INQUIÉTUDE. Les artisans du bâtiment voient s'achever une série ininterrompue de onze trimestres de croissance économique, indiquent les dernières statistiques publiées par la Capeb.

Depuis le troisième trimestre 2020, correspondant au lendemain du pic de la crise sanitaire, l'artisanat du bâtiment n'avait pas connu de baisse d'activité. C'est désormais le cas, avec une diminution de -0,5% enregistrée au deuxième trimestre 2023, chiffre avancé par la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises de bâtiment (Capeb), lors d'une conférence de presse, ce 7 septembre. Principale raison : la crise de la construction neuve, qui a fait diminuer l'activité des TPE dans ce domaine de -1,5%. La rénovation énergétique permet de limiter la casse, avec une croissance de +2%. Les projections de l'organisation patronale ne sont pas franchement optimistes, puisque se dessine une contraction de l'activité à -0,5% pour l'année 2023.

 

Les prix des matériaux ne baissent pas

 

Au-delà de la crise du neuf, les difficultés ont tendance à s'accumuler, déplore Jean-Christophe Repon, président de la Capeb. "Le prix des matériaux n'est toujours pas en baisse, la crise de l'énergie continue et le bouclier tarifaire va disparaître, le gouvernement a confirmé la sortie prochaine du GNR pour le BTP..." Les carnets de commandes ont tendance à se tarir, atterrissant à 79 jours au deuxième trimestre (101 jours une année auparavant). Un signe, toutefois, est positif : les marges semblent se reconstruire progressivement, ces derniers mois.

 

Mais qu'en sera-t-il de l'activité au second semestre ? Puis en 2024, quand le gouvernement a promis d'accélérer considérablement sur les rénovations énergétiques globales ? "L'incertitude règne", regrette Jean-Christophe Repon. La Capeb attend ainsi de la part des pouvoirs publics une "reconnaissance" et de la "bienveillance", autant de choses qui "tardent à venir", malgré les propos amènes prononcés par le président de la République sur l'artisanat du bâtiment.

 

"Notre niveau d'activité tiendra lieu de bilan du gouvernement"

 

L'organisation voit d'un très mauvais œil certains projets gouvernementaux, comme la suppression de tout soutien financier public à l'installation d'une chaudière gaz, ou du taux de TVA réduit sur les travaux de rénovation. "Cela serait contre-productif", assure Jean-Christophe Repon. Qui en appelle urgemment à la tenue de nouvelles Assises du bâtiment. "Le niveau d'activité économique que nous atteindrons pourra tenir lieu de bilan des actions du gouvernement. Si notre activité diminue, nous n'atteindrons pas les objectifs de rénovation énergétique du parc de bâtiments. Il est encore possible, avec la prise de décisions de bon sens, de nous redonner du travail !" La Capeb réitère donc, une fois de plus, ses demandes de "simplification des procédures et réglementations" et de "pérennisation du soutien à la demande des ménages et des investisseurs".

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