COLERE. La Capeb-Rhône met en garde les pouvoirs publics face aux difficultés rencontrées par les artisans et les petites entreprises du bâtiment pour intervenir dans les grandes villes, notamment à Lyon. Ce qui est mis en cause ? Le manque de places pour les utilitaires et le coût du stationnement. Le président de la Capeb-Rhône, Sylvain Fornes a répondu aux questions de Batiactu.

"Il n'y aura bientôt plus d'intervention des artisans et petites entreprises du bâtiment en centre-ville. Le simple manque de places de livraisons associé à des coûts de stationnement exorbitants risquent de susciter: la dégradation du patrimoine et la recrudescence des escroqueries au dépannage comme on a pu le voir par le passé", alerte la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) du Rhône. Contacté par Batiactu, son président, Sylvain Fornes craint également que "les bricoleurs non formés aux risques sanitaires prennent la place des professionnels qui ne peuvent plus intervenir dans certains quartiers. On court à la catastrophe".

 

Un nouveau système inadapté aux besoins des artisans

 

A Lyon (Rhône), seul un parking possède la hauteur suffisante de 2,70 mètres pour accueillir les véhicules professionnels. "Difficile de prendre le métro avec une chaudière dans le dos ! C'est simple, certaines activités ne permettent pas le recours à d'autres modes de déplacement et utilisent des véhicules au gabarit bien spécifique", explique la confédération. Sylvain Fornes nous révèle également que des places de stationnement continuent d'être supprimées : "Hier, j'ai été appelé pour faire un devis, j'ai cherché 45 minutes une place pour garer ma camionnette et au final je suis rentré chez moi. Il y a des quartiers où on refuse d'aller car on ne pourra pas y stationner". Un adjoint au maire de la ville a pourtant soutenu au Syndicat mixte d'études et de programmation de l'agglomération lyonnaise (Sépal) que "l'artisanat garantit la pérennité de nos centre-ville au même titre que les professions médicales, leur activité de proximité, la gestion des urgences et le maintien des habitants". Sans conséquence.

 

En plus des coûts jugés trop importants et du manque de places, le nouvel outil de paiement est décrié par le secteur. L'ancien système, le Piaf, a été remplacé par un "Pay by phone compte artisan", il s'agit d'une solution de paiement en ligne par mobile, via internet ou par serveur vocal d'un coût de 200 € par an et par véhicule, en plus des prix de stationnement. Cette nouvelle organisation nécessite d'équiper chaque salarié d'un smartphone avec un abonnement Internet. De plus, certains appartements ne bénéficient pas d'une connexion suffisante pour permettre de recharger le compte en ligne. "L'application est pratique mais le stationnement reste trop cher, pour mon entreprise, une journée de 8 h peut me revenir à 90 € dans certains quartiers". Viennent s'ajouter à ces problèmes, un recul des travaux de rénovation ainsi qu'une détérioration du parc immobilier perçue par la Capeb. "Un comble pour une ville inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco et dont la qualité renforce l'attractivité", est-il précisé.

 

Baisser les coûts et permettre d'anticiper les déplacements

 

La Capeb Rhône évoque également d'autres potentielles conséquences, notamment sur la sécurité. En effet, selon elle, certaines cheminées et balcons risquent de s'écrouler sans interventions. De plus, le coût croissant du stationnement est répercuté dans les tarifs des artisans. Selon eux, faute d'une augmentation de 10 % sur les factures, ils craignent de ne plus pouvoir intervenir. Cependant, la Capeb Rhône explique qu'il existe des solutions "faciles" pour remédier aux problématiques rencontrées : "La réduction du coût de l'abonnement "Pay by Phone compte artisan" par an par véhicule de 200 € en le passant à 60 € ; une simple application du tarif "résident second véhicule" qui pourrait fonctionner sur tous les arrondissements ; la possibilité de réserver des places sur plusieurs jours, quel que soit le type de chantier". Le président de la confédération du Rhône nous précise avoir également proposé à la mairie de Lyon la mise en place d'un tarif variable selon les émissions polluante des voitures, ce qui pousserait les artisans à s'orienter vers des véhicules propres. Idée refusée. "On souhaiterait être accompagnés vers les moyens propres de locomotions, nous ne sommes pas fermés au débat, mais faudrait-il encore nous consulter avant de prendre des décisions. Nous avons l'impression d'être sortis des grandes villes", explique Sylvain Fornes. Afin de faire entendre les 1.000 signataires de la pétition de la Capeb Rhône, un nouveau courrier sera envoyé à la ville de Lyon. "La colère monte dans le secteur, si rien ne change ça va péter ! Les artisans et petites entreprises iront dans la rue et nous avons quelques idées pour alerter les pouvoirs publics", prévient le président de la Capeb Rhône. Il évoque l'idée que certains artisans pourraient se rendre sur leurs chantiers en transports en commun, emportant avec eux leurs matériaux comme des tuyaux de cuivre, des sacs de ciment ou d'autres équipements encombrants.

 

 

La Capeb Rhône a calculé que pour une flotte de six voitures, en tarif plein, sur une durée de stationnement de 7 h par jour sur un total de 200 jours, le montant des charges supplémentaires pour les artisans s'élève à 56.400 € depuis l'instauration le 1er janvier 2018 du nouveau dispositif à Lyon.

 

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