TRANSITION ÉNERGÉTIQUE. Confortés par les bons résultats du plan de sobriété énergétique lancé à l'automne 2022, les pouvoirs publics viennent de lancer sept nouveaux programmes d'économies d'énergie. Il s'agit des lauréats d'un appel à programmes financés par les certificats d'économie d'énergie.

L'heure est assurément à la sobriété énergétique. Confortés par les bons résultats du plan lancé à l'automne 2022 afin d'amortir la flambée des prix consécutive à la guerre russo-ukrainienne, et qui a permis de réduire de 12% la consommation de gaz et d'électricité du pays, les pouvoirs publics viennent de lancer sept nouveaux programmes d'économies d'énergie.

 

 

"La sobriété, ce n'est pas une solution d'un hiver ; c'est une habitude pour passer le siècle", a réagi Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie. Ajoutant : "Pour réussir à sortir des énergies fossiles, nous devrons à la fois produire plus d'énergie décarbonée, nucléaire comme énergies renouvelables, mais aussi moins consommer d'énergie, en évitant les gaspillages d'énergie, en rénovant les bâtiments et en développant des solutions technologiques plus efficaces."

 

Mesurer l'impact des CEE

 

L'objectif est "d'inscrire la sobriété énergétique dans le quotidien des Français et de parvenir à mieux en quantifier les effets", le tout dans "une logique gagnant-gagnant : bon pour le climat, bon pour le portefeuille". Il y a quelques semaines, le ministre avait déjà indiqué que les aides à la transition énergétique sont en train d'être passées à la loupe pour s'assurer qu'elles engendrent bel et bien une baisse "significative" de la consommation d'énergie.

 

Le dispositif des certificats d'économie d'énergie (CEE), qui fait partie de ces aides, a financé un appel à programmes dont les sept lauréats ont été sélectionnés pour leur "degré de maturité", leur périmètre et leur efficience. Ils se déploieront progressivement à compter de 2024 et pour une durée de quatre ans, et avec un accent mis sur "la mesure d'impact et l'évaluation".

 

Quatre programmes sont dès maintenant opérationnels. Il s'agit de Watt Watchers, qui accompagnera 600.000 ménages dans une démarche de sobriété tout en évaluant les économies d'énergie à grande échelle sur la base des données transmises par les compteurs communicants, ou encore de Cube Logement, qui s'adressera à l'habitat collectif en mesurant sa performance énergétique via, entre autres, un concours "ludique" d'économies d'énergie et d'émissions de CO2 entre les résidences. Ce dernier sera piloté par un groupement d'intérêt économique incluant le cabinet de conseil A4MT (Action for Market Transformation) et l'Ifpeb (Institut français pour la performance du bâtiment).

 

Limiter l'effet rebond

 

Economee, porté par Effy Services, fait aussi partie des lauréats. Ce programme mesurera les économies d'énergie générées par des travaux de rénovation énergétique et conseillera les ménages pour limiter l'effet rebond "grâce au couplage entre compteurs intelligents et thermostats connectés", précise-t-on à Bercy. Il devrait également réaliser une étude de faisabilité sur "un modèle de garantie assurantielle des économies d'énergie post-travaux de rénovation énergétique". Le programme Bungalow 2, pour sa part, accompagnera plus de 90 établissements hôteliers basés en Outre-mer en visant un objectif minimal de 15% d'économies d'énergie.

 

Les trois derniers lauréats seront lancés ultérieurement : Digilog s'attellera à l'amélioration de la performance énergétique de la logistique urbaine ; Enersol soutiendra les agriculteurs souhaitant réaliser des économies d'énergie ; et Mob'Sport engagera les sports amateurs et professionnels à utiliser des moyens de transports durables et décarbonés.

 

Les CEE brassent entre 4 à 6 milliards d'euros chaque année

 

 

"L'efficacité et la sobriété énergétiques sont deux des piliers de notre stratégie énergétique. Tous les secteurs sont concernés : particuliers comme professionnels", insiste le ministre de l'Énergie et de l'Industrie. Créés en 2005, les CEE brassent entre 4 à 6 milliards d'euros par an dans tous les secteurs d'activité, du résidentiel au tertiaire en passant par l'industrie, les transports ou encore les réseaux. D'après Bercy, 24 térawatts-heures devraient être économisés chaque année suite aux opérations déclenchées par les vendeurs d'énergie en 2021, soit environ 1,5% de la consommation d'énergie française.

 

Depuis le 1er janvier 2022 et pour quatre ans, la 5e période des CEE impose une obligation de 3.100 TWh-cumac, un bond de 45% par rapport à la 4e période, et dont plus d'un tiers devraient bénéficier aux ménages en situation de précarité énergétique. "L'année 2024 conduira à identifier les éventuelles évolutions à apporter au dispositif afin de renforcer son efficience et de définir les modalités qui régiront la 6e période dont le début est prévu pour le 1er janvier 2026", rappelle le ministère.

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