Les architectes américains prennent de plus en plus en compte le risque d'attentat à l'explosif dans l'élaboration de bâtiments urbains. Une tendance de fond dans un pays qui se sent toujours menacé par le terrorisme cinq ans après le 11 Septembre.

Réunis vendredi à Los Angeles pour la convention annuelle de l'Institut américain d'architecture, techniciens et concepteurs de bâtiments ont entendu des exposés sur les innovations qui peuvent aider à limiter les destructions et le nombre de victimes dans des bâtiments cibles de terroristes.

«Dans le sixième du laps de temps nécessaire pour cligner de l'oeil, votre bâtiment peut être réduit en poussière», a prévenu Ken Hays, un responsable de Masonry Arts, une société spécialisée dans la sécurité des bâtiments.

Pour la plupart des Américains, les attentats les plus marquants de ces dernières années sont la destruction du bâtiment fédéral d'Oklahoma City par le terroriste Timothy McVeigh en 1995 (168 morts) et, bien sûr, les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington (près de 3.000 tués).

Mais de très nombreux attentats à la bombe se produisent chaque année aux Etats-Unis; près de 1.800 explosions criminelles ont ainsi eu lieu sur le sol américain entre 1989 et 1999, selon Robert Smilowitz, de l'entreprise Weidlinger Associates, un des leaders du marché des constructions résistantes aux explosions.

«Les bâtiments scolaires et de recherche sont encore plus susceptibles d'être attaqués que les bâtiments fédéraux», affirme-t-il.

Lors de la conception de bâtiments urbains, les architectes prennent désormais en compte le facteur «risque d'attentat».

«Cela fait 50 ans que les bâtiments conçus pour résister à des explosions existent. Notre premier client a été le ministère américain de la Défense, mais depuis le 11-Septembre, c'est devenu aussi un problème concernant les commerces», souligne Robert Smilowitz.

Ce dernier dirige une équipe de techniciens qui ont participé à la reconstruction du Pentagone après le 11-Septembre, conçu des ambassades pour les protéger contre d'éventuelles attaques et sont en train d'incorporer une technologie anti-explosions dans la reconstruction du sud de Manhattan.

Le gouvernement américain a édicté des règles strictes pour ses bâtiments, mais les bâtiments commerciaux ne sont pas tenus par ce code. Toutefois, certains promoteurs ont commencé de leur propre chef à adopter les standards gouvernementaux, selon Rob Grosze, de Masonry Arts.

Sa firme a connu un développement exponentiel depuis le 11-Septembre. «Nous avons obtenu bien plus de travaux en 2006 avec des entreprises privées souhaitant être protégées d'explosions qu'avec le gouvernement», expliqueRob Grosze à l'AFP.

«Nous avons travaillé sur cinq sièges sociaux, et même un immeuble d'habitation dont le propriétaire considérait l'un de ses (bâtiments) voisins comme une source potentielle de danger», affirme-t-il, sans vouloir donner plus de précisions.

Un bâtiment renforcé contre le souffle d'une explosion peut coûter jusqu'à 50% plus cher qu'un édifice standard, selon lui.

Parmi les innovations de ces bâtiments, l'emploi de vitres traitées au silicone, qui ondulent comme une voile plutôt que d'exploser. Pour prendre en compte le danger d'une voiture piégée, ces édifices sont encerclés par des piliers en béton ou construits en retrait des rues.

Les architectes essaient néanmoins de ne pas construire des bâtiments à l'apparence de forteresse, privilégiant l'intégration, comme ces fenêtres de la partie reconstruite du Pentagone, semblables en apparence aux originales, mais blindées et pesant chacune quelque 450 kg.





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