Suspendus pendant plus d'un an à la suite d'une rare polémique sur le bien fondé du projet de l'architecte français Paul Andreu, les travaux du grand opéra de Pékin vont finalement pouvoir débuter, les autorités chinoises ayant enfin donné leur feu vert définitif.

François Tamisier, le chef de projet de l'agence Paul Andreu à Pékin, a précisé à l'AFP que la Commission nationale de la planification du développement avait finalement donné son aval au projet de l'architecte français.

Ce projet prévoit la construction d'un immense ellipsoïde de titane partagé en deux par une grande verrière courbe. Posé sur l'eau comme une île, il est accessible par une galerie de verre située juste au-dessous du niveau de l'eau. L'intérieur est un monde de courbes enchaînées et superposées, composant un espace plus complexe de salles annexes et de terrasses, avec toute une gradation de zones d'ombres profondes ou douces, de lumières tamisées ou violentes.

Ce bâtiment dont les dimensions sont très semblables à celles du Grand Palais à Paris, est situé à l'ouest de la célèbre place Tiananmen, juste derrière le Palais du Peuple, le siège très stalinien du parlement chinois.

Le bâtiment, d'une superficie totale de 149.500 mètres carrés, comportera trois salles au total, un opéra proprement dit pouvant accommoder 2.416 spectateurs, une salle de concert de 2.017 places et un théatre comportant 1.040 places, a précisé M. Tamisier.

Le feu vert marque la fin d'une longue attente pour l'architecte français qui avait dès l'été 1999 annoncé avoir obtenu le feu fert des plus hautes instances du régime, notamment du président chinois Jiang Zemin.

Mais ce dernier s'était par la suite retrouvé au centre d'une controverse inédite dans un pays où les autorités n'ont pas pour habitude de devoir justifier leurs décisions.

Après la suspension à la dernière minute d'une cérémonie de lancement des travaux en avril 2000, la construction avait été brutalement stoppée durant l'été 2000 à la suite de la diffusion de deux pétitions d'intellectuels et 150 architectes accusant le projet de défigurer le centre historique de Pékin en rejetant les normes architecturales chinoises. Les critiques portaient également sur le coût exorbitant de ce projet, notamment au niveau de la maintenance, le nettoyage de "la bulle" risquant de poser de nombreux problèmes.

Ainsi, Andreu a dû revoir son projet à la baisse et renoncer à un dépassement d'environ 25% du budget initial fixé à 2,6 milliards de yuans (314 millions de dollars). Le budget atteindra finalement 2,688 milliards de yuans (324 millions USD), a indiqué M. Tamisier.

Après une interruption de plus d'un an, les travaux "préliminaires" de terrassement avaient repris discrètement en mai dernier pour s'achever à l'automne. La construction proprement dite devrait débuter prochainement, immédiatement après l'obtention du permis de construire et s'achever fin 2004.

Avec ce chantier, c'est une partie de la technologie française qui s'exporte. Ainsi, le CSTB est associé à ce projet en ce qui concerne l'acoustique. Il est notamment chargé de toutes les études acoustiques au niveau de l'avant projet détaillé et a développé pour ce chantier un logiciel permettant avoir d'écouter le son de la future salle de spectacle avant même sa conception.

Une star en Chine

A l'image d'Ieoh Ming Pei, en France, Paul Andreu est une véritable star en Chine.
Outre l'Opéra de Pékin, on lui doit l'aéroport de Pudong à Shanghai, qui a ouvert ses portes en octobre 1999 et le stade multifonctionnel de Canton (sud), inauguré en juillet dernier.
En août enfin, les autorités de Shanghai ont retenu son projet de construction d'un centre d'art oriental à Pudong, qui devrait également voir le jour en 2004.

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