DIAPORAMA. Le fabricant alsacien de menuiseries bois Bieber, a investi plusieurs millions d'euros afin de disposer d'un outil industriel moderne et répondre à la demande croissante de produits à très hautes performances énergétiques. Visite guidée avec Christophe Bieber, le directeur de l'entreprise.

Fondée en 1928 dans le village de Waldhambach (Bas-Rhin), la fabrique de portes et fenêtres sur mesure Bieber s'appuie autant sur son héritage que sur des technologies dernier-cri. L'entreprise s'est en effet équipée d'un centre d'usinage du bois - très performant et quasiment unique en Europe - afin de répondre aux évolutions du marché qui tend vers le passif. "Nous sommes le premier fabricant certifié de fenêtre passives en France, car aujourd'hui la maison passive est une réalité", confirme Christophe Bieber, le directeur de l'entreprise.

Fenêtre passive = triple vitrage

La société, qui est spécialisée dans les menuiseries en bois ou à structure mixte bois-aluminium, a connu un renouveau depuis le début des années 2000, les clients se tournant vers des solutions plus esthétiques et performantes que les produits en PVC. "Il y a un nouvel essor et le nombre de bâtiments passifs est en augmentation. C'est un marché d'avenir, le seul actuellement en croissance", soutient Christophe Bieber. Afin d'y faire face, l'entreprise, qui dispose de plusieurs gammes, en a créé une spécialement dédiée à ce type de construction extrêmement isolée. "Une fenêtre passive est synonyme de triple vitrage", affirme Jean-Claude Tremsal, le président de la Fédération française de la maison passive. Du côté des essences de bois, le pin vosgien prévaut, grâce à sa bonne performance thermique qui impacte directement sur celle de la menuiserie. "Nous utilisons également du mélèze de Sibérie, pour les marchés de zone de montagne, car ce bois ne nécessite pas de traitement et vieillit naturellement. Il présente donc une esthétique différente tout en conservant le même coefficient lambda que le pin", poursuit Christophe Bieber. "Enfin, nous utilisons aussi de l'eucalyptus grandis, un feuillu qui fournit un bois rouge, et du chêne, pour les projets des régions viticoles", annonce-t-il.

 

Le recours au triple vitrage, très épais, a une conséquence : alourdir les menuiseries qui nécessitent des moyens de levage particuliers pour leur installation. Ces dernières sont, par ailleurs, de grandes dimensions afin de maximiser l'apport solaire dans des maisons qui ne seront pas équipées de chauffage et s'en remettront uniquement aux sources internes et externes. "Nous avons des partenariats avec des vitriers différents, afin d'obtenir des vitrages présentant le meilleur coefficient de déperdition énergétique possible", explique le directeur de Bieber, qui estime que les triples vitrages représentaient 45 % des ventes de l'entreprise en 2013 et que la barre des 50 % serait dépassée en 2014. "Il est impossible de faire du passif sans triple vitrage, que ce soit sur la façade sud ou la façade nord. Les déperditions sont deux fois moindres que celles d'un double vitrage alors que les apports sont à peu près identiques", soutient Jean-Claude Tremsal.

Un nouvel outil industriel performant et polyvalent

Industriellement, le nouvel outil de production conçu et réalisé par les Allemands de Koch, a nécessité près de deux ans de travail. S'étalant sur près de 100 mètres de long sur 20 de large, la chaîne automatisée travaille des carrelets (pièces de bois équarries) de dimensions variées à un rythme soutenu : sa capacité nominale s'établit entre 1.000 et 1.200 pièces par jour. En tout, 102 têtes d'usinage viennent chercher les outils dont elles ont besoin pour travailler le bois, tandis que la chaîne est contrôlée en permanence par 1.800 capteurs de dimensions et de position des pièces, avec une précision de l'ordre du 10e de millimètre. "Les nouvelles normes réglementaires et le rythme accru du renouvellement des gammes, qui ont une durée de vie toujours plus courte, nous ont poussés à investir 3 M€ dans cet outil de production", confie Christophe Bieber. Polyvalent, il est capable de produire l'ensemble des gammes Bieber, que les menuiseries soit en bois ou en structure mixte bois-aluminium, et qu'elles soient destinées aux Monuments de France ou à de l'habitat contemporain. "Si 120 à 130 outils sont utilisés aujourd'hui par les têtes d'usinage, il est possible d'en installer 300 dans le magasin dédié, permettant d'envisager des évolutions de produits ou de gammes", explique le directeur du site, Philippe Beyer. Le personnel, qui n'a pas souffert de cette automatisation accrue (au contraire, 30 embauches ont été faites en 5 ans), a été formé à l'utilisation complexe de la machine. "Aujourd'hui, nous en sommes à 90 % d'activité et nous visons les 95-97 %, en améliorant la rapidité d'exécution tout en conservant la qualité", précise-t-il. De quoi envisager sereinement l'avenir pour la société qui a vu son produit Futura récompensé lors du concours international de la fenêtre passive organisé par le Passivhaus Institut.

 

Découvrez l'usine et les produits Bieber dans les pages suivantes.

actionclactionfp

Essences de bois

Bieber bois
Bieber bois © Grégoire Noble
Les essences de bois (à part le mélèze de Sibérie) sont certifiées FCBA. Le pin vosgien est le plus employé pour ses performances thermiques.

Triples vitrages

Bieber bois
Bieber bois © Grégoire Noble
L'épaisseur des triples vitrages entraîne un surpoids des menuiseries. Certaines pièces de grandes dimensions dépassent les 300 kg. Impossible dès lors de les mettre en place sans outil de levage particulier.

Géante

Bieber bois
Bieber bois © Grégoire Noble
La plus grande pièce de la gamme Bieber : Jean-Claude Tremsal (gauche) et Christophe Bieber (droite) donnent une idée de la dimension de cette fenêtre fixe.

Machine

Bieber bois
Bieber bois © Grégoire Noble
Le début de la chaîne de production automatisée : un bras robotisé vient chercher les carrelets un par un pour confectionner les différentes parties de toutes les menuiseries des gammes Bieber (sauf cintrées).

Coeur de la chaîne

Bieber bois
Bieber bois © Grégoire Noble
Au cœur de la chaîne, l'espace est confiné dans une cabine afin de limiter l'empoussièrement par les particules de bois. On distingue différents outils destinés à travailler le matériau de part et d'autre de l'axe central.

Outils

Bieber bois
Bieber bois © Grégoire Noble
Gros plan sur deux outils, démontés pour maintenance. Environ 300 pourraient être embarqués dans la machine afin de réaliser toujours plus de pièces aux profils différents.

Fin de chaîne d'usinage

Bieber bois
Bieber bois © Grégoire Noble
La capacité nominale de la chaîne est de 1.000 à 1.200 pièces par jour, de toutes dimensions. Soit de quoi produire quelques centaines de menuiseries, dont 20.000 franchissent les portes de l'usine chaque année.

Fenêtre installée

Bieber bois
Bieber bois © Grégoire Noble
Une fenêtre installée dans une maison passive. Au rez-de-chaussée de telles constructions, environ 1/3 des ouvertures sont fixes (comme ici) et destinées à maximiser les apports solaires. L'orientation de la maison et l'implantation de brise soleil orientables sont à prendre en compte.

Maison passive

Bieber bois
Bieber bois © Grégoire Noble
La maison passive, construite par la société alsacienne Maison Innovante, est entièrement équipée de menuiseries Bieber. Selon le président de la fédération française des constructions passives, le surcoût de ce type de maisons serait contrebalancé par l'absence d'équipements de chauffage et par une facture énergétique nulle.