EMPLOI. Ouvriers comme cadres de la construction devraient voir leurs effectifs progresser à l'horizon 2030, selon un rapport commun de France Stratégie et de la Dares. La rénovation énergétique des logements ainsi que les besoins en infrastructures expliqueraient cette tendance.

En termes d'emploi, le secteur de la construction est promis à un bel avenir. D'après un rapport consacré aux métiers qui recruteront à l'horizon 2030 et réalisé par l'organisme France Stratégie et la Dares (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques, rattachée au ministère du Travail), ouvriers et cadres du bâtiment et des travaux publics devraient voir leurs effectifs progresser d'ici là, portés par la massification des chantiers de rénovation énergétique et les besoins en infrastructures.

 

 

Initialement prévue au printemps 2020, la publication de ce document a été repoussée de deux ans du fait de la crise sanitaire et économique du Covid-19. "Il est en effet apparu nécessaire de prendre du recul sur cet évènement inédit qui a eu des effets très contrastés sur les entreprises et les ménages et qui pourrait conduire à des transformations significatives dans le monde du travail (...). Parallèlement, les pressions sur le climat se font sentir de plus en plus fortement à travers le monde et pourraient accélérer significativement les efforts de décarbonation", observent les auteurs.

 

Les fonctions d'encadrement dans le BTP progresseraient d'un tiers en 10 ans

 

Ces derniers ont établi un scénario "de référence", dans lequel ils tablent sur la création d'un million d'emplois entre 2019 et 2030, dont les deux tiers seraient réalisés dans les services marchands, avec cependant un retour en grâce des métiers industriels. Sur ce million de postes créés, le bâtiment en concentrerait 120.000, dont 50% de cadres. Dans le scénario "bas-carbone", l'investissement national augmenterait chaque année d'un point de PIB (Produit intérieur brut), ce qui conduirait à créer 200.000 emplois de plus que le scénario de référence, soit au total 1,2 million. Dans le BTP, 120.000 postes supplémentaires verraient aussi le jour, ce qui représenterait un total de 240.000 emplois. Tous secteurs confondus, les besoins en main-d'oeuvre couplés aux départs à la retraite nécessiteraient chaque année de pourvoir 800.000 postes entre 2019 et 2030.

 

Les fonctions d'encadrement dans le BTP progresseraient ainsi de 30% en une dizaine d'années, totalisant environ 58.000 emplois supplémentaires. Pour autant, les cadres de la construction ne seraient pas non plus parmi les métiers les plus dynamiques : ils devraient accueillir 58.000 diplômés de l'enseignement supérieur en plus d'ici 2030, et ceux-ci formeraient alors 86% des effectifs du métier. Loin devant les 125.000 diplômés se destinant aux fonctions de cadres commerciaux et technico-commerciaux, ou encore les 120.000 futurs ingénieurs informatiques.

 

Conducteurs d'engins recherchés

 

Pas forcément de trace de professions du BTP parmi les métiers comptant le plus de postes à pourvoir entre 2019 et 2030. Un lien peut éventuellement être fait avec le métier de conducteur de véhicules, qui pourrait à la rigueur englober les conducteurs d'engins de chantiers, et pour lequel 301.000 postes seraient à pourvoir, dont 283.000 dus aux départs en retraite et 18.000 aux créations nettes d'emplois. La profession de conducteur de véhicules représentait 36% de l'emploi salarié en 2019.

 

Plus largement, France Stratégie et la Dares expliquent confronter, pour chaque métier, les besoins de recrutement avec le nombre de jeunes potentiellement susceptibles d'y débuter une carrière. Les auteurs identifient ainsi ce qu'ils appellent des "déséquilibres", qui peuvent être "partiels" dans la mesure où ils seront soit comblés, soit au contraire creusés par le retour à l'emploi de chômeurs ou par les mobilités professionnelles, mais qui peuvent aussi être "potentiels" en mettant en avant des projections dont le but est justement "d'alerter sur la nécessité de prévenir ces déséquilibres".

 

Séduire les jeunes, les actifs en reconversion et les chômeurs

 

 

L'une des pistes pour y parvenir consiste à "renforcer l'attractivité de ces métiers pour les jeunes", sujet dont s'est saisi le bâtiment depuis longtemps. Mais il s'agirait également de faciliter "les transitions professionnelles" pour les personnes déjà en emploi, de former les chômeurs ou encore de "favoriser l'entrée sur le marché du travail des inactifs". Le rapport invite en outre à "diversifier les canaux de recrutement et à adapter les dispositifs d'accompagnement".

 

Dans la catégorie des professions dont les difficultés de recrutement s'aggraveraient, on trouve justement les conducteurs d'engins de chantiers. D'autres métiers, comme les techniciens et cadres de la construction, resteraient quant à eux confrontés au même manque de main-d'oeuvre qu'aujourd'hui, "l'exercice de ces métiers [nécessitant] des compétences techniques spécifiques qui s'acquièrent par le biais d'une formation professionnelle initiale ou continue". Ce qui renvoie aux problématiques d'attractivité des jeunes et de reconversion des actifs. Sur la période 2019-2030, le rapport estime concrètement que, sur les 177.000 postes d'ouvriers qualifiés du second-oeuvre à pourvoir, 107.000 seraient occupés par des jeunes débutants. En parallèle, 27.000 créations ou destructions d'emplois s'observeraient sur ce métier, et 150.000 personnes partiraient à la retraite, conduisant de fait à un déséquilibre.

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