La consommation française de biogaz (obtenu par méthanisation du fumier et des déchets) devrait plus que doubler entre 2013 et 2020 selon une étude du cabinet Xerfi. Le cadre réglementaire, qui a évolué en 2011, serait en effet très favorable aux exploitants, à l'inverse d'autres énergies renouvelables.

Le biogaz, ce gaz obtenu par méthanisation des déchets et du fumier, a le vent en poupe. Les pouvoirs publics ont récemment donné un coup d'accélérateur à la valorisation énergétique des déchets en réévaluant de 20 % le tarif d'achat de l'électricité produite à partir du biogaz (mai 2011) et en autorisant l'injection de biométhane dans le réseau public de gaz naturel (novembre 2011). Un cadre réglementaire très favorable qui tranche avec celui des autres énergies renouvelables, photovoltaïque en tête.

 

Selon les experts du pôle Energie-Environnement du cabinet Xerfi France, le marché du biogaz devrait ainsi doubler à l'horizon de 2020. La consommation de ces gaz, injectés dans le réseau ou servant directement à la production d'électricité, devrait atteindre les 700.000 Tep, alors qu'elle est actuellement d'environ 250.000 Tep. Le boom devrait intervenir à partir de 2013 : 304 installations produisant du biogaz seront alors en service en France, soit une augmentation de plus de 12 % par rapport à 2011. Les installations agricoles et industrielles représentent les 2/3 des sites mais ne génèrent que 1/3 de la production. Les usines de méthanisation des ordures, en revanche, produisent 25 % du biogaz français alors qu'elles représentent moins de 5 % de l'ensemble du parc.

 

Les investissements battent leur plein
Le coût et la rentabilité des projets restent questionnables. Une installation de méthanisation française serait 1,6 à 2,3 fois plus chère qu'une installation équivalente en Allemagne. L'équilibre économique resterait pour l'instant dépendant de l'obtention de subventions de la part des collectivités régionales. La dégradation de la situation économique, et donc des subsides publics, pourrait donc remettre en cause ce modèle de développement. Plusieurs projets pourraient donc être reportés dans les prochains mois. D'autant que les producteurs se trouvent souvent confrontés à l'opposition des riverains et à l'allongement des démarches administratives. Des difficultés techniques viendraient également menacer la rentabilité économique des projets. La qualité des intrants (déchets) impacterait la performance énergétique des installations, obligeant à l'ajout d'une étape de prétraitement génératrice de coût. La saisonnalité d'approvisionnement des sous-produits entraînerait aussi une variation dans la production (et des revenus) au cours de l'année.

 

Autant d'écueils qui font évoluer le paysage concurrentiel du marché français. Les petits acteurs historiques (Methaneo, Valorem, Fonroche, Fertigaz, Naskeo Environnement) voient arriver des gestionnaires de déchets (SITA/Suez Environnement, Veolia Propreté) et des grands groupes énergétiques (EDF, GDF-Suez). Séchilienne-Sidec a ainsi acquis 60 % de Methaneo au mois de mai dernier. D'autres industriels internationaux s'intéresseraient également à la filière, comme Air Liquide, qui dispose d'atouts pour traiter et enrichir le biogaz.

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