacité énergétique (réduction de la consommation d'énergie).
De son côté, la Banque européenne d'investissements a promis d'augmenter ses prêts en faveur des énergies vertes de 700 millions d'euros par an d'ici 2010. Ses opérations sur le dossier ont totalisé 1,6 milliard d'euros sur la période 1999-2003, selon son communiqué.

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