INNOVATION. L'énorme salon Consumer Electronics Show vient de débuter à Las Vegas (Etats-Unis). Un événement qui donne les tendances du marché de l'électronique grand public. Entretien avec Pierre-Yves Hasbrouck, responsable Marketing, Innovation & Nouveaux usages chez Legrand, géant français qui y présente de nombreuses nouveautés.

"C'est la 3e fois que Legrand dispose d'un stand au CES de Las Vegas", nous annonce d'emblée Pierre-Yves Hasbrouck, responsable Marketing, Innovation et Nouveau usages chez le géant français des équipements électriques et numériques du bâtiment. Une troisième participation placée sous le signe des "expériences connectées" qu'il s'agisse d'habitat ou d'espaces de travail. Le groupe est ainsi lancé depuis deux ans dans le programme Eliot (pour "Electrique & IoT") avec son partenaire Netatmo. "Le but est de développer l'offre connectée en l'enrichissant. Legrand c'est 80 familles de produits dont 30 sont déjà connectées, comme les prises, les interrupteurs, les boîtiers électriques… L'objectif suivant sera de 40 familles de produits connectées d'ici à 2020". Car la croissance du chiffre d'affaires de ces gammes explose : +28 % par an en moyenne !

 

 

"En 2018, la plateforme d'interopérabilité Works with Legrand a été ouverte et voit se connecter en moyenne 35 nouveaux partenaires par mois, industriels, promoteurs ou startups…", nous précise Pierre-Yves Hasbrouck. Grâce à la forte expertise de Netatmo dans les applications et le cloud, le groupe accélère ainsi le déploiement de l'Internet des objets dans ses familles de produits. "Simples, malins, robustes, faciles d'usage, cela colle aux ambitions de Legrand", poursuit le responsable Marketing. Pour le CES 2019, deux solutions "intelligentes" seront donc présentées sur le stand : un interrupteur avec assistant vocal intégré (capable de relayer Amazon Echo, Google Home ou Apple Siri) et un portier connecté. Le spécialiste des nouveaux usages l'assure : "Le pouvoir d'attraction est très fort sur nos clients. Il est difficile après de s'en passer. Un confort au quotidien est apporté et leur emploi devient naturel". Selon cet expert, on assisterait ainsi au passage de l'assistant vocal du téléphone portable vers l'infrastructure, "comme le GPS est passé d'un objet ventousé au parebrise directement dans le tableau de bord".

 

Des utilisateurs largement demandeurs de connectivité

 

Pour Legrand, qui a diligenté Ifop pour mener une enquête mondiale (France, Etats-Unis, Chine), les attentes seraient grandes de la part des utilisateurs. Jérôme Boissou, responsable du programme Eliot, relate : "Les résultats de cette étude confirment notre stratégie d'augmenter durablement la valeur d'usage de nos produits en y intégrant de nouvelles fonctionnalités tout en respectant l'utilisateur. L'intégration des technologies dans le bâtiment et les usages qu'elles permettent dans le résidentiel comme dans le tertiaire, suscitent un réel intérêt de manière globale. Legrand s'appuie sur les habitudes, les cultures et les normes locales pour développer des solutions adaptées sur chacun des marchés". Ainsi, en Chine, le niveau d'équipement en objets connectés serait de 25 %, devant les Etats-Unis (17 %) et la France (16 %). Le groupe estime que les utilisateurs y voient un moyen de simplifier leur vie quotidienne tout en renforçant la sécurité de leur domicile, en diminuant les consommations d'énergie et en améliorant le confort et le bien-être.

 

Trois usages se détachent : être alerté en cas de danger, vérifier à distance l'état des équipements électriques et contrôle ce qu'il se passe chez soi pendant son absence. La simulation de présence intéresserait également les différents marchés sondés. L'étude souligne "un réel intérêt des particuliers" pour le pilotage par la voix des équipements du domicile, la programmation à distance, la reconnaissance faciale pour autoriser les accès ou l'identification et la création de routines. En France, où les consommateurs sont peut-être plus méfiants qu'ailleurs, le groupe a souhaité savoir sur quels critères les utilisateurs avaient besoin d'être rassurés. Tout d'abord sur la facilité d'emploi des solutions ou des objets connectés (92 %) puis sur leur durée de vie (91 %), sans doute alertés par les questions d'obsolescence programmée. Enfin, les Français souhaitent contrôler la sécurité de leurs données personnelles (90 %). Rares seraient les personnes réellement réfractaires aux objets connectés (4 % en France, 8 % aux Etats-Unis, seulement 1 % en Chine).

 

Connecté chez soi et au bureau, sans discontinuer

 

 

Du côté du tertiaire, Legrand expose à Las Vegas deux autres produits. Tout d'abord un bloc autonome d'éclairage sécurité, lui aussi connecté. "Une référence clé qui facilitera leur maintenance/entretien", selon Pierre-Yves Hasbrouck. La vérification des batteries de ces blocs d'éclairage de secours, qui doivent s'allumer en cas de coupure de courant, pourra notamment être centralisée ce qui simplifiera la gestion de parcs étendus et dispersés sur plusieurs bâtiments (universités, hôpitaux…). "Là, un état des lieux se génère automatiquement", nous précise-t-il. Autre nouveauté, le capteur multi-technologique "Smart Sensor" développé avec Microsoft et BNP Paribas Real Estate pour collecter des données variées : présence, qualité de l'air, concentration de CO2, bruit… Autant d'informations qui pourront être utiles aux gestionnaires de biens. "Ils pourront développer des solutions en liaison avec Office 365 pour gérer les salles de réunion par exemple, ce qui est une vraie problématique. Le capteur fera la chasse aux réunions fantômes. Mais il sera également utile pour visualiser les circulations dans le bâtiment, ou l'utilisation des espaces, tout cela pour apprendre de l'usage des locaux et optimiser les bureaux afin que les utilisateurs bénéficient d'espaces de travail plus pratiques", nous raconte le directeur marketing.

 

L'enquête Ifop-Legrand révèle, pour ces espaces tertiaires, que les différents usages des objets connectés suscitent également un fort intérêt en Chine et en France. "Ces résultats sont révélateurs d'une tendance de fond : la connectivité n'a pas de frontières puisqu'elle accompagne l'utilisateur au quotidien, chez lui comme au travail", note le groupe. Son directeur Marketing, innovation & Nouveaux usages ajoute : "Par rapport aux inquiétudes sur le coût, il faut savoir que connecter un appartement est l'équivalent du prix d'un smartphone, soit quelques centaines d'euros. Par rapport à la complexité d'installation, les produits se configurent seuls et se reconnaissent entre eux". Il nous indique d'ailleurs la signature d'un partenariat avec Bubendorff pour que les volets roulants de cette marque soient intégrés dans l'application Legrand. Selon le géant des équipements électriques, la promotion immobilière serait déjà prête pour le logement connecté. Des offres packagées reposant sur un "starter kit" plus des options par pièces devraient, à l'avenir, être proposées. Du côté des professionnels, pas moins de 3.000 électriciens passent, chaque année, dans les centres de formation Legrand, l'occasion pour eux d'être sensibilisés à ces nouvelles technologies numériques. Tout est donc prêt pour que la domotique explose finalement.

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