EN CHIFFRES. Une vaste campagne de prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) menée auprès des acteurs de la construction a montré que ce sujet demeure une préoccupation majeure des professionnels. Trois "phases clés" ont été identifiées lors du déroulement des chantiers, et des mesures d'amélioration ont été proposées.

Les troubles musculo-squelettiques sont un vrai problème, et les professionnels de la construction le savent. C'est l'un des enseignements de la vaste campagne de prévention menée par l'OPPBTP (Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics) auprès des entreprises du secteur, en partenariat avec les Services de prévention et de santé au travail (Sist) BTP et Interentreprises, l'Assurance maladie - Risques professionnels et la Direction générale du travail.

 

 

Diffusée entre le 3 avril et le 1er juillet 2023, cette campagne s'est focalisée sur les gestes répétés, les efforts soutenus et les postures contraintes, considérés comme les principales causes de ces troubles physiques.

 

"Les TMS sont particulièrement fréquents dans tous les métiers du secteur du BTP et demeurent à ce jour la première cause de maladies professionnelles du secteur (87% selon la Caisse nationale d'assurance maladie)", rappelle l'OPPBTP. "L'organisation du travail, les facteurs psychosociaux et individuels favorisent également leur apparition, avec des enjeux sociaux (santé au travail, emploi des séniors, désinsertion...), humains (usure professionnelle...), économiques (coûts directs et indirects, perte de savoir-faire, difficulté de recrutement) et juridiques."

 

48% des sondés ont entrepris une action dans la foulée de la campagne

 

Après avoir sensibilisé les professionnels sur la lutte contre les TMS et les bonnes pratiques existantes, l'organisme a réalisé une étude pour mesurer son impact auprès de 2.000 professionnels. D'après ces résultats, la campagne a touché "une large part" des 250.000 entreprises ciblées.

 

Le site Internet dédié, www.memepasmalbtp.fr, a enregistré pour sa part 500.000 visites. Les apprentis des centres de formation initiale ont également pu être informés grâce à un kit spécifique qui a été téléchargé plus de 1.000 fois par les enseignants.

 

Plus de la moitié des répondants à l'enquête se souvient d'un élément de la campagne, dont 48% qui ont entrepris une action dans la foulée (affichage dans les locaux, réunions d'information en interne...). La prise de conscience des chefs d'entreprises du BTP et de leurs collaborateurs serait donc réelle.

 

73% des salariés se plaignent de douleurs au dos

 

Les entreprises considèrent que la campagne "va surtout les aider à évaluer et prévenir les risques, former et sensibiliser les salariés, améliorer les processus de travail pour réduire le risque de TMS et revoir les critères de choix pour l'achat d'outillage et de matériel", précise l'organisme. Dans le cadre de ces actions de communication, quelque 600 diagnostics terrain ont aussi été réalisés auprès d'un panel de différents métiers et de tailles d'entreprises.

 

Le résultat est sans appel : 73% des salariés se plaignent de douleurs au dos, 41% au niveau des épaules. Si la moitié des sondés juge que les TMS ont un impact important sur leur activité, la proportion varie en fonction de l'activité et de la taille de la structure : 38% pour les entreprises de moins de 10 salariés, 84% pour celles de plus de 250 salariés. Cela dit, seulement la moitié des répondants s'est lancée dans une démarche de sensibilisation, et 10% dans une formation.

 

Objectif : accompagner 500 entreprises

 

 

Trois "phases clés" ont d'ailleurs été identifiées pour mieux prendre en compte les TMS sur les chantiers : la livraison (amélioration du matériel, utilisation de véhicules adaptés, recours à des systèmes de stockage efficaces...), l'approvisionnement au poste de travail (organisation plus efficace, gestion mécanique des tâches...) et la réalisation des tâches au poste de travail (minimiser les efforts physiques, renouveler le matériel, mettre en place des temps de récupération...).

 

Partant de là, l'OPPBTP propose plusieurs mesures, qui pourront être financées par le Fonds d'investissement dans la prévention de l'usure professionnelle (Fipu) afin d'accompagner 500 entreprises et de sensibiliser les jeunes en formation. Parmi les pistes à explorer, on trouve la mise en place d'actions ergonomiques "ciblées sur des situations de travail particulièrement exposant aux risques physiques", telles que les vibrations, manutentions et mauvaises postures.

 

De même, il est apparu que des situations contraignantes étaient communes à plusieurs métiers du second-oeuvre en phase d'approvisionnement, ce qui pourrait justifier de les améliorer simultanément. L'expérimentation de nouveaux équipements d'assistance physique, notamment auprès des électriciens, peintres, plaquistes ou menuisiers, est également mise sur la table. Tout comme le fait de travailler avec les fabricants de matériels et de matériaux "pour mieux prendre en compte le risque dès la conception des produits".

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