FOCUS. Dans un monde qui change, les entreprises artisanales du bâtiment ont plutôt intérêt à se saisir des outils numériques mis à leur disposition par des jeunes pousses spécialisées. Gain de temps, amélioration de la productivité, chantiers mieux organisés et plus efficaces : les atouts de ces solutions ne manquent pas pour séduire les entrepreneurs.

Ce sont deux mondes qui se connaissent peu, mais qui pourraient pourtant profiter d'une relation mutuellement bénéfique. Dans le cadre du salon Rénodays à Paris, la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) organisait un débat intitulé "Créer les conditions pour que le monde des 'start-ups' et celui de l'artisanat du bâtiment se rapprochent". Le but : échanger avec des chefs d'entreprises artisanales et des dirigeants de jeunes pousses spécialisées dans les solutions digitales pour lancer davantage de ponts entre les deux secteurs.

 

 

Jean-Christophe Repon a insisté sur la nécessité de les faire se rapprocher et de faire correspondre leurs intérêts respectifs, avec en toile de fond la simplification de la vie quotidienne des entreprises artisanales. "Les outils développés par les 'start-upeurs' pourraient faciliter la vie des artisans, en leur permettant d'être plus opérationnels et plus performants", a estimé le président de la confédération. C'est pourquoi celle-ci a développé un programme spécifique en partenariat avec Impulse Partners, un cabinet de conseil en stratégie spécialisé dans plusieurs secteurs, dont la construction, l'immobilier et l'énergie.

 

Simplifier le quotidien

 

L'expérience n'en est encore qu'à ses débuts mais semble déjà prometteuse. "Impulse Partners accompagne des entreprises pour les mettre en contact avec des jeunes pousses apportant des solutions, la démonstration consistant à montrer les intérêts en commun et la valeur ajoutée de ces solutions, le tout avec des équipes agiles", a souligné Stéphanie Bigeon-Bienvenu, directrice associée d'Impulse Partners. Sur la problématique du gain de temps, plusieurs 'start-ups' ont été sélectionnées, dont deux étaient représentées par leurs dirigeants.

 

WazeBim, éditeur de logiciels, aide notamment les artisans à mettre un premier pied dans le monde numérique par le biais de la maquette numérique. "Nous apportons des solutions innovantes autour du Bim à toutes les étapes de vie du bâtiment grâce à des outils d'intelligence artificielle, permettant par exemple de générer des maquettes numériques simplement à base de plans, sans avoir besoin d'avoir suivi des formations spécifiques sur le sujet", a expliqué Tristan Garcia, à la tête de l'entreprise.

 

Du côté de Notim, on s'est penché sur la manière de travailler des artisans. "Notre objectif est de digitaliser l'ensemble des procédures administratives du quotidien avec une réglementation toujours plus complexe", a détaillé Thomas Dzisiewicz, co-fondateur de la jeune pousse. "On a donc réalisé une application permettant de générer des devis, des factures, des bons de réception de travaux... Le tout en essayant de mettre en place les habitudes de consommation actuelles, que nous pouvons déjà avoir dans nos vies quotidiennes, mais cette fois au service des artisans."

 

"Notre génération arrive sur le terrain en comprenant qu'il y a un besoin"

 

Dans les deux cas, on assure vouloir jouer un rôle de facilitation en mettant à disposition des outils digitaux auprès des artisans. "Notre génération arrive sur le terrain en comprenant qu'il y a un besoin, on essaie ensuite de développer une solution pour y répondre", a résumé Thomas Dzisiewicz. "Innover, c'est quelque chose que les artisans font depuis la nuit des temps, mais c'est aussi et surtout un état d'esprit. Nous sommes des forces de progrès et nous voulons continuer à avancer", a embrayé David Morales, vice-président de la Capeb en charge des affaires économiques.

 

Selon lui, l'activité des artisans du bâtiment s'articule autour de trois piliers : la production, la gestion et la communication, dont les objectifs respectifs sont d'améliorer la productivité, de réduire les coûts et de trouver de nouveaux marchés. Le numérique doit ensuite parvenir à s'insérer entre ces trois piliers pour prouver sa valeur ajoutée aux entrepreneurs.

 

Trouver le temps pour ensuite en gagner

 

Après avoir testé une appli permettant de numériser les documents papiers, Yann Danion, plaquiste dans le Morbihan, a certes rencontré quelques difficultés au début, mais le résultat a ensuite été au rendez-vous. "La prise en main n'est pas évidente, il faut se dégager du temps pour cela mais après, on en gagne, du temps", a affirmé l'artisan.

 

 

D'autres ont également pu exprimer leurs attentes. "On a souvent la tête dans le guidon ; personnellement je rêve d'une appli permettant de synchroniser les documents (devis, factures...) entre les collaborateurs et d'un outil pour les chefs d'équipes donnant chaque jour des indicateurs statistiques (nombre d'heures, sacs de matériaux transportés...)", a listé Thierry Ravon, carreleur en Charente.

 

"Les 'start-ups' commencent à nous connaître, et nous, nous avons beaucoup d'idées pour elles ! C'est pourquoi il faut nous aider à développer ces outils", a lancé Jean-Christophe Repon en conclusion de l'échange.

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