REBOND. Les artisans ont, d'après les dernières données diffusées par la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), plutôt bien résisté à la crise. Mais la prudence reste de mise pour 2021.

L'artisanat du bâtiment a connu une chute de 9% de son activité en 2020, d'après les données que vient de diffuser la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). Pourtant, malgré ce chiffre, les professionnels du secteur semblent avoir plutôt bien encaissé le choc de la crise. Pour preuve, ils ont par exemple maintenu l'emploi, et même mieux : 15.000 postes ont été créés au troisième trimestre 2020, la Capeb avançant également le chiffre de +12% d'embauches en apprentissage.


Pas de trou d'air à l'automne 2020

 

Alors que les artisans craignaient, en juillet 2020, de devoir déplorer un trou d'air à l'automne, tel n'a pas été le cas. "Nous avons connu non seulement un effet de rattrapage, avec un afflux de nouvelles commandes fin août, puis une vraie reprise en octobre, confirmée en décembre", a expliqué le président de la Capeb Jean-Christophe Repon, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue le 20 janvier 2021. L'activité au quatrième trimestre a ainsi enregistré une hausse de 1,5% par rapport à la même période de 2019. Cela n'aurait bien sûr pas été possible sans que les clients particuliers n'ouvrent leurs portes aux artisans, malgré le deuxième confinement. C'est ce regain de travaux de rénovation, branche à forte intensité de main-d'œuvre, qui explique d'ailleurs la bonne performance de la profession en matière d'emploi.

 

L'artisanat du bâtiment pourrait retrouver, en 2021, son volume de chiffre d'affaires de 2017

 

Le chiffre d'affaires global de la profession s'est situé, en 2020, à 71 milliards d'euros. Si, comme l'envisage la Capeb, l'année 2021 se soldait par une croissance de 5-6% du volume d'activité, le niveau de chiffre d'affaires de 2017 serait rejoint (75 milliards d'euros). "L'entreprise artisanale agile, de petite taille, a joué son rôle citoyen de reprise d'activité et a répondu à la demande des particuliers", résume Jean-Christophe Repon.

 

MaPrimeRénov n'a pas encore produit tous ses effets

 

Une autre dynamique imprévue a profité aux artisans, celle de la construction neuve, que beaucoup craignaient de voir sinistrée. "Nous avons connu une accélération des autorisations de mises en chantier, cela s'est mieux passé au niveau des circuits administratifs, et l'investissement public est un peu reparti", décrypte l'organisation professionnelle. La rénovation énergétique a connu un léger redémarrage, à +0,5%, explicable par le fait que MaPriméRénov, et l'intégration fin 2020 des ménages aisés dans celle-ci, n'ont pas encore produit tous les effets attendus.

"En l'absence d'activité, 2021 pourrait s'avérer être très dangereuse"

 

Évidemment, tous les voyants ne sont pas au vert pour autant, et la prudence reste de mise. Au-delà de la question d'un possible nouveau confinement, qui pourrait avoir des conséquences sur l'activité du bâtiment, reste aussi celle du remboursement des prêts garantis par l'État, pour les 30% d'entreprises artisanales du bâtiment qui en ont souscrit un. "C'est pour cela que nous demandons à lever tous les freins à l'activité, via notamment le plan de relance : en l'absence d'activité, 2021 pourrait s'avérer être très dangereuse", alerte Jean-Christophe Repon.

 

Action contre la FFB au Conseil d'État : la Capeb persiste et signe

 

Le Gouvernement vient de rappeler qu'il ne retoucherait pas les règles de calcul de la représentativité patronale sans que les organisations patronales ne trouvent un terrain d'entente. La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) avait attaqué ces règles devant la justice administrative, mais le Conseil d'État n'avait finalement pas tranché en sa faveur fin 2020. Malgré tout, la Capeb persiste et signe, alors que le nouveau calcul de la représentativité, suivant les règles initiales, est attendu mi-2021 après le premier cycle 2017-2021.

 

"Tout d'abord, je ne vois pas une organisation patronale [comme la FFB, NDLR] disposant de tous les avantages quant au mode de calcul, revenir sur celui-ci", réagit Jean-Christophe Repon. "Je rappelle par ailleurs qu'en nombre d'entreprises, nous sommes loin devant la FFB, avec 10.000 entreprises de plus." En 2017, pour rappel, il ressortait que la FFB disposait de 43.291 entreprises adhérentes employant 647.978 salariés ; pour la Capeb, 56.894 entreprises employant 171.788 salariés. "On dit que la FFB a eu gain de cause au Conseil d'État ; mais on oublie de préciser quelle était la question posée par la Capeb. Nous disons que le processus de compte des adhérents et de leurs salariés n'a pas permis d'éliminer les multiples comptes d'une même entreprise. Je constate d'ailleurs qu'à elles deux, la Capeb et la FFB représentent une partie très importante des salariés des entreprises de bâtiment [d'après les chiffres de 2017, on tombe sur le chiffre de 819.766 salariés 'représentés', NDLR]. Ce qui nous paraît assez surprenant." Le Conseil d'État, pour rappel, avait conclut qu'il ne ressortait pas "des pièces du dossier, lesquelles comportent les attestations établies par les commissaires aux comptes conformément aux dispositions de l'article R. 2152-6 du code du travail, [...], que cette audience serait pour ce motif entachée d'inexactitude matérielle".

actionclactionfp