L'heure est encore à l'économie dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, avec les salaires des cadres qui continuent de stagner et des parts variables qui diminuent, détaille la dernière étude de rémunération du cabinet Hays. Autre constat : les entreprises recherchent des candidats plus expérimentés, autonomes et en mesure de rationaliser les coûts de construction. Explications.

Dans sa dernière étude annuelle de rémunération*, publiée en janvier 2016, le cabinet de recrutement Hays observe une stagnation des salaires des cadres ainsi qu'une diminution des parts variables, ce qui correspond aux participations d'intéressements et primes individuelles.

 

"Avec des salaires qui continuent de stagner et des parts variables qui diminuent, l'heure est à l'économie", nous indique Cyril Lecacheur, directeur régional adjoint BTP, du cabinet Hays recrutement. Effectivement, les salaires des conducteurs de travaux ayant trois ans d'expérience n'ont pas évolué : ils gagnent entre 28 et 34 K euros par an contre 50/60 K euros par an pour ceux qui ont plus de huit ans d'expériences.

 

"Le poste de conducteur de travaux demeure très recherché"

 

"Le poste de conducteur de travaux demeure très recherché, souligne Cyril Lecacheur. Il est responsable de l'aspect opérationnel du chantier, il gère les équipes et veille au respect des délais, de la qualité et de la sécurité. Il intervient depuis l'étude préliminaire d'un dossier jusqu'à la livraison de celui-ci voire au-delà."

 

D'ailleurs, le début de carrière se fait généralement au poste d'aide conducteur de travaux, pour évoluer en tant que conducteur de travaux principal - débutant entre 45 et 55 K euros par an- et enfin directeur de travaux ou d'exploitation pouvant débuter entre 55 et 65 K euros par an.

 

A noter également qu'un ingénieur commercial de moins de trois ans d'expérience perçoit lui entre 35 et 45 K euros par an contre plus de plus 70 K euros par an pour un ingénieur de plus de huit ans d'expérience.

 

Autre constat de l'étude Hays : Les rémunérations en régions sont stables. "Pour les compétences pénuriques (Etudes de prix, Méthodes, BIM manager) l'écart est d'environ - 5%, nous confirme Cyril Lecacheur. Les embauches stagnent au sein des majors alors que les PME gagnent en visibilité."

 

"La priorité est donnée à la mobilité interne pour combler les besoins"

 

De plus, la hausse du nombre de projets en conception engendre une réorganisation des services, qui se dotent de compétences supplémentaires en Etudes de prix et en Méthodes, souligne aussi l'étude. "C'est pourquoi, les recrutements concernent davantage le secteur du Bâtiment, notamment en second oeuvre, boostés par la rénovation, explique le responsable BTP du cabinet de recrutement. Les entreprises générales restent alors en retrait malgré une hausse de 20% des logements neufs."

 

Avant d'ajouter : "La priorité est donnée à la mobilité interne pour combler les besoins."

 

S'agissant des entreprises de TP, elles ne créent pas de nouveaux emplois mais remplacent certains départs, estime l'étude. "Seul, sur la maîtrise d'œuvre et les bureaux d'Etudes, un léger rebond dans la demande de profils techniques a été constaté", complète le cabinet de recrutement. Néanmoins, certains profils rares et stratégiques peuvent se voir offrir de belles propositions comme les BIM Manager, commerciaux, cadres en Etudes de prix. Précisons qu'un ingénieur en études de prix débute entre 38 et 42 K euros par an.


Repli et déploiement

 

Côté perspectives pour 2016, le cabinet de recrutement affiche une certaine prudence : "N'ayant quasiment plus de marge de progression, les groupes de BTP ont atteint en France leur taille critique, témoigne Cyril Lecacheur. Ainsi, ils ont tendance à se replier au niveau national pour intensifier leur déploiement à l'international."

 

En revanche, les acteurs indépendants et les grosses PME ont encore la possibilité de croître sur des activités sur lesquelles ils ne sont pas encore positionnés, notamment sur des projets de réhabilitation en milieu occupé, en PPP ou enfin en immobilière. "Ce sont au final ces acteurs entre 20 millions et 800 millions d'euros de chiffre d'affaires qui seront en phase de croissance", estime Hays.

 

Et de conclure que "les entreprises espérant voir leur activité s'améliorer au premier semestre 2016 recherchent avant tout des candidats toujours plus expérimentés, autonomes et en mesure de rationaliser les coûts de construction."

 

*Méthodologie
Cette étude de rémunération a été élaborée grâce à un panel constitué, à l'échelle nationale, de plus de 3 200 candidats et clients.* Chacune des grilles indique les salaires pratiqués en fonction des années d'expérience acquises au poste concerné. Les rémunérations sont exprimés en Kilos Euros annuels bruts et ne tiennent pas compte des éléments variables et des avantages en nature, excepté pour les postes en Commercial, Marketing & Communication.

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