RISQUES. Faut-il s'attendre à de nouvelles faillites d'acteurs dans le secteur de l'assurance-construction ? D'après des responsables du secteur réunis récemment en colloque, c'est probable.

"Il y a encore dans les tuyaux, probablement, trois ou quatre faillites à venir" dans le secteur de l'assurance-construction en libre prestation de services (LPS, c'est-à-dire des acteurs intervenant depuis un autre pays de l'espace économique européen). Ce sont les propos inquiétants tenus par Jacques de Peretti, PDG d'Axa France, lors d'un colloque qui s'est tenu le 26 octobre à l'initiative de la Fédération française de l'assurance. Ainsi, alors que les mises en run-off (arrêt de la souscription de nouveaux contrats) et les liquidations se succèdent à un rythme accéléré depuis quelques mois, le secteur n'aurait pas fini de manger son pain noir.

 

"Désastres annoncés dans le secteur de la construction"

"Nous avons des désastres, des effondrements annoncés dans le secteur de la construction", a aussi assuré le dirigeant. "Il n'est pas normal qu'avec toutes les réglementations qui vont chercher des sujets dans tous les sens, on ne puisse pas faire en sorte que des sociétés étrangères, qui ne connaissent pas le marché français, intervenant en libre prestation de services, ne soit pas assez contrôlés, de manière à éviter le pire." D'après Jacques de Peretti, 100.000 ménages qui "croyaient avoir acheté des assurances pour dix ans" se retrouvent sans assurance. "Cette situation est dommageable pour nous, qui avons fait pendant quatre ou cinq ans la danse du ventre et perdu des marges et de la solidité."

 

 

 

Comme tant d'autres professionnels de l'assurance et de la construction, il en appelle à un renforcement de la régulation à l'échelle européenne. Gabriel Bernardino, président de l'Eiopa qui réunit les fédérations nationales de l'assurance, a assuré que la situation allait s'améliorer sur ce plan - il s'était déjà exprimé récemment lors d'un colloque de la Fédération française du bâtiment à ce sujet. "Concernant le BTP, nous avons été alertés par la France il y a deux ans et demi, et nous avons utilisé les pouvoirs que nous avions, afin par exemple que les superviseurs puissent mieux échanger des informations." Lui aussi évoque des faillites à venir dans le secteur.

 

En France, le sujet prend de l'ampleur, notamment depuis l'intervention de Julien Denormandie, à l'époque secrétaire d'État, aujourd'hui ministre du Logement, lors du colloque de la FFB. "C'est un sujet profondément important. Je m'engage à porter ces sujets auprès du ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire", avait-il notamment affirmé.

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