TRANSITION. Le Commissariat général au développement durable a publié les données (provisoires) de production et de consommation énergétiques françaises en 2018. Et il ressort que, grâce au nucléaire et aux renouvelables, ainsi qu'à la baisse des importations de fossiles, les émissions de CO2 ont diminué. Analyse.

A climat constant, la consommation d'énergie française a été stable en 2018 à 248,7 Mtep, dans un contexte de croissance économique faible (+1,5 %) et de hausse des prix de l'énergie, notamment des produits pétroliers et gaziers. Dans le même temps, la production nationale a augmenté à 137,7 Mtep (+4,2 %), "tirée par le rebond du nucléaire et de l'hydraulique", fait valoir le Commissariat général au développement durable (CGDD) du ministère de la Transition écologique et solidaire. Conséquence : le taux d'indépendance énergétique s'est amélioré de +2,6 points à 55,4 %, et les émissions de CO2 liées à l'énergie ont diminué (-3 %). Toutefois, au milieu de ces bonnes nouvelles, demeure un point noir, celui de la facture énergétique nationale, qui ne cesse de croître et dépasse désormais les 45 Mrds € (+16 %).

 

 

Le bilan énergétique de l'Hexagone résulte de multiples facteurs, dont au premier chef, des conditions météorologiques. Le CGDD note : "Malgré des épisodes de froid intense en février et mars, l'année 2018 a été particulièrement douce en France. La rigueur climatique de la période de chauffe, mesurée par le nombre de degrés-jours, est moindre qu'en 2017 (de l'ordre de -5 %). (…) Les besoins de chauffage ont ainsi été réduits et la consommation finale d'énergie a légèrement diminué à 154,3 Mtep (-1 %)". La production d'électricité notamment, a bien rebondi grâce au nucléaire (+3,7 % à 107,6 Mtep) et la croissance des énergies renouvelables (+23 % à 9 Mtep). Le document parle de "sursaut de la production hydraulique (+27 %) du fait d'un excédent pluviométrique (…) sur la première moitié de l'année". Toujours du côté du ciel, les conditions ont été "très favorables à l'éolien et au photovoltaïque, avec en particulier une augmentation de 15 % de la production éolienne". Corolairement, les centrales thermiques ont été moins mobilisées (-21 %) et celle de Cordemais, fonctionnant au fioul, a cessé de produire à la fin de l'année dernière. En globalité, la production d'électricité a atteint les 557 TWh (+3,5 %). Compte tenu des besoins plus faibles dans le pays, le solde exportateur des échanges physiques de courant avec les nations voisines a explosé (+57 %) pour atteindre 5,4 Mtep. Une tendance qui permet d'alléger la facture française de 2,8 Mrds €, sans toutefois parvenir à compenser la forte hausse du prix des énergies fossiles.

 

Les fossiles pèsent lourd dans la balance (commerciale)

 

 

Cet autre facteur a permis la réduction des émissions de gaz carbonique. Les consommations finales à usage énergétique ont diminué pour le pétrole (-1,5 %) mais augmenté pour le gaz naturel (+1,9 %). Les achats de pétrole brut ont diminué (-7,7 %) pour atteindre 54,3 Mtep, tandis que les importations de produits charbonniers ont également fortement reculé (-8,8 %). Malgré la baisse des quantités achetées, la facture énergétique s'est alourdie à 45,1 Mrds € (+16 %), alors qu'en 2017 elle avait déjà fortement augmenté (+23 %), pénalisée par la remontée des cours. La facture gazière en particulier a flambé (+25 %) à 10,7 Mrds €. Côté chaleur renouvelable, la valorisation thermique des déchets est en progrès (+0,5 %) à 20,2 Mtep, tandis que la production de biomasse solide a reculé (-2 %) du fait de besoins de chauffage moindres. Une baisse relative compensée par l'essor des pompes à chaleur (+5,5 %) et des biocarburants (+4,2 %).

 

Dans l'ensemble, le bouquet énergétique primaire réel de la France se compose de 41,1 % de nucléaire, 28,6 % de pétrole, 14,8 % de gaz naturel, 11,4 % de renouvelables (dont biomasse solide 4,3 %, hydraulique 2,3 %, biocarburants 1,3 %, PAC 1 % et éolien 1 %) et encore de 3,7 % de charbon. Avec l'éradication promise de cette dernière source d'énergie, le développement de sources alternatives comme l'éolien et le photovoltaïque, et les efforts entrepris en termes de réduction des consommations par une meilleure efficacité, nul doute que l'empreinte carbone de la France devrait encore diminuer dans les années qui viennent.

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